2.

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Wesley

Je roule jusqu'à ma maison, qui se trouve à cinq minutes du campus. Aujourd'hui, les tuyaux de la douche ont lâché, transformant mon matin agréable en une aventure déplaisante. J'ai dû me résoudre à utiliser les douches communes de l'université. L'eau froide m'a rapidement rappelé que le confort n'était pas toujours au rendez-vous, mais bon, c'était mieux que rien.

Deux motos sont garées devant chez moi, juste comme d'habitude. Les motos sont la marque de fabrique de mes meilleurs amis depuis toujours, Devon et Aden. Je m'attends déjà à la remarque sarcastique de Devon sur ma douche matinale.

Quand j'entre, je les trouve tous les deux affalés sur le canapé, engagés dans un match de football à la télévision. L'ambiance est détendue, familière, comme depuis toutes ces années.

— Les gars, je suis là, dis-je en refermant la porte d'entrée.

— Ouais, on t'a entendu. Alors, la douche était bonne ? me demande Aden.

— Elle était plus que bonne. J'ai même fait une rencontre.

— Je ne savais pas que tu te lançais dans le camp de Jules Verne, mon coquin, plaisante Devon.

Je lui donne une tape derrière la tête et m'effondre sur le canapé.

— Crétin, je parle d'une fille.

— Donc ? Vous avez couché ensemble ? me demande-t-il.

— Ma parole, tu es vraiment un obsédé, lui dis-je en riant. Elle s'est trompée d'horaire, alors j'ai proposé de surveiller l'entrée pour qu'aucun gars n'entre.

Ils me fixent tous les deux comme si j'avais annoncé que je devenais président.

— Toi ? Laisse-moi rire. Elle devait être sacrément bonne pour que tu proposes ça.

Je souris en repensant à son corps moulé dans cette serviette.

— À en juger par ton sourire, je parie sur un six, déclare Devon.

Je grimace sans m'en rendre compte.

— Je ne vais pas la noter. D'ailleurs, elle m'a dit que je n'étais pas son genre.

— Wesley Scott, rejeté ! C'est du jamais vu, plaisante Aden.

— Et si elle devait avoir une note ? demande Devon.

— Un sept ? suggère Aden.

Je me gratte l'arrière de la tête.

— Les gars, elle vaut un dix sans aucun doute.

— Quoi ? Un dix ?! s'exclament-ils en même temps.

Quand nous avions quinze ans, nous avions inventé « l'échelle de performance », une échelle de notation de un à dix pour les filles avec qui nous couchions. De 1 à 3, c'était une aventure d'un soir. De 4 à 6, elles méritaient un petit-déjeuner le lendemain. De 7 à 8, elles avaient droit à notre numéro de téléphone. Et le 10, c'était pour celles qui étaient inoubliables. Je sais, c'était cruel, mais à l'époque, nous étions de vrais imbéciles. Et apparemment, rien n'a changé.

— Tu l'as vue une seule fois et tu lui donnes un dix ! s'exclame Aden.

— Je ne peux pas l'expliquer, d'accord ? Il y a quelque chose en elle qui m'attire, et ses yeux... Elle prétend ne pas porter de lentilles de couleur, mais je sais qu'elle ment.

— C'est probablement parce qu'elle t'a rejeté et que tu n'as pas l'habitude, c'est tout, me dit Aden.

— Si tu le dis... soupiré-je.

— Donc, si je comprends bien, tu es devenu le gardien des douches pour une inconnue en détresse ? demande Aden, les sourcils levés.

— On dirait bien, répondis-je en haussant les épaules.

Devon éclate de rire, ses yeux pétillants d'amusement.

— Wes, tu es définitivement unique en ton genre, mon pote.

Je me joins à leur rire.

— Et donc, comment s'est passée cette interaction héroïque ? me demande Aden, le sourire taquin.

— Eh bien, je lui ai expliqué la situation. Elle s'est présentée. Elle s'appelle Aria, et il y avait quelque chose chez elle qui m'a... intrigué.

— Intrigué comment ? demande Devon, curieux.

— Je ne sais pas trop comment l'expliquer, mais c'était comme si nous nous étions déjà rencontrés auparavant, comme si je la connaissais déjà d'une certaine manière.

Devon et Aden échangent un regard complice.

— C'est la fameuse connexion instantanée, mon ami, déclare Aden avec un ton théâtrale. Tu sais, ce genre de truc qui se produit dans les romans à l'eau de rose.

— Ne commencez pas à inventer des scénarios romantiques, les gars, plaisanté-je en secouant la tête.

— Oh, mais pourquoi pas ? Après tout, c'est une belle histoire, intervient Devon.

Je lève les yeux au ciel.

— Il y a une fête chez Harris demain soir, vous êtes partants ? propose-t-il.

— Toujours partant pour une fête, mon pote, répond Devon en riant.

— Oui, pourquoi pas, réponds-je à mon tour.

— Et avec plus de trois mille étudiants, il serait miraculeux que tu la recroises.

— Oh, je compte bien forcer un peu le destin.

— Tout ce que je peux te dire, c'est de laisser tomber. Il y a des tonnes d'autres filles sur terre, dit Aden.

— Écoute, je ne prévois pas de m'engager sérieusement avec elle, juste de voir si, mon lit et elle sont compatibles, dis-je en riant.

Ils éclatent de rire et retournent à leur match. Je me dirige vers la cuisine pour prendre une bière lorsque je reçois un message de mon père. C'est étrange, il ne m'envoie presque jamais de messages.

Passe à la maison.

Court, net et précis. C'est vrai qu'avec mon père, nous nous entendons plutôt bien. Ce n'est pas comme dans ces films stupides où le père et le fils se détestent. Même si nous n'avons pas de grandes conversations et que nous ne nous voyons pas souvent, j'aime mon père, du moins la plupart du temps. Je retourne dans le salon.

— Je dois partir, mon père m'a envoyé un message.

— Un message ? Ça ne sent pas bon pour toi, plaisante Devon.

— Occupe-toi de lui, Aden.

Aden lance un regard complice à Devon avant de lui administrer un petit coup derrière la tête. Un cri douloureux s'échappe des lèvres de Devon, suivi d'un rire moqueur, avant de claquer la porte derrière moi.

The (Im)Perfect PactOù les histoires vivent. Découvrez maintenant