LAW
Les oiseaux chantent sur Dressrosa, comme si, quelque part, toute l'horreur en train de se dérouler n'avait pas vraiment lieu. Je garde les yeux fermés, espérant inconsciemment d'être encore sur mon île natale, là où les oiseaux chantaient tout autant. Sans problèmes, ni menaces. La vie était si simple, si paisible.
Mais elle ne l'est plus. Et je dois l'accepter, nous devons l'accepter. L'avidité de pouvoir et la soif de richesse de la race humaine a rendu les Hommes prêts à n'importe quoi pour prendre le dessus sur tout autre dans ce monde. Et, qu'on le veuille ou non, le chant des oiseaux n'est désormais plus qu'un leurre, auquel je me refuse de croire.
L'auberge est encore silencieuse. J'ignore quelle heure il peut bien être. La nuit fut longue et reposante, et je dois dire que c'était la première de ce type à laquelle j'ai eu droit depuis longtemps.
Après le départ de Myra hier soir, j'ai cogité pendant de longues heures, sa remarque à propos de Doflamingo ne pouvant plus quitter mon esprit. Et, alors que je pensais ne plus pouvoir m'endormir, il semblerait que je sois indéniablement tombé de fatigue au milieu des soins que je m'attribuais.
Lorsque je me redresse hors du lit grinçant, je m'aperçois que je suis encore torse-nu, mes bandages étant les seuls parcelles de tissu recouvrant la peau du haut de mon corps. Il fait horriblement chaud, et je tuerais pour une douche glacée. Mais le temps nous est compté, et j'imagine que le calme de l'auberge n'est qu'éphémère: lorsque le chapeau de paille et son équipe seront levés, nul doute que leur énergie traversera les murs.
-HEY ZORO DEBOUT !
Qu'est-ce que je disais. Les pas de Luffy parcourent tous les étages, brutalisant le parquet et réveillant au passage tous les autres occupants de l'auberge -bien que nous ne soyons que les seuls pour cette nuit, l'aubergiste étant, d'après Rebecca, une connaissance ayant accepté de nous cacher pour la nuit.
Mes blessures me font encore mal, en particulier celle dans mon dos. Mais le travail méticuleux de Myra a comme limité les dégâts, et les bandages semblent parfaitement tenir. Qui aurait cru qu'une fille comme elle puisse s'en sortir en médecine ?
Je me lève et, ignorant le vacarme du rez-de-chaussée, enfile ma veste noire de la veille. Nous n'avons pas d'autres vêtements de rechange, et remettre mon t-shirt complètement déchiré ne ferait que rendre ma dégaine ridicule. Il faut croire que je fais devoir faire abstraction de ma pudeur pour les jours à venir.
Du boucan résonne toujours dans l'auberge, mêlant des rires à des voix énervées, telles que celle de Zoro, sans aucun doute. Alors, saisissant mon sabre, je me décide enfin à rejoindre les autres qui semblent déjà tous réveillés. Le départ ne doit plus tarder, et autant limiter les risques que les sbires de Doflamingo nous retrouvent ici.
En bas, tout le monde est installé autour d'une table en bois, partageant le peu de fruits et de pain disponibles en guise de déjeuner. Tous, exceptés Kinémon et Luffy, sont silencieux, comme songeurs, et je ne peux que comprendre leur ressenti. Ce qui nous attend risque d'être des plus difficiles, et rien ne peut réellement nous y préparer. Pour autant, je me garde de leur montrer quelconque sympathie. Ils n'ont pas besoin de quelqu'un pour leur remonter le moral, notre alliance ne se résume qu'à un simple échange de bons procédés et de forces, pas à la formation d'une amitié ou de je ne sais quoi d'autre.
Déposant mon katana contre le mur, je m'assieds à côté de Robin, juste en face de Luffy, qui ne cesse de parler tout en dévorant la nourriture à sa portée.
-Tiens, salut Trifouilli ! me lance-t-il enjoué.
Je ne suis pas d'humeur à lui répondre, et me contente de hocher la tête en guise de courtoisie. Et, alors que je saisis une pomme dans la corbeille au centre de la table, je remarque qu'une personne manque.
-Dis le toubib ? me lance tout à coup le sabreur d'un ton détaché. Où elle est passée ta pote ?
Oui, justement, Myra n'est pas là, seule sa cape réside sur le bord d'une chaise bancale, près de l'entrée. J'ai passé assez de temps en sa compagnie pour savoir que son sommeil ne peut être aussi lourd, et qu'elle ne laisserait jamais ses affaires traîner dans un endroit inconnu, d'autant plus lorsque ces dernières ne se résument qu'à une cape, et non pas à ses armes.
