Dès que nous arrivons à l'extérieur, la porte se referme sur nous et nous rejoignons discrètement nos amis. Nous avons débouché sur une petite ruelle sombre, dont le sol pavé est couvert de terre et de saleté. Un rat qui est en train de se nourrir de graines s'enfuit dès qu'il nous voit, abandonnant son maigre repas.
Mis à part le petit animal, la ruelle est vide, ce qui nous arrange bien. Je prends mon petit frère par la main et, après avoir souhaité bonne chance à nos coéquipiers, l'entraîne à l'opposé de nos amis, qui attendent un peu avant de partir à leur tour.
Nous sommes désormais Sky et Maurice, deux jeunes nobles. Je cale ma démarche à celle que pourrait avoir une jeune fille un peu trop gâtée, qui a l'habitude d'avoir toujours été dans les jambes de ses parents, et me dirige vers le lieu de recrutement.
Nous traversons la ville qui se peuple peu à peu de ses habitants. Les rues, de plus en plus bruyantes, sont remplies d'enfants qui courent dans tous les sens, bousculant les adultes, qui pour la plupart les regardent repartir, un sourire affectueux sur le visage.
Lorsque l'un d'entre eux, couvert seulement d'une tunique en toile qui laisse deviner sa minceur, vient me demander une pièce, je lui fourre discrètement un petit sac d'argent dans la poche en le regardant d'un air éloquent. Surpris, il me remercie à l'aide de grands signes de tête avant de s'enfuir, par peur que je le lui reprenne.
Je le regarde partir, la peine dans les yeux. Cela aurait pu être Léo, ou même moi, si nous n'avions pas été accueillis par la Ligue, des années auparavant. À l'époque, nous avons eu beaucoup de chance et j'en suis bien consciente. Léo, qui ne se rappelle que très peu du temps où nous étions à la rue, me regarde, inquisiteur.
— Ce n'est rien, ne t'inquiètes pas, le rassuré-je avant de repartir, laissant la place et les enfants derrière nous, pour arriver dans des rues plus propres.
Nous passons non loin du palais du roi et je me demande ce qu'il y fait. Est-il en train de dormir, ou doit-il déjà obéir aux ordres des Phénix, par peur pour ses enfants ? Je ne peux m'empêcher de ressentir de la compassion pour lui, qui a toujours été si bon pour le peuple et qui doit maintenant assumer une immense responsabilité.
Et le pire, c'est qu'il ne peut se confier à personne, à cause de la surveillance constante exercée sur lui, pour ne pas risquer la vie de sa progéniture. Car il est vrai que tout le monde ferait n'importe quoi pour ses enfants. Tout le monde, sauf mes parents, visiblement.
— Sky, tu crois qu'ils vont nous faire faire quelque chose avant d'entrer ? demande soudain Léo, interrompant mes réflexions.
— J'avoue que je n'en sais rien. Je préférerais que non, mais ce ne sera certainement pas à nous de choisir.
— Et si je dois combattre ? s'inquiète-t-il en serrant son bâton dans sa main libre.
— Je ferais tout mon possible pour que ce ne soit pas le cas, tempéré-je, comprenant son inquiétude.
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Nom De Code Tome 1 - Flamme ✓
ActionErnakan, an 1535. Le Roi, qui a toujours été bon et juste, change soudain de face. Désormais avare et égoïste, il multiplie les impôts et son peuple sombre peu à peu dans la misère. Personne ne sait ce qui a déclenché cet étrange comportement. Perso...