Chapitre 22

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Je déteste le soleil, mais je suis effrayée par l'obscurité. Depuis le meurtre de ma mère, j'ai énormément de mal à rester seule dans le noir. J'ai l'impression que le sol peut s'ouvrir à n'importe quel moment sous mes pieds, et m'aspirer jusqu'au tartare. Rester enfermée dans cette pièce, sans aucune échappatoire, c'est encore pire, parce que je me sens plus vulnérable. Je veux sortir d'ici, et au plus vite. Deux jours à demeurer enfermée dans cette cave, c'est déjà bien trop pour moi. Le soleil miniature m'aide peut-être à distinguer mon ombre et à me réchauffer, mais il ne remplace pas ma liberté.

Hélios est venu me voir très tôt ce matin, pour m'informer de son départ précipité. Il a été appelé par Zeus, et doit se rendre immédiatement sur l'Olympe. Sans doute pour parler de moi... Je me demande encore comment le roi des dieux peut le laisser en vie. Après tout, seul un dieu peut en tuer un autre. Alors en attendant son retour, je reste recroquevillée dans mon coin, ma seule source de lumière à mes pieds. Mon temps est occupé par ma réflexion. Je ne cesse de me creuser la cervelle, afin de trouver un moyen de sortir d'ici. Hélios n'est pas assez stupide pour laisser la porte ouverte, ou bien croire à mes paroles. Pourtant, je suis certaine qu'il existe une faiblesse en lui, capable de lui faire baisser la garde.

C'est alors, qu'une nouvelle source de lumière apparaît, juste devant moi, m'aveuglant par les rayons dorés se propageant dans toute la cave. Je ferme les yeux, jusqu'à ce que la source lumineuse s'éteigne. C'est alors que je me lève, tout en prenant le soleil miniature entre mes mains. Une forme humaine se dresse devant moi. Ses cheveux châtains, tout comme la couleur de ses yeux, me rappellent Artémis.

– Que fais-tu ici ? demandai-je d'une voix froide à Apollon.

– Merci pour ton très bon accueil Akenna.

– Tu m'as donnée le même lorsque j'ai intégré l'Olympe.

– Tu en connais bien les raisons...

– Je te repose donc la question. Qu'est-ce que tu fais là ?

– Tu sais comment est Hélios aussi bien que moi.

– Peut-être, et alors ?

– Il deviendra encore plus dangereux si tu ne fais pas ce qu'il te dit.

Je me mets à rire. Pas de façon ironique ou moqueuse, plutôt de manière folle et hystérique.

– Alors ton conseil pour moi, c'est de lui obéir ? demandai-je.

– Oui. Il te faut accepter le chantage d'Hélios. Car, que tu le veuilles ou non, vous restez unis par les liens du mariage.

– Je ne suis plus la femme de ce monstre depuis que j'ai appris la vérité sur ses actes passés.

– Selon toi oui, mais d'après la loi, tu es toujours son épouse.

– C'est lui qui t'a envoyé me rappeler cela n'est-ce pas ?

– Il ignore ma venue. Et s'il l'apprenait, il me tuerait immédiatement.

– Toi ? Son grand complice ? Son fidèle corbeau messager ?

– Peut-être qu'autrefois je me suis uni avec le serpent, mais aujourd'hui il n'est plus question de cela.

– Et qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ?

– Ma sœur... Elle a terriblement souffert de ton départ, et je m'en veux tellement de lui avoir fait cela. J'aurais dû te dire la vérité à l'instant même où tu es montée sur l'Olympe. Mais j'avais juré à Hélios de garder le secret. Il a fini par me menacer de mort, si je venais à te révéler la vérité.

– Tu n'es qu'un lâche et un hypocrite !

– Peut-être, mais je me suis rattrapé sur un bon nombre de choses. Après tout, n'ai-je pas sauvé la vie d'Ectellion ?

– Tu l'as enfermé dans une cellule durant trois maudites années !! Il en a terriblement souffert.

– Et qu'aurais-je dû faire d'après toi ?! Abréger ses souffrances ? Te le ramener pour qu'Hélios le retrouve et le tue encore plus férocement que je ne l'aurais fait ?! Je n'avais pas le choix Akenna ! Je devais le cacher !

– Je l'ai cru mort ! Tu aurais au moins pu venir me dire qu'il était sauf !

– Hélios ne me lâchait jamais. Il avait encore besoin de moi pour te retrouver... Tu n'imagines pas le nombre de personnes qu'il a tué pour soutirer des informations.

– Et tu l'as laissé faire !

– Non ! J'ai tout de même réussi à sauver quelques mortels, mais pas assez malheureusement... Je menais Hélios vers de fausses pistes pour qu'il ne te retrouve jamais.

– Et je devrais te remercier pour cela j'imagine.

– Je suis tellement désolé Akenna...

Je tourne le dos à Apollon, car je me sens devenir faible. Une douleur au cœur me fait atrocement souffrir. Le dieu des arts a peut-être accompli des choses admirables, comme par exemple épargner la mort à Ectellion, mais il en a fait d'autres qui sont impardonnables.

– Je ne te demande pas de me pardonner Akenna, poursuivit le corbeau. Tout ce que je veux, c'est que tu écoutes mes conseils. Je ne veux plus rendre Artémis malheureuse, et je veux réparer mes erreurs. S'il te plaît, laisse-moi t'aider.

– Je veux bien de ton soutient, mais jamais, au grand jamais, je ne cèderai au chantage d'Hélios.

– Tu le dois pourtant.

– Il faut être fou pour me proposer une pareille solution.

– Je ne te demande pas de lui obéir à vie, seulement jusqu'à ce que je trouve un moyen de te faire sortir.

– Je refuse.

– Il va devenir encore plus fou si tu ne fais pas ce qu'il te dit. Akenna, il a réussi à te retrouver, alors il finira bien par faire de même avec ton fils et Ectellion. Veux-tu vraiment les perdre tous les deux ?

– Évidemment que non.

– Alors il te faut jouer la comédie avec Hélios, jusqu'à ce que les renforts arrivent. Je t'en prie, fais le pour les personnes que tu aimes.

Je ferme les yeux un instant. Hélios me l'a clairement dit. Je ne sortirai pas d'ici tant que je ne lui obéirai pas. Il faut pourtant que j'arrive à m'enfuir, autrement il aura gagné. Apollon a raison sur un point, le serpent ne cessera pas ses recherches. Il traquera Emeïdes et l'homme que j'aime, jusqu'à ce qu'ils soient tous les deux morts.

– J'ai un plan pour retrouver sa confiance, déclarai-je.

Akenna-TOME 2- Le retour du serpentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant