Je me réveille, avec la vue trouble et un mal de crâne affreux. Je n'entends rien, à part le bruit de la rupture des vagues. Je me mets alors à tousser du plus profond de mes tripes, jusqu'à ce que je crache de l'eau. Ma gorge se met alors à me brûler, comme si elle était en feu. C'est là que je me souviens des récents évènements. Mon enlèvement par Hélios, la cave, et ma fuite. Je me redresse alors hâtivement, car j'ai cru avoir entendu un bruit.
J'observe alors les environs. Je me trouve sur une plage, au milieu de nulle part, entourée par la mer. Seulement, je remarque qu'un épais brouillard, m'empêchant de voir plus loin que le récif. Où suis-je donc tombée ? Est-ce le continent, ou bien une île ? Je distingue une colline pas très loin d'ici. En seulement quelques minutes, je pourrai en atteindre le sommet. Je me mets alors à courir, pour arriver en haut le plus rapidement possible. Je ne dois pas perdre de temps. Je traverse une forêt, dont les chênes sont majestueux. Le paysage est peut-être beau, mais c'est souvent pour dissimuler quelque chose d'autre. Je reste alors sur mes gardes, observant les moindres recoins.
Seulement quelques secondes plus tard, j'entends un bruit de feuillage. Cela provient d'au-dessus de moi. Un animal ? Sans doute que oui. Aucun citadin n'est en mesure de grimper dans un arbre aussi volumineux. Je continue mon chemin, tout en essayant de me rassurer de mon mieux. Ce n'est rien Akenna, tout va bien. Le seul danger dont je dois me préoccuper est ce traqueur d'Hélios. Dissimulée sous les arbres, il ne peut pas me repérer.
Soudain, j'entends des cris d'alerte, et des ombres courir le long des larges branches des chênes, aussi vite que la lumière. Je prends alors peur, mais la tétanisation m'empêche de bouger. En un rien de temps, je me retrouve encerclée par des femmes, vêtues de chitons courts, et de peintures sur le visage. Chacune tient un arc entre ses mains, la flèche pointée vers ma direction. L'une d'elle sort du rang, désarmée et m'observe avec attention. Son regard est glacial, et ses longs cheveux bruns trainent dans son dos, tandis que ses poignets sont prisonniers de manchettes larges à lacets.
– J'ai déjà vu des hommes s'aventurer sur nos terres, mais jamais une seule femme, déclara-t-elle. Es-tu suicidaire ?
– Non. Le courant m'a entraînée ici.
– Bien sûr, le courant, dit-elle en riant.
– Qui êtes-vous ?
– Tu l'ignores vraiment ?
– Oui.
La jeune femme fronce les sourcils, comme si elle cherchait à lire en moi. Je n'ai rien à cacher, alors je la laisse me dévisager comme bon lui semble.
– Bien, puisque tu ne connais pas notre identité, nous allons te la révéler. Tu as devant toi les célèbres Amazones.
Voici donc où mon père m'a conduite, chez ces guerrières de sang froid, terrorisant les Hommes et tuant leurs fils. Pourquoi ? J'aimerais bien le savoir.
– Je m'appelle Khlarys, et tu es ?
– Akenna.
– Tiens donc, nous voilà face à la déesse, l'épouse de notre cher ami Hélios en personne.
Bien entendu, j'ai remarqué son ton ironique. Peut-être que si mon père m'a entraînée ici, c'est parce que les Amazones détestent le dieu du soleil autant que moi.
– Que fait-on d'elle Khlarys ? demanda une Amazone.
– On va l'emmener à la reine. Je suis sûre et certaine qu'elle sera ravie de la tuer elle-même.
Deux guerrières me prennent chacune un bras, et me forcent à avancer. Nous traversons alors la forêt, pour finalement arriver devant plusieurs maisons, dominées par un immense palais, aussi riche par son architecture et beau que l'Olympe. Elles me traînent jusqu'à la porte, qui s'ouvre sur une salle immense, où trône au milieu un petit bassin. Juste en face de moi, une femme y est assise. Son regard d'un gris étincelant, est marqué par de l'ombre à paupière noire, tout autour de ses yeux. Ses cheveux blonds et ondulés laissent paraître sa beauté. Un loup se tient docilement à côté d'elle, mais grogne en me voyant.
– Que m'amenez-vous ? demanda la guerrière, lorsque nous nous postons devant elle.
– Il s'agit d'Akenna, ma reine. Nous l'avons vue sur la plage tout à l'heure.
– Je ne veux plus avoir affaire aux dieux, en particuliers lorsqu'il s'agit de l'épouse de ce serpent maudit.
– Je ressens la même haine que vous à son égard, dis-je.
– A-t-il tué votre sœur dans le passé ? Je ne pense pas, non.
– Peut-être pas, mais il menace de s'en prendre à mon fils, et à l'homme que j'aime. Tout comme vous, je veux sa mort.
– Tiens donc, une déesse qui veut tuer son mari adoré, c'est intéressant.
– Je ne fais plus partie des divinités depuis trois ans maintenant.
– Hum, je connais un moyen de vérifier cela.
D'un signe de tête, elle dicte un ordre à Khlarys, qui dégaine son glaive, me prend le bras, et m'écorche légèrement. Mon sang coule sur le sol, aussi rouge que les cerises en été. Ma peau ne se régénère pas, contrairement aux attentes de la reine des Amazones.
– Si tu n'es plus une déesse, pourquoi es-tu ici ?
– Moi-même je l'ignore. Je recherche seulement un refuge, pour échapper à Hélios. S'il me retrouve...je crains fort que mon heure ne soit venue.
– Sache Akenna, que les ennemis de mes ennemis, sont mes alliés. Tu es en sécurité ici, alors tu peux rester autant que tu le souhaites.
– Merci ma reine.
– Je ne suis pas ta souveraine, alors tu peux plutôt m'appeler Nesrín.
– Comme tu le souhaites.
– N'as-tu pas faim ?
– Je dois avouer que si...
– Alors viens avec moi reprendre tes forces. Tu en auras besoin pour affronter ton destin.
Je souris, devant la bienveillance de la reine desAmazones. Finalement, mon père a bien fait de m'envoyer ici. Me conduire chezles ennemies jurées du serpent est l'une des plus brillantes idées qu'il aiteues. Je suis certaine qu'elles pourront m'aider à vaincre Hélios.
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Akenna-TOME 2- Le retour du serpent
خارق للطبيعةTrois ans se sont écoulés depuis la fuite d'Akenna. Plongée dans une profonde mélancolie, elle tente de se reconstruire, et de faire face à la peur de son passé. Sa priorité est à présent de protéger son enfant du terrible danger qui les menace, enc...