6.

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Wesley

— Qu'est-ce qui t'a pris ! Ça ne va pas, tu es complètement malade ! me hurle-t-elle au visage.

— Je ne pensais pas que tu cognais aussi fort, rétorquais-je.

— Pourquoi, parce que je suis une fille ?!

— Je n'ai pas dit ça.

— Oui, mais tu l'as pensé, dit-elle. Et pour ta gouverne, j'ai regardé des vidéos d'autodéfense, et je suis heureuse de constater que ça fonctionne.

— C'est bon à savoir, par ta faute, j'ai failli ne pas avoir d'enfant.

— Oh, mais on aurait adopté, puisque je crois que je serais bientôt ta femme, dit-elle en insistant sur le dernier mot. C'est bien ce que tu as dit à mes amies.

— C'était juste une blague, ma Sainte-Rose.

— Arrête de m'appeler comme ça, mon prénom c'est Aria, dit-elle en croisant ses bras.

— Est-ce que tout le monde t'appelle comme ça ?

Elle me regarde comme si j'avais posé une question bête.

— Oui ! Absolument tout le monde, tu es le seul à m'appeler Sainte-Rose.

— Dommage pour toi, car je ne suis pas tout le monde, alors je continuerai.

Elle s'apprêtait à répliquer, mais je lui dis de faire silence. Je crois qu'une porte vient de claquer.

— Il est quelle heure, ma Sainte-Rose ?

— Aria... dix-huit heures quarante-cinq, pourquoi ?

— Merde, c'est la fermeture de la bibliothèque.

Je lui attrape la main, et on commence à courir vers la porte principale. Elle est verrouillée, je l'entraîne vers l'autre porte, mais elle est aussi verrouillée.

— Oh mon Dieu ! Nous sommes coincés ! crie-t-elle en lâchant ma main.

— La bonne nouvelle, c'est que demain c'est samedi, donc tu ne rates aucun cours.

Elle me lance un regard noir.

— En quoi est-ce une bonne nouvelle ? Tout ça, c'est ta faute !

— Pardon ? Et en quoi est-ce de ma faute ?

— Si tu n'étais pas venu ici... et puis d'ailleurs, qu'est-ce que tu fais ici ?

— Je suis venu chercher un livre, répondais-je avec un petit sourire.

Elle éclate de rire, mais s'arrête quand elle voit que je suis sérieux.

— Tu es vraiment venu chercher un livre ? me demande-t-elle suspicieuse.

— Pourquoi, parce que je suis un mec ? répliquais-je en reprenant ces mots de tout à l'heure.

Elle lève les yeux au ciel et esquisse un sourire, ce que je ne lui dis pas, c'est qu'un gardien vient faire sa ronde du soir, mais pendant ce laps de temps, je vais essayer tant bien que mal de faire connaissance avec elle.

— Il faut qu'on appelle quelqu'un, me dit-elle en me tendant son téléphone. Je n'ai le numéro de personne d'ici.

— Le truc, c'est que je ne connais aucun numéro par cœur.

— Grrr... ce n'est pas vrai ! Alors prends ton téléphone.

— Je ne l'ai pas sur moi.

— Tu te fiches de moi ?!

— Vu qu'on va rester coincés un bon moment, je te propose de faire connaissance.

— Et qui te dit que j'ai envie de faire « connaissance » avec toi.

— Arrête, je sais que tu en meurs d'envie.

Elle lève les yeux au ciel, en fait, elle le fait tout le temps, peut-être que c'est un tic. Avant qu'elle ne change d'avis, je me lance.

— Donc tu viens de Martinique, chouette île.

Chouette île ? Bon sang, Wes, c'est tout ce que tu trouves à dire.

— Ouais, elle est superbe, la plage de l'Anse Mitan, c'est clairement ma plage préférée, me dit-elle avec un petit sourire.

— Impossible ! Alors les miracles existent ! m'exclamais-je avec enthousiasme.

— De quoi tu parles ?

— Tu viens de me sourire, à moi ?! Je n'arrive pas à y croire.

Elle me tire la langue, avant de recommencer, même son sourire est magnifique. Qu'est-ce que... d'où ça vient ça. Je chasse cette pensée de ma tête et me concentre sur elle.

— Alors, pourquoi la Louisiane ? Demandais-je.

Elle met quelques secondes avant de répondre :

— Ma mère y est née, dit-elle avec une mine triste. Mon père et elle se sont rencontrés ici, elle est morte quelques mois après ma naissance.

— Désolé, dis-je simplement.

— Je ne l'ai pas connue, mais mon père me répète tout le temps que j'ai ses yeux.

Elle sourit, c'est déjà ça.

— Donc, tu vis avec ton père ?

Et ses frères.

— Exact, et mes quatre frères.

— Et toi ? me demande-t-elle en levant les yeux vers moi. Tu as des frères et sœurs ?

— Devon, Aden et... ce sont mes frères.

— Et ? Qui est l'autre personne ?

— Personne... vivre avec cinq hommes, j'imagine que ce n'est pas facile tous les jours.

— Si tu savais ! Le nombre de choses qu'ils m'ont interdit de faire ou de porter.

On éclate de rire.

— Il y a quelqu'un ? retentit une voix inconnue.

Mince, le gardien... c'est la fin, il avance vers nous, lampe torche allumée.

— Oh mon dieu, merci, nous étions coincés, s'exclame-t-elle joyeuse.

J'imagine qu'elle doit se sentir heureuse de ne pas passer la nuit avec moi.

— Il faut être plus prudent lors des fermetures, nous dit-il.

— Promis, merci encore.

La nuit est fraîche, mais le ciel est clair et étoilé. Nos pas résonnent sur le chemin, et je sens une certaine tension dans l'air, comme si elle voulait dire quelque chose mais hésitait.

— C'était... sympa, lance-t-elle. Enfin, sauf la partie où on est resté coincés.

— Je confirme.

— Bon, alors bonne nuit Wesley.

— Appelle-moi Wes, bonne nuit ma Sainte-Rose.

Elle lève les yeux au ciel, mais cette fois-ci, c'est plus amusé qu'agacé.

— Tu n'abandonnes vraiment pas, n'est-ce pas ?

— Non, c'est une habitude chez moi. Et puis, je trouve que ça te va bien.

Elle secoue la tête avec un léger rire. Elle s'éloigne, tandis que je fais pareil de mon côté. Je crois que j'ai bien avancé. Je décide de rentrer à pied, marchant dans la nuit paisible, les étoiles éclairant le chemin. La conversation avec Aria résonne dans ma tête, son sourire, sa spontanéité, tout ça m'a frappé plus que je ne l'aurais imaginé.

The (Im)Perfect PactOù les histoires vivent. Découvrez maintenant