-Ah ouais ! renchérit Luffy. Elle est partie avant que le soleil se lève, elle m'a dit qu'elle allait se rafraîchir à la rivière !
-Et tu l'as crue ?! m'exclamé-je en bondissant de mon siège.
-Bah ouais. Pourquoi ?
Et à ce moment, tout s'illumine en moi. Son arrivée, son petit manège avec le chapeau de paille, ses questions à propos de Doflamingo, notre discussion... Bordel. Elle m'a piégé, et comme un abruti, je me suis laissé avoir.
-Law, me dit Robin, inquiète. Quelque chose ne va pas ?
Empli d'une rage incontrôlable, je ne peux m'empêcher d'enfoncer mon poing contre la table, faisant trembler toute la vaisselle disposée à sa surface.
-Elle n'avait jamais prévu de nous aider, dis-je tout en tentant de garder mon calme. Tout ce qu'elle voulait, c'était savoir où se trouve Doflamingo.
-Quoi ? s'exclame Kinémon, un air d'incompréhension dans le regard.
-Cette fille fait équipe toute seule, et elle a utilisé nos informations à son avantage.
Luffy se lève, étirant ses bras, et lâchant une moue dubitative. Une folle envie de le secouer s'empare de moi, j'ai l'impression qu'il ne comprend rien à la situation, et ça me rend dingue.
-Et alors ? dit-il, un sourire lui apparaissant sur les lèvres. C'est pas grave, de toute façon, elle voulait le buter comme nous, non ?
-C'est vrai, confirme Zoro. Ça change rien à nos plans. Et tant qu'elle ne nous fait pas de tort, je vois pas où est le problème.
J'ai l'impression de prendre la situation bien trop à cœur, mon sang bouillonne et je suis incapable de le contrôler.
-Le problème, fais-je tout en saisissant mon sabre, c'est qu'elle vient de se jeter tout droit dans la gueule du loup. Et si Doflamingo la trouve, il la tuera, comme il nous tuera tous.
Je ne sais pas si je dois la détester ou crever de peur, mais je ne peux m'empêcher de ressentir une boule se formant dans mon estomac. C'est définitif, si ce n'est pas cet enfoiré de Joker qui la tue, ce sera moi qui m'en chargerai. Il est hors de question qu'elle se livre à lui aussi facilement. Il est hors de question qu'elle le tue. C'est à moi que revient cette responsabilité. Et même si elle évitait ses sbires et parvenait jusqu'à lui, elle ne serait pas à la hauteur, j'en suis persuadé.
-On part, lancé-je à tout le groupe, me dirigeant vers la sortie. Tout de suite.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
MYRA
J'y suis. Le palais royal de Dressrosa. Si ce que m'ont dit les autres est juste, c'est là que se trouve Doflamingo.
Il est immense, et se dresse devant moi tel un monument inaccessible, presque divin. Mais je n'ai pas passé trois heures à arpenter les forêts et les collines de ce pays pour baisser les bras maintenant. Pas alors que je suis si près du but.
Prenant une grande inspiration, je sors de derrière l'arbre où j'étais dissimulée, et m'avance vers l'immense portail en fer forgé près duquel se tiennent certains de ses sbires. Je n'aurais pas à les affronter, et ils le savent. Je suis bien trop précieuse aux yeux de leur maître pour qu'ils me fassent quoi que ce soit. Alors, m'apercevant au loin, leurs mines se décomposent, comme à la vue d'un fantôme, et, presque par automatisme mécanique, ils se mettent à dégager le passage, m'ouvrant les portes du portail.
Je marche, les yeux rivés devant moi, pénétrant dans l'enceinte de ce qui semble être l'objet de ma sentence. Et alors que le portail se referme derrière, j'entends les gardes s'affoler dans mon dos, s'adressant avec panique à un escargophone:
-Maître, elle est là ! Votre fille est revenue !
![](https://img.wattpad.com/cover/222682754-288-k648946.jpg)
VOUS LISEZ
Chasseuse de primes (Law x OC)
Fanfiction"Dix ans. Dix années que j'essaie de le retrouver. Celui qui m'a volé ma liberté, mon innocence, mon humanité. Doflamingo... Je suis un monstre désormais. Mais si être un monstre me permet de le tuer, alors j'accepte d'être ce qu'il a fait de moi" ...