Chapitre 1: Retour à Sabaody

9.3K 315 113
                                    


MYRA

Le soleil brille sur l'archipel de Sabaody. Depuis le retour du chapeau de paille quelques semaines plus tôt, le nouveau monde semble en effervescence. La pause qui a, durant deux longues années, touché l'ère des pirates, est désormais terminée. On peut voir aux quatre coins du monde, les agissements de plus en plus concrets des équipages pirates en quête de richesses et de renommée - chose qui ne semble pas manquer au chapeau de paille.

Monkey D. Luffy - son nom fait les gros titres de chaque journaux depuis son arrivée sur l'île des hommes poissons. Cela fait plusieurs jours que je traîne ici, et ce n'est pas pour me déplaire. La bouffe est délicieuse, et l'alcool, n'en parlons pas.

Je vois à travers la fenêtre de l'auberge, les habitants des environs traîner dans les allées du marché. Cet endroit est vivant, qu'importe ce qu'on y fait, et j'aime ça. Je me sens vivifiée, prête à concourir pour un marathon s'il le fallait. Mais j'imagine que l'île et son ambiance n'y sont pour rien.

Je me détourne de la fenêtre, et mes yeux se posent sur ce type encore allongé dans le lit. Il a l'air endormi, apaisé. L'aurais-je épargné ? Ses yeux injectés de sang et sa bouche baveuse semblent indiquer le contraire. Il le méritait. J'ai vu dans son regard ce qu'il avait l'intention de faire à cette gamine sans défenses. Sale porc. C'est bien mieux ainsi. Et puis, il se débrouillait pas si mal au pieux.

Soudain, des coups saccadés retentissent de derrière la porte de chambre.

-Service de nettoyage ! dit une voix vieillarde.

Bordel. Qu'est ce que je fous encore à poil ?

-N'entrez pas! je réponds d'une voix nasillarde. Je suis toute nue... Repassez dans une heure !

J'entends jurer de l'autre côté du mur, mais la vieille ne semble pas insister plus que ça. Si c'est celle qui était présente à l'accueil hier soir, elle sait bien que je ne suis pas seule. Et elle nous a sans doute entendus cette nuit. Elle comprendra qu'un couple si mignon a besoin de temps pour se cajoler le matin, surtout après de tels ébats.

"Se cajoler". C'est pas le mot que j'aurais choisi pour décrire ce que je m'apprête à faire subir à ce type. J'y peux rien après tout, il faut bien que quelqu'un fasse le sale boulot.

Je me redresse de la petite table contre laquelle je suis adossée et cherche mes vêtements. Ils sont éparpillés aux quatre coins de la pièce. Comment c'est possible de perdre autant de bouts de tissu dans un si petit espace ? Après m'être vêtue, je regarde à nouveau ce type. Il est beau, malgré la tronche qu'il tire. Il est mort, Myra. Bien sûr qu'il va pas être magnifique après ce que tu lui as fait. Enfin, il aura au moins eu une mort heureuse.

Je rigole à cette pensée. C'est vrai après tout, c'est pas donné à tout le monde de crever en baisant.

Assez déconné, il est largement temps de le dégager d'ici. Je m'approche de lui, souffle un coup, et d'un geste ferme, lui saisit le bras pour l'extirper du lit. La baignoire de la salle de bains devrait suffire à éviter la crise cardiaque de la femme de ménage quand elle rentrera ici. Je le tire de toutes mes forces, mais il est lourd, bien plus que ce que je n'imaginais. Bordel, et en plus il laisse traîner du sang derrière lui. Sérieux ?

Pas le temps pour le nettoyage. Dans un dernier effort me valant un cri étouffé ridicule, je le pousse dans la baignoire de la pièce d'à côté, et referme le rideau, jetant un dernier regard à sa tête déformée par ce sourire niais. Abruti va. C'est alors que je me fais face. Foutu miroir. Ce qu'il me montre est loin d'être plaisant. Mes yeux sont cernés à n'en plus finir et mes cheveux complètement en bataille. J'ai l'air en meilleure forme que la veille, c'est déjà ça.

Après avoir rassemblé ses affaires en dessous du lit -sans oublier de récupérer sa bourse pleine ainsi que sa chemise extrêmement douce- je me faufile dans le couloir menant à la sortie de l'auberge. Mieux vaut éviter que la vieille ne me voie, j'ai déjà bien assez d'emmerdes comme ça.

Le soleil luit sur ma peau. Un peu trop même. Je sens des gouttes de sueur perler le long de mon dos. J'aurais sans doute dû prendre un bain avant de foutre l'autre type dedans. Quoi qu'il en soit, je n'ai pas le temps de regretter quoi que ce soit. Bientôt, la vieille de l'auberge découvrira le corps, les autorités seront alertées, et la ville sera passée au peigne fin.

Je dois me tirer d'ici. Et pour ça, je dois le trouver.

Je sors un bout de journal déchiré de ma poche arrière et le déplie. Le titre arbore sa nouvelle prime. Il est loin d'avoir perdu son temps à ce que je vois. 470 millions de berrys. Je sais qu'il est là, je l'ai vu près du port. Et son équipage est mon ticket direct pour quitter cet endroit.

J'accélère le pas. Et s'il était déjà parti ? Non Myra, ce n'est pas son style d'écourter un séjour dans un tel endroit. Le connaissant, il doit encore être en train de se remettre de sa cuite de la veille.

Le port est immense, regorgeant de bateaux en tous genres, à croire que les pirates sont aussi bien accueillis que les marchands ici. Mon souffle se fait court, et le soleil n'arrange rien. Il fait une chaleur insupportable aujourd'hui. Je manque plusieurs fois de trébucher sur les pavés du passage menant aux docks. C'est alors que je le vois, son pavillon. Ca ne peut être que lui. . Le bateau est immense, bien plus que ce que je m'imaginais. Il faut croire qu'il a fini par réussir ce qu'il avait entrepris il y a douze ans.

Mais les voiles du navire sont déjà déployées. Il sont prêts au départ. Fais chier. Je ne peux pas les manquer, qui sait combien de temps je serais encore bloquée ici ? J'ai déjà eu assez d'ennuis sur cette île, hors de question que j'y reste une minute de plus. Alors je cours, aussi vite que mes jambes me le permettent. La corde de montée du bateau dépasse encore largement. Je peux l'avoir. Dans un dernier élan de vitesse, je bondis hors du quai et m'agrippe à la corde. Le choc de mon corps contre la coque me coupe le souffle. Je dois tenir. Malgré mes mains brûlées par la corde, je pousse sur mes jambes enroulées autour et me hisse plus haut, jusqu'à atteindre le rebord. Moi qui pensais faire une entrée fracassante, c'est réussi.

Une fois sur le pont, je me rends compte que personne ne s'y trouve. Comment c'est possible? Ils viennent de partir, et aucun n'est à son poste ?

Alors que je me décide à explorer les environs, je sens un violent coup dans mon dos, ainsi qu'une lame se glissant le long de mon coup. Le choc me fait trébucher, et je retombe sur les genoux. L'homme à la lame se trouve toujours derrière moi, prêt à m'égorger en cas de riposte. Sérieusement ? Quelle mort naze.

Des dizaines de types se sont déjà regroupés autour de moi, sûrement en train de s'extasier devant la seule nana qu'ils aient pu voir sur leur bateau depuis un bout de temps.

-Matte moi c'te minette ! dis le premier avec un rire répugnant.

-La bute pas tout de suite Killer, ce serait dommage de pas en profiter..., dit un autre.

C'est alors qu'une énorme silhouette surgit, faisant s'écarter tous les hommes sur son passage. Je n'ai pas besoin de lever les yeux pour le reconnaître.

-Qui c'est cette minable ? crache-t-il en me forçant à me relever.

Aussitôt, la lame se retire de mon cou, et je vois son visage se déformer par la surprise. J'esquisse un sourire, il a vraiment l'air d'un abruti avec cet air ahuri.

-Bah alors Kidd, dis-je un sourire en coin, c'est comme ça qu'on accueille sa petite soeur ?

Chasseuse de primes (Law x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant