Chapitre 7

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Un rêve. Chacun a sa propre définition de ce terme. Pour moi, il s'agit d'un moyen de communication avec d'autres personnes, que je ne peux pas voir dans la réalité. C'est aussi l'endroit où il m'est possible d'être moi-même, et de me libérer de mes peurs. C'est ainsi que je vois ce phénomène. Aucune signification, pas la moindre prévention, rien à part ma liberté perdue.

Je me trouve actuellement dans une grande maison. On dirait un palais, tellement les colonnes sont imposantes, bien dessinées et aussi blanches que le lys. Les mosaïques au sol sont si entretenues, que je n'ose plus y déposer mes pieds sales. Les fresques murales racontent une histoire, que je suis du regard tout en continuant d'avancer.

C'est une jeune femme, qui s'amuse avec son enfant au bord de la mer. Ils sont tous les deux joyeux, jusqu'à ce qu'un géant vienne, et enlève l'enfant pour le dévorer. Sur la dernière fresque, la femme pleure, à genoux, alors que ses larmes perlent le long de ses joues roses. Vivrai-je une pareille tragédie moi aussi un jour ?

Je serre les poings, et continue de marcher. J'entre dans une salle, plongée dans la pénombre. Seule une torche, dont le feu est sur le point de s'éteindre, éclaire la pièce. Cet endroit ne me rassure pas du tout. Je me retourne et me prépare à sortir, mais la porte se referme brusquement avec fracas. Le courant d'air provoqué par la condamnation de la sortie, vient me fouetter le visage et faire voler les cheveux.

J'entends, juste derrière moi, un petit grincement, comme si quelqu'un se levait d'une chaise. Des pas résonnent dans cette salle grande, vide, et sombre. Je retiens ma respiration, tandis que le bruit vient dans ma direction. Soudain, je n'entends plus que les battements de mon cœur, tambourinant contre ma poitrine. Je me retourne vivement, sentant un souffle près de ma joue, mais je ne vois personne.

Tout à coup, un serpent jailli de nulle part, montrant ses crocs acérés, et se tortillant dans tous les sens. Je cris, et recule contre la porte, terrifiée par l'image qui s'offre à moi. Ce n'est pas une vipère comme les autres...elle est bien trop grande. L'animal s'avance lentement vers moi, dans un sifflement. Il finit par se jeter sur moi, et c'est là que je ferme les yeux, de peur qu'il ne me tue. Mais lorsque j'ouvre les yeux, il n'est plus là. C'est alors, que j'entends un ricanement se propager dans toute la pièce.

– Et bien alors, on a peur des serpents ?

Cette voix à en glacer le sang, j'avais pourtant prié tant de fois pour ne plus l'entendre. Celle que j'aimais autrefois, mais qui à présent ne cause que ma terreur. Je m'acharne contre la porte pour qu'elle s'ouvre, tout en criant de rage, et c'est là qu'elle finit par céder. Je cours dans le couloir, sans savoir où aller. Je ne pense qu'à une chose, sortir d'ici au plus vite.

Je monte des escaliers, et entre dans un nouveau couloir, long, et pas très rassurant. Soudain, je m'arrête net. Un homme est placé à quelques mètres de moi, les bras croisés, un sourire immonde et moqueur plaqué sur ses lèvres, que j'embrassais autrefois. Le dieu du soleil, dans toute sa splendeur divine.

Il s'approche dangereusement de moi, alors qu'il lève le bras, comme s'il ordonnait quelque chose. Sous les ordres d'Hélios, une gigantesque cloison se dresse juste derrière moi, condamnant la moindre issue. Une lance est accrochée à l'un des murs, comme un trophée. Mais aujourd'hui, je vais lui redonner son utilité.

J'arrache l'arme, et la pointe directement sur Hélios, qui continue d'avancer sans laisser paraître la moindre inquiétude.

– Tu penses sincèrement pouvoir me menacer avec ça Akenna ? ricana le dieu du soleil.

– Non, mais au moins, je te montre ma haine.

– Pourquoi cracher de tels propos devant ton mari ?

– Tu n'es plus mon époux, et cela depuis trois ans.

– Que tu le veuilles ou non tu l'es toujours. Les liens du mariage sont indissociables.

– Ce n'est pas vrai.

– Tu as raison. Il y a bien une chose qui nous sépare encore toi et moi. Cet enfant.

Les derniers mots qu'a lâchés Hélios, étaient remplis d'une haine profonde, d'un mépris inimaginable, et d'une envie de s'en débarrasser.

– Où es-tu Akenna ? demanda le dieu du soleil.

Je fronce les sourcils. Quelle est cette question absurde ? Il sait parfaitement où je suis, puisque je me trouve devant lui...en rêve. Un soupir de soulagement m'échappe, alors que l'agacement d'Hélios se fait plus intense.

– Tu crois sincèrement que je vais te le dire ?

– Je finirai par te trouver de toute manière. Je suis bien parvenu à entrer dans tes rêves, alors pourquoi ne pas nous revoir dans la réalité ?

– Je te tuerai dans ce cas.

– Tu peux toujours essayer, répondit Hélios en riant. Mais souviens-toi que je suis un dieu, et toi, une moins que rien.

– Je préfère être cela, plutôt qu'un assassin.

Le regard du dieu devient aussi noir que l'ébène, semblable au ciel orageux, tout aussi violent qu'une tempête.

– Tu ne peux pas m'échapper Akenna. Je n'abandonnerai pas mes recherches tant que je ne t'aurai pas retrouvée, toi et le petit. Et crois-moi, lorsque je mettrai la main sur ce gamin, je l'étranglerai sous tes yeux.

Les paroles d'Hélios lançaient des couteaux dans toutes les directions. L'un d'eux, vient de me toucher en plein cœur. Mais je ne laisse pas paraître ma peur, j'ai appris à la dissimuler depuis longtemps.

– Si tu menaces mon enfant encore une fois, menaçai-je, c'est moi qui t'étranglerai sous les yeux de toutes les victimes que tu as fait.

– Dans ce cas, je te dis à très bientôt mon amour.

– Va en enfer !!

Je cours vers lui, ma lance prête à le tuer, mais il disparait dans un rire railleur.

Je me réveille alors, la respiration haletante, le corps brûlant, et les larmes séchant sur ma joue. Ce cauchemar, est bien la preuve que la guerre n'est pas fini. Hélios est revenu... Il m'a montré sa détermination à nous retrouver, moi et Emeïdes. Mon fils...mon précieux trésor. Je l'imagine entre les mains de cet assassin, apeuré, pleurant, et suppliant, tandis que le dieu du soleil rira de la faiblesse d'un enfant si jeune.

Mes poings se serrent, alors que je me lève pour aller m'entraîner dans la salle de combat. Je dois me préparer au retour du serpent... 

Akenna-TOME 2- Le retour du serpentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant