— Tu nous amènes où ?
Nous ne marchons pas depuis longtemps, il n'empêche que je commence à perdre patience.
La silhouette du prince se découpe de la pénombre devant moi, dans la lumière ténue de sa lampe torche. Il est si proche... pourquoi je ne peux pas avoir mes explications maintenant ?— Tu vas voir je t'ai dit ! répète-t-il en écartant une branche du passage. Fais-moi confiance, on est bientôt arrivés.
Pff, depuis quand doit-on parler de confiance ? C'est pas comme ça que ça marche.
Ma main dessine une énième fois l'embout du poignard d'entraînement que je porte à la ceinture. Je crois que je connais sa forme par cœur désormais.
Ce geste machinal me rassure. Au moins suis-je armée.
— Ça t'arrive souvent d'emmener des filles dans les bois en pleine nuit ? demandé-je en levant les yeux vers la lune cachée par les feuillages.
Je l'entends pouffer un peu en avant.
— Vas pas dire que c'est moi qui ai insisté pour que tu me suive. Tu peux toujours rentrer si tu v...
— Je ne savais pas que le parc était aussi long, le coupé-je sans l'avoir écouté.
Il rit encore, ses épaules frémissent dans le noir.
— On est bientôt arrivés j'ai dit. Un peu de patience !
Je décide donc de me taire, concentrant mon attention sur les froissements des feuilles sous nos pas. Je guette, rien ne doit me prendre par surprise.
Je suis toujours en alerte quand nous arrivons au grillage qui entoure la propriété. La lumière de la lune fait briller son maillage métallique. Et comme nous ne nous arrêtons pas, je comprends que c'est vers lui que les deux hommes me mènent.
Je crispe la main sur le pommeau de mon arme.
À quoi ça rime ?Eliam s'avance encore, et ce n'est qu'en étant suffisamment proche de lui que je me rends compte qu'il y a un trou dans la clôture.
Je m'arrête net, le détaillant avec effarement.
N'importe qui peut entrer ou sortir du Palais par là ! C'est hyper dangereux !
— Fais pas cette tête, on dirait que t'as vu un assassin, ricane Eliam en remarquant mon effroi. On n'est que deux à connaître ce passage, il n'y a rien à craindre.
— C'est pas prêt de me rassurer, marmonné-je en me tournant vers lui.
Il sourit encore, amusé. Et une bouffée de colère enfle dans ma poitrine devant cette réaction ridicule.
Va-t-il prendre quelque chose au sérieux un jour ?— Tu te rends compte du risque que tu nous fait courir avec ça ? m'indigné-je. Il faut le signaler !
— Non attends ! s'exclame le garçon en levant la main vers moi, comme pour me retenir. C'est que... fait-il en baissant le ton de sa voix. Laisse-moi juste te montrer. On verra après.
Et j'ai beau m'ordonner de ne pas me laisser avoir, son regard peiné finit par avoir raison de moi.
Oh et puis merde, j'ai envie de voir ce qu'il veut me montrer ! La curiosité me tiraille. Pas que le Palais soit désagréable, mais le quitter est alléchant. Et puis avec Eliam...
— Votre Altesse ? s'enquit Ganok en me dévisageant hostilement. Vous êtes sûr que...
Je le foudroie du regard.
Pour qui il se prend ?— T'inquiètes pas, elle ne me fera pas de mal, assure Eliam en se plaçant entre nous deux.
Le regard qu'il échange avec son domestique veut dire des choses que je ne peux pas comprendre. Ils sont complices, autant les laisser se débrouiller seuls.
VOUS LISEZ
Best's game
Novela JuvenilÇa n'aurait dû être qu'un défi avec son frère. Un nom inoffensif, un sourire faux, des couettes dressées sur sa tête... comme si Gabrielle se faisait des couettes ! Sauf que c'est son nom qui a été sélectionné. Alors elle doit y aller. Passer des...