— Alors, que penses-tu de Baraven ?
Eliam fait un large geste de la main pour désigner la ville endormie.
Les facades ouvragées qui nous surveillent sur la droite se couvrent de noir et les rues se jongent de déchets au fur et à mesure que nous avançons, nous marchons dans les quartiers pauvres désormais. Mais je dois admettre que la ville reste bien entretenue au vu du monde qu'elle abrite.
— Je suis sûr que c'est mieux qu'Hiberna !
Le regard que j'accorde à la paisible Allona se reporte tranquillement sur le garçon.
Ah ouai, ça cherche à me provoquer ?
— C'est bien là d'où tu viens ?
— Oui c'est ça, acquiescé-je en haussant les épaules. Tu es bien renseigné.
Il passe une main dans ses cheveux en souriant, ravi.
La lumière de la lune ne fait peut-être plus son effet en pleine ville, sous les lumières orange des quais, il n'empêche que le prince est franchement mignon avec son petit air victorieux.— C'est pas loin d'ici, partage-t-il. Mais je n'y suis jamais allé.
— T'as pas manqué grand chose, assuré-je en songeant à ma piteuse ville. Enfin, les quartiers des Aurores doivent être plus beau que ceux des Nuits...
Et je laisse le silence accompagner mes paroles avant de reprendre :
— Tu es allé visiter beaucoup de villes ?
— Pas mal oui, mon père préfère garder contact avec son pays. Il nous emmène souvent avec lui pour ses voyages. Je l'accompagne avec plaisir, j'aime bien les balades.
— Je vois ça...
Je souris. C'est pas comme si il se baladait dans les rues de la capitale quasiment toutes les nuits depuis son arrivée au Palais.
— Je n'ai jamais eu beaucoup d'autres distractions, se justifie-t-il. Entre les cours et les obligations, j'ai besoin de prendre un peu l'air.
Je réprime un ricanement dédaigneux, ce serait mettre de la mauvaise volonté. Après tout, pour avoir goûter le temps de trois semaines à l'ambiance du Palais, je peux imaginer la pression qu'il a constamment à supporter.
— Ça te change beaucoup, la compétition ?
— Un peu. C'est étrange de voir d'autres bouilles que celles d'Aurores traîner dans mes pattes et de ne plus entendre des "Votre Altesse" quand on m'adresse la parole. Je dois dire que c'est pas désagréable...
— Tu es un prince bizarre.
Les muscles d'Eliam se détendent, son sourire s'agrandit.
— Et toi, une participante très louche, rétorque-t-il. Je n'ai jamais vu quelqu'un lancer des poignards avec autant de précision.
— Merci du compliment ! le coupé-je avant que la conversation ne dérape.
Trop tard, il est lancé.
— J'imagine que ce n'est pas seulement dû au fait que tu sois une Nuit, songe-t-il à voix haute. Il y a des années de pratique dans tes mouvements, j'ai du mal à croire que c'est à l'usine que tu as appris tout ça.
Je fronce les sourcils, n'appréciant pas le tournant que prend la conversation.
Eliam s'arrête de marcher, je ne peux faire autre chose que de l'imiter. Mais devant le regard curieux qu'il me lance, j'aimerais prendre mes jambes à mon cou.
— Alors comment ça t'es venu ? s'enquit-il. Qu'est-ce que tu faisais réellement avant de venir au Palais ?
Je ravale ma salive, me confrontant prudemment à son regard.
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Best's game
Ficção AdolescenteÇa n'aurait dû être qu'un défi avec son frère. Un nom inoffensif, un sourire faux, des couettes dressées sur sa tête... comme si Gabrielle se faisait des couettes ! Sauf que c'est son nom qui a été sélectionné. Alors elle doit y aller. Passer des...