Je cours dans les rues tortueuses de la ville. Mon cœur, dont je surveille le rythme, bat régulièrement dans ma poitrine. Mes chaussures martèlent les pavés, produisant de petits claquements secs. Les rues à cette heure-ci sont peu peuplées et les gens se retournent sur mon passage, intrigués par ma course effrénée. Je fais bien attention à ne percuter personne, zigzaguant entre les différents obstacles.
Mes poursuivants sont de plus en plus loin, mais je les entends encore. Je continue ma course, serrant le petit rectangle que je leur ai dérobé contre mon ventre. L'objet ancré dans ma main, à l'apparence inutile, pourrait bien se révéler capital. Je prends donc toutes mes précautions pour semer les soldats à mes trousses. La capitale de notre royaume, Xeras, est connue pour ses maisons entassées les unes sur les autres, et ses petites rues sombres, mais je les connais par cœur, ce qui me permet de m'éloigner peu à peu d'eux.
Lorsque je suis sûre qu'ils sont loin, je grimpe avec agilité au sommet d'une maison aux murs de pierre et entreprends de me débarrasser de mon déguisement. Commençant par le haut, j'enlève rapidement la perruque qui me faisait ressembler à un homme, laissant mes longs cheveux roux apparaître.
Après cela, je me change et laisse tout ce qui est superflu sur le toit. Je glisse le carnet dans une des poches de ma tenue noire et vérifie la rue dans laquelle je vais atterrir. Ne voyant pas de soldats à l'horizon, je prends une grande inspiration, puis saute de mon refuge et me réceptionne en une roulade.
Je grimace en sentant la blessure sur mon ventre se rouvrir, mais adopte néanmoins un visage décontracté et me rends au lieu de rendez-vous. Tandis que j'avance, j'entends les disciples du roi continuer leurs recherches. Ils peuvent toujours essayer : le garçon qui leur a causé du souci a désormais cessé d'exister.
Je marche tout de même rapidement, encore essoufflée, louvoyant entre les allées brumeuses. La nuit va bientôt tomber et je tiens à être de retour chez moi avant qu'il fasse noir. Soudain, j'entends une voix m'interpeller :
— Hé, petite ! Viens là deux minutes.
Au ton employé, je suppose que c'est un soldat : mes poignards cachés dans ma veste semblent s'alourdir. Cependant, je me retourne sans peur.
— Oui, monsieur ? prononcé-je d'une voix délibérément faible, la tête baissée.
— Aurais-tu vu un jeune homme passer en courant ? demande-t-il gentiment.
— Non, désolé.
Après quelques secondes de réflexion, il hoche la tête et repart. Je souffle et reprends ma route. En chemin, je croise un groupe de jeunes qui chahute, jouant à la guerre. Si seulement ils savaient de quoi ils parlent. J'arrive finalement devant une grosse porte en bois, d'apparence fragile. Me rapprochant de la serrure, je prononce doucement :
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Nom De Code Tome 1 - Flamme ✓
ActionErnakan, an 1535. Le Roi, qui a toujours été bon et juste, change soudain de face. Désormais avare et égoïste, il multiplie les impôts et son peuple sombre peu à peu dans la misère. Personne ne sait ce qui a déclenché cet étrange comportement. Perso...