MYRA
Me voilà visiblement dans une situation rêvée: complètement crasseuse, affalée au sol, les blessures ouvertes et venant vraisemblablement de faire quelque chose de déconseillé à une personne dans mon état. Je le vois déjà, le chirurgien à l'œil expert, me sermonner sur ma conduite de mauvaise patiente...
-Je peux savoir ce que tu fais ? me lance-t-il alors qu'il vient s'accroupir en face de moi.
Bingo.
A mesure qu'il avance dans ma direction, je pourrais jurer apercevoir un sourire se former sur son visage, presque sadique. Evidemment, il est quasi-entièrement soigné, et je suis là, à galérer pour sortir d'un foutu lit. La question ne se pose même pas; Law a toutes les cartes en main pour rire de moi.
-Ça se voit pas ? réponds-je sarcastiquement. Je suis en pleine séance de kung-fu.
Son sourire s'écarte davantage, comme amusé de la situation. Mais il s'efface vite lorsque ses yeux se posent sur mes blessures sanguinolentes, à peine dissipées sous mes bandages et les lambeaux de mon jean.
-Bon, fini de jouer, fait Law tout en me saisissant dans ses bras, l'un sous mes genoux, l'autre dans mon dos. On doit nettoyer tout ça.
Son geste a le don de m'arracher une plainte sous la douleur, mais mon état m'empêche de riposter. Me tenant d'une poigne ferme, il me dirige rapidement vers la salle de bains privative accolée à ma chambre, me déposant finalement sur le rebord de la baignoire. La pièce est sombre, mais à la fois assez lumineuse pour que je puisse apercevoir Law. Mes jambes tremblent, saccadées par le mal, et seuls mes yeux semblent encore être libres de leurs mouvements. Ils s'attardent sur les gestes du chirurgien, précis, concentré sur mes blessures, agenouillé face à moi. Doucement, ses mains parcourent les bandages de mes cuisses, les retirant petit à petit pour dévoiler l'étendue de mes plaies. Et ce n'est pas joli à voir. La saleté se mêle au sang séché, et à celui encore frais qui continue de s'écouler malgré les points de suture. Et, alors que je commence à peine à m'habituer à l'air contre ma chair à vif, je sens tout à coup les mains de Law agripper ma ceinture, et m'empresse de le stopper.
-Oooh ! m'exclamé-je, ma main bloquant la sienne. Qu'est-ce que tu crois faire, ma jolie ?
J'insiste sur les derniers mots, lui rappelant avec évidence l'épisode de la forêt des Tontatta. Mais, malgré mes attentes à ce qu'il montre de la gêne, sa réaction est toute autre. Il sourit, l'air bien plus apaisé que toutes les autres fois où il m'a soignée auparavant, et l'ambiance n'en est que plus détendue.
-T'es visiblement incapable de te laver seule, me dit-il sans lâcher son sourire. Il faut bien que quelqu'un s'en occupe.
A ces mots, un vague de chaleur s'empare de mon être, et je sens le rouge grimper en flèche vers mon visage. Mais Law, lui, n'y voit visiblement aucun inconvénient, puisqu'il déboucle ma ceinture, sous mon œil hagard, et me lance finalement un regard, comme pour avoir l'accord d'enlever le pantalon en lambeaux le séparant de mes blessures. Malgré l'agitation en moi, je n'ai d'autre choix que de coopérer. C'est vrai que des blessures sales risquent de s'infecter, et une complication de ce type est la dernière chose que je désire en ce moment.
Alors, ne pouvant m'empêcher de lui renvoyer un sourire entendu, je hisse de mon mieux mes jambes, afin de lui faciliter la tâche. Law retire le tissu de ma peau aussi aisément qu'il l'a fait avec les bandages, dévoilant mes jambes nues et mutilées. Pour la première fois depuis les combats, je découvre l'ampleur des dégâts subis, et je comprends alors la provenance de cette douleur, si forte et paralysante. De nombreuses coupures parsèment ma peau, entourant les deux énormes trous laissés par les flèches, sur le côté ainsi que le dessus de ma cuisse droite. Il est vrai que le travail de la servante n'est que de fortune, mais il m'a sans doute sauvé la vie, et je lui dois bien ça.
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Chasseuse de primes (Law x OC)
Fanfiction"Dix ans. Dix années que j'essaie de le retrouver. Celui qui m'a volé ma liberté, mon innocence, mon humanité. Doflamingo... Je suis un monstre désormais. Mais si être un monstre me permet de le tuer, alors j'accepte d'être ce qu'il a fait de moi" ...