Chapitre 34

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Une fois sortie des Enfers, je me sens plus légère. Le fait d'avoir récupéré le sang de l'Hydre de Lerne, m'enlève un poids sur mes épaules. Mais je suis aussi heureuse d'avoir quitté le royaume d'Hadès, car je n'entends plus la voix de ma mère m'appeler... Comme me l'a dit Hermès, ce n'était pas elle. Un mauvais tour des esprits farceurs, qui amusait le seigneur des Enfers. À présent, je sais ce qu'il me reste à faire. Anéantir la menace, une bonne fois pour toute.

J'ai peut-être aimé Hélios jadis, mais il cachait son véritable caractère, ainsi que ses abominables actes passés. Lorsque j'ai quitté l'Olympe, je me sentais terriblement seule. Je n'avais plus goût à rien, et ne voulais plus vivre. Mais je me remémorais sans cesse la promesse que j'ai faite à ma mère, et que je me répète encore. Je dois vivre pour elle.

Je fronce les sourcils, voyant qu'Hermès emprunte une autre direction, que celle menant vers Athènes. Khlarys et Talitsa m'attendent là-bas, ainsi que Khione et ma famille.

– Où m'emmènes-tu ? demandai-je.

– On va d'abord passer par Argos, avant d'aller à Athènes.

– Pourquoi ?

– Tu verras.

Je garde le silence, tandis que nous survolons la mer Égée. Pourquoi faire un détour dans la cité d'Argos, alors que je suis attendue à Athènes ? Que prépare Hermès ? S'il s'agit encore d'une de ses farces, je n'ai pas le temps pour cela. La peur hante mon esprit, et je veux la faire disparaître au plus vite.

Nous arrivons dans la cité d'Argos, en seulement quelques minutes de vol. Les sandales du messager des dieux cessent de battre des ailes, et viennent se poser sur le sol d'une grotte. Les rayons du soleil pénètrent par un trou, juste au-dessus de moi. C'est par là que nous sommes entrés.

– Alors, explique-moi pourquoi tu m'as amenée ici, m'impatientai-je.

– Aussi pressée que moi on dirait. Je voulais seulement te parler, avant de te ramener à Athènes.

– Que veux-tu ?

– Tout ce que je souhaite te dire, c'est que nous sommes tous avec toi. Depuis ton départ de l'Olympe, nous ne cessons de veiller sur ta sécurité. Malgré les nombreuses menaces d'Hélios, pas une seule fois, nous n'avons faibli devant lui.

– Je le sais bien que vous être toujours avec moi.

– Peut-être, mais nous tenions à te donner une preuve supplémentaire.

– Mais je n'en ai pas besoin, enfin.

– De l'aide est toujours la bienvenue. Et puis, tu ne vas tout de même pas te battre avec des armes de basse qualité, ria Hermès avant de siffler.

La terre se met alors à trembler violemment, ce qui me fait tomber au sol. Lorsque je me relève, les larmes me montent aux yeux. Mon père, Artémis et Athéna se tiennent debout, devant moi, chacun un magnifique sourire arborant leurs visages. Je me jette dans les bras de Poséidon, puis dans ceux de mes deux amies.

– Vous êtes là, murmurai-je.

– On est toujours avec toi ma fille. Quoi qu'il puisse arriver.

– Vous me manquez tous tellement.

– Toi aussi Akenna. Mais il y en a une autre, qu'on ne veut plus jamais revoir, dit Artémis.

– Je...je ne suis pas certaine de pouvoir y arriver.

– Nous croyons tous en toi. N'aie pas peur d'affronter le présent, car tu l'as fait de nombreuses fois avec un sang-froid exemplaire. Tu es la plus courageuse d'entre nous, la seule qui va oser défier Hélios.

Les paroles d'Athéna me réconfortent. Elle, la déesse de la stratégie guerrière, la plus grande combattante que la Grèce n'ait jamais connue, me dit que je suis la plus téméraire d'entre eux. Je distingue un objet dissimulé derrière Athéna.

– Que caches-tu dans ton dos ? demandai-je.

– La preuve de notre soutien à tous.

Elle prend un énorme disque, enveloppé dans un vieux tissu. Mon père et Artémis, apportent chacun un autre cadeau.

– Akenna. Moi, Athéna, je t'offre mon bouclier. Le plus robuste, protecteur, et léger que tu puisses trouver.

– Moi, Poséidon, je te donne cette armure, confectionnée par le dieu forgeron lui-même, spécialement pour toi. Ce matériel est le plus fiable au monde.

– Quant à moi, Artémis, je te lègue mon arc et mes flèches. L'outil qui te permettra d'avoir les tirs les plus ajustés et précis, capables de provoquer de lourdes blessures à une distance incroyable.

Les larmes me montent aux yeux, alors que je me mets à rire de soulagement. Ces cadeaux sont tout ce que j'espérais. Ils m'apportent de l'espoir, un immense soutien, ainsi qu'une nouvelle confiance en moi. Grâce à cela, je suis sûre de pouvoir gagner la bataille contre n'importe quel monstre.

– Merci à vous tous. Je ne saurais quoi faire sans votre aide. Vous me donnez tant de courage.

– Veux-tu une autre raison de te battre ? me demanda mon père. Ectellion et Emeïdes sont tous les deux en vie. Apollon les a envoyés dans la cité d'Isthmia, là où je peux veiller sur eux.

– Ils vont bien ?

– Oui, ils sont tous les deux en excellente santé, même si Ectellion se fait énormément de soucis pour toi.

Je soupire de soulagement. Mes deux amours sont en sécurité, loin de la menace d'Hélios. J'ai tellement hâte d'en finir avec cette histoire, pour enfin les retrouver. Ils me manquent tellement eux aussi. C'est si dur d'être séparée de mon fils, que je n'ai jamais quitté jusqu'à présent. Quant à Ectellion, j'ai passé trois années de ma vie sans le voir, le croyant mort. Notre temps de retrouvailles a été court, et nous avons encore tant à nous dire.

Je me tourne vers Hermès, qui attend patiemment, appuyé contre le mur de la grotte, les bras croisés. Il suffit d'un regard, pour lui faire comprendre que je suis prête à retourner à Athènes. Il est temps pour moi d'affronter mon destin, et de vaincre une bonne fois pour toute, le serpent hantant mon esprit, et mes cauchemars.

Akenna-TOME 2- Le retour du serpentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant