Akenna-TOME 2- Le retour du serpent

Chapitre 35

Hermès me ramène à Athènes, comme convenu. Il me dépose sur une plage, puis me regarde l'air soucieux. Lui qui ne dévoilait que de l'assurance jusque là...

– On dirait bien que tu as plus peur que moi, dis-je en riant.

– Ne prends pas ce combat à la légère. N'oublie pas contre qui tu vas te battre.

– Hermès, ne t'en fais pas. Je sais très bien comment est Hélios, il ne pourra plus me surprendre.

– Son intelligence et sa puissance, n'ont fait que croître. Fais très attention à toi, et ne te laisse pas distraire, quoi qu'il puisse te montrer.

– Je te promets que tout ira bien.

– Il essaiera de te distraire, de te mettre hors de toi.

– Je le sais. Il a déjà tenté de nombreuses fois de me déstabiliser, sans y parvenir.

– On peut t'aider à le vaincre...

– Vous m'avez tous déjà apporté suffisamment d'aide. Ce combat, c'est le mien. J'ai beaucoup trop de choses à régler avec lui pour repousser ou confier cette tâche à quelqu'un d'autre. Je ne veux plus fuir.

– D'accord. Alors promets-moi au moins d'être prudente.

– Ça, je peux te le jurer.

Je prends Hermès dans mes bras, qui me conseille une dernière fois de faire très attention, puis quitte la plage en s'envolant dans les cieux. Je me dirige alors vers le port, car c'est sans doute là-bas que doivent m'attendre Khlarys et Talitsa. Je traverse la cité, qui est déserte. Normalement à cette heure-ci, les rues sont envahies par les marchands, et leurs étalages. Mais aujourd'hui, rien, pas un bruit. Cela devient inquiétant.

J'entre dans le port, et vois directement les deux Amazones. Talitsa sourit en s'apercevant de mon arrivée, et me prend dans ses bras. Quant à Khlarys, dans sa fierté habituelle, se contente de me fixer avec un demi-sourire.

– Alors tu es vivante, constata la guerrière.

– Comme tu peux le voir.

– Tu m'impressionnes de jour en jour.

Talitsa observe la cité, comme s'il s'agissait de l'Olympe.

– Voilà donc Athènes, dit-elle.

– Oui, l'une des plus belles cités de Grèce.

– Qui semble bien trop calme à mon goût.

– Tu as raison Khlarys, il a dû se passer quelque chose.

– Hélios ?

– Je pense bien...

– Alors ça sera le bon moment pour attaquer.

– Sans doute, oui.

– Dans ce cas, qu'est-ce qu'on fait ?

– Je n'en sais rien encore.

– Tu n'as donc jamais de plan, hein ? se moqua Khlarys.

– Tu as bien raison, jamais.

Nous rions toutes les trois, puis je me tourne vers le palais. La cité est calme, ce qui m'inquiète énormément. Si les athéniens ne se montrent pas, je crains qu'il ne soit arrivé quelque chose à leurs souverains.

– Une idée te vient on dirait, remarqua Khlarys.

– Je dois d'abord m'assurer que Khione et Agamédès vont bien.

Sans attendre davantage, je cours en direction de l'Acropole. Mon inquiétude a atteint son summum. J'ai peur qu'Hélios ait fait du mal aux souverains pour se venger. Si cela se faisait, j'aurais deux fois plus de raisons de le tuer. Lorsque j'atteins les portes, je reste figée sur place. Elles sont grandes ouvertes, et non gardées. Mon inquiétude ne fait que croître à chaque seconde qui s'écoule. Maintenant j'en suis sûre, il est arrivé malheur au roi et à la reine.

Malgré la terreur qui s'éveille en moi, j'entre dans la cours du palais. La scène qui s'offre alors à moi, est juste intenable. Mes jambes tremblent, et menacent de se briser. Une dizaine de corps, jonchent sur le sol imprégné de leur sang. Des gardes, des domestiques, et même des citadins, ont été les proies d'un horrible massacre.

– Que s'est-il passé ici ? demanda Talitsa aussi choquée que moi.

Je m'avance vers l'un des corps, où je retrouve une flèche dorée, plantée en plein cœur. Ma respiration s'accélère tant je boue de l'intérieur, car je sais à qui appartiennent ces flèches.

– Elles sont à Hélios, n'est-ce pas ? me demanda Khlarys.

– Oui.

– Comment peut-on être aussi cruel...

Mes poings se serrent, tandis que des larmes de rage dévalent mes joues. Je cours alors vers la salle du trône, espérant retrouver Khione. Mais encore un fois, ce ne sont que des cadavres que je vois. J'ai beau appeler mon amie de toutes mes forces, personne ne répond. Me voilà désespérée. Si Hélios lui a fait le moindre mal, il va souffrir mille fois ce que moi j'ai enduré. Je lui ferai connaître une mort atroce. Il doit forcément rester des survivants, des personnes qui pourraient me dire ce qu'il est arrivé à Khione et à son mari.

Je quitte la salle, sans dire un seul mot aux deux Amazones, qui pourtant me posent une multitude de questions. Je sors du palais, et me dirige vers les maisons. Je frappe à toutes les portes, espérant que quelqu'un me répondrait, mais rien, pas un chien. Alors que je commence à perdre espoir, je retrouve une jeune fille, tâchée de sang et pleurant. En me voyant, elle se jette sur moi et sanglote de plus belle. Je la console un bon moment, jusqu'à ce qu'elle soit suffisamment calmée pour pouvoir parler.

– Que s'est-il passé ici ? demandai-je.

– Les gardes d'Hélios ont attaqué la cité. Mon père a été tué, et...je ne retrouve plus ma mère.

– Sais-tu où sont le roi et la reine ?

– Ils sont partis, avec le reste des athéniens. Moi, je voulais rester ici et chercher ma mère.

– Je suis certaine qu'elle est partie avec les autres, et qu'elle s'inquiète énormément pour toi.

– Aide-moi à la retrouver, s'il te plaît.

– Tout ira bien, je te le promets.

Khlarys et Talitsa arrivent, et observe la petite qui continue de pleurer. Je porte l'enfant, et le confie aux Amazones.

– Emmenez-la loin d'ici, ordonnai-je.

– Mais...

– Fais ce que je te dis !

Khlarys soupire de frustration, tandis que Talitsa prend la petite dans ses bras. Je me tourne vers le palais, le point le plus haut de la cité. Mes pieds partent déjà dans cette direction, mais une main les retient.

– Si jamais tu meurs, je te tue, dit Khlarys.

Je lui souris, et elle m'attire contre elle.Finalement, cette Amazone n'est pas aussi impassible qu'elle le prétend. Ellepart avec Talitsa et l'enfant, tandis que je reste seule avec une seule idée entête, affronter mon destin. Cette fois, c'en est trop. Il est temps d'anéantirl'obscur soleil, une bonne fois pour toute.