Chasseuse de primes (Law x OC)

Chapitre 20 : Sauvetage ultime

MYRA

    Plongés dans le lourd silence du palais royal, Doflamingo se tient devant moi, son fameux sourire provocateur toujours sur les lèvres. Il me dépasse d'au moins un mètre, et ne manque pas d'en profiter pour tenter de m'intimider. Mais la Myra d'il y a dix ans n'a pas un seul instant eu peur de lui, et la Myra d'aujourd'hui non plus.

    Il me fixe, ses yeux surmontant ses lunettes à verres violets, comme s'il détaillait chaque parcelle de mon corps qu'il n'a plus vu depuis de longues années. Comme si, au final, il se ré-habituait à ma vue.

    Et, tout à coup, brisant le silence pesant qui s'était emparé de la pièce, son rire se répand comme une traînée de poudre tout autour de moi.

    -Si je m'attendais à ça..., esquisse-t-il dans un sourire machiavélique. Ça fait combien de temps...dix ans ?

    Je ne dis rien. Je ne compte pas gaspiller ma salive en répartie à ses petites jérémiades insupportables.

    -Bien joué petite cachottière ! continue-t-il tout en s'accroupissant en face de moi. Après ta fuite, j'ai bien fini par croire que tu étais morte... Et puis, tu es réapparue. Myra, la chasseuse de primes ! La vie de pirate ne t'a pas manqué ?

    -Je n'ai jamais été une pirate, réponds-je enfin dans le plus grand calme. Tu t'obstinais simplement à le croire.

    Doflamingo pouffe de rire, se redressant pour placer son immense main dans mon dos, m'incitant à le suivre vers les portes vitrées menant dehors. Ce contact me fait frissonner, sentiment que je garde pour moi. Il est hors de question que ce malade pense qu'il me fait quelconque effet.

    -Regarde-toi, reprend-il, me lançant un regard entendu. Toutes ces balafres, ces armes... Je pensais que tu deviendrais plus...belle, après avoir vécu à mes côtés.

    -Tu pensais mal à priori, je rétorque d'un ton cinglant.

    -Sans doute !

    A ces mots, son rire devient de plus en plus fort, presque superficiel. Et tandis que nous passons les portes, direction l'immense terrasse surélevée en plein air, il reprend d'un air plus assuré:

    -Je te demanderais bien ce que tu es venue faire ici, mais ce serait stupide, puisque...

    -Puisque tu sais très bien ce que je fais là, le coupé-je tout en m'appuyant sur la rambarde en pierre, le soleil luisant au-dessus de nous.

    -Exact ! renchérit-il toujours plus enjoué. Et je suis ravi de voir que ma fille n'a pas perdu son caractère borné ! C'est un véritable atout dans la Famille Don Quichotte.

    L'assimilation de ma personne en tant que fille de Doflamingo me donne la nausée. Pendant des années, il a fait croire à tout le monde que, étant celle qu'il avait recueillie et protégée, j'étais devenue sa fille adoptive. Mais il n'en était rien. Je n'ai jamais été recueillie, j'ai été enlevée. Je n'ai jamais été protégée, j'ai été torturée. Et je n'ai jamais été sa fille, j'étais sa victime.

    -Au risque de te décevoir, je renchéris mon regard soutenant le sien, je ne suis pas ta fille, et je ne l'ai jamais été. Ce n'est pas parce que tu façonnes quelqu'un à l'image de ton idéal que tu peux prétendre quelconque lien avec.

    -Ne sois pas de mauvaise foi voyons..., soupire-t-il en s'appuyant lui aussi conte la rambarde, à un mètre de moi. Je t'ai créée Myra, je suis le père qui t'a donné la puissance, le pouvoir, la gloire.

    -Je t'en prie, fais-je sans pouvoir retenir un rire nerveux. Arrête ton cinéma. Tu ne m'as rien donné. J'étais juste un pion supplémentaire à manipuler à ta guise. La seule chose qui me différenciait des autres, c'est que j'étais LE pion idéal, le premier présentant de telles capacités grâce à tes expériences de détraqué. Alors ravale tes bobards, tu veux ?