Chapitre 37

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Le monstre se dresse devant moi, plus grand et plus menaçant que jamais. C'est à ce moment-là, que je comprends que l'un de nous devra mourir. Et j'en fais la promesse, ça ne sera pas moi la victime dans cette histoire. J'ai encore bien trop de choses à prouver, et à accomplir.

Le serpent s'avance vers moi, la mâchoire grande ouverte, prête à me dévorer. Je me mets alors à courir pour lui échapper, vers l'Acropole. C'est le point le plus stratégique pour abattre la bête. Celle-ci pousse des sifflements assourdissants, et se jette sur moi. Le sol dallé se fissure alors sous la violence d'Hélios, qui n'arrête pas de frapper pour m'atteindre. Je gravis la colline, menant vers l'Acropole. Une fois au sommet, j'entre dans le temple d'Athéna, et me cache derrière une colonne. Le dieu du soleil, ne tarde pas à me rattraper, et à encercler toutes les issues, de son corps couvert d'écailles. Je suis donc coincée à l'intérieur. Les sifflements du serpent résonnent dans tout le temple, ce qui fait que je ne peux savoir où il se trouve exactement.

Je reprends mon souffle, tout en restant camouflée derrière ma colonne, sous la traque incessante d'Hélios.

– Ce qui est pratique lorsqu'on est un reptile, c'est que nos sens sont plus forts, dit Hélios dans une voix monstrueuse. Je peux sentir ton odeur, t'entendre respirer, et te voir beaucoup plus facilement. Tu ne peux donc pas m'échapper.

Je sors la fiole, contenant le sang de l'Hydre de Lerne, et trempe le bout de l'une de mes flèches à l'intérieur. Le fait d'avoir préparé mon arme me rassure, car je serai plus efficace à la première attaque d'Hélios.

– Pourquoi te cacher ? continua le reptile. Toi qui te dis plus courageuse que quiconque, on dirait bien que non. Même ta pauvre mère l'était plus que toi. Quelle déception elle doit ressentir en te voyant... Je la plains, sincèrement.

Je ferme les yeux, pour contenir ma colère. Il veut me faire craquer pour savoir où je suis, mais je ne lui donnerai pas ce plaisir. Je ne dois pas me battre avec ma fureur.

– Tu vois, tout en tournant autour du temple, je me projette dans l'avenir. Je me demande...ce que je ferai de ton fils une fois que tu seras morte. Le tuer probablement aussi, mais de quelle façon ? Doit-il souffrir pour le simple fait d'être venu au monde ? Je suis certain que ce pauvre petit me suppliera tout en pleurant de l'épargner. Peut-être même qu'il t'appellera, mais tu ne pourras pas lui venir en aide, puisque tu ne seras plus de ce monde.

Une larme dévale ma joue. Mais ce n'est pas pour évacuer ma tristesse, plutôt pour contrôler ma rage. Je laisse une partie d'elle s'évader sous forme de gouttes d'eau, afin de tenir le plus longtemps possible. Ma flèche est prête, il ne me reste plus qu'à attendre le bon moment pour tirer sur le monstre.

– Et Ectellion ? Tu dois te demander ce que je vais lui faire. Cette fois-ci, je ne commettrai pas deux fois la même erreur. Je le tuerai moi-même, mais je veillerai avant cela à ce qu'il souffre atrocement. Je veux l'entendre hurler à l'agonie, jusqu'à ce que son âme parte vers les Enfers.

Le rire du serpent m'insupporte, et c'est là que je décide d'attaquer. Il est temps pour lui de savoir ce que de vraies blessures provoquent.

Je sors de ma cachette, et repère la tête d'Hélios. Celui-ci ne me voit pas encore, mais continue sa ronde, tout en examinant de ses yeux jaunes, l'intérieur du temple. Je tends mon arc, et me prépare à tirer. J'ai l'impression de sentir la main de mon père sur mon épaule, et le souffle d'Artémis contre mon oreille. Ils sont tous derrière moi. Comme les dieux me l'avaient promis, je ne suis pas seule.

Une fois la cible en vue, je laisse la flèche de la déesse de la chasse partir, et se planter dans le cou d'Hélios, qui se met à hurler de douleur. Il tombe au sol, détruisant tout sur son passage, et se plaignant toujours de la blessure que je viens de lui causer.

– Qu'est-ce que c'est ? ragea-t-il. Pourquoi mon mal ne disparaît-il pas ?! Qu'as-tu fait ?!

– Voilà la source de ta douleur !

Je lui montre la fiole contenant le produit, qui rend toutes les blessures mortelles. Le serpent dévisage mon arme, tout en se relevant. Ses yeux se font encore plus terrifiants et haineux, tandis qu'il se rapproche dangereusement de moi.

– Du sang de l'Hydre de Lerne, prononça-t-il. Finalement, il serait imprudent de te sous-estimer. Mais malgré ta petite ruse, tu restes une vulgaire mortelle.

Hélios ouvre grand la gueule, montrant ses crocs remplis de venin, et se jette sur le temple. Il réussit à passer sa tête entre deux colonnes, mais ne m'atteint pas. Le temple menace de s'effondrer, alors je me mets à courir pour quitter ce nouveau danger. Tout en m'enfuyant, je tire une nouvelle flèche imprégnée du sang de l'Hydre, mais elle ne fait que frôler les écailles du reptile, qui se moque de mon échec. Je dois être plus précise, car le poison des dieux n'est pas une ressource illimitée...

Hélios, dans sa grande rapidité, finit par me rattraper, et m'entourer de son corps de serpent, formant une grande muraille d'écailles infranchissable. Je prends alors mon glaive, et le trempe dans la fiole. D'un coup sec, j'abats l'arme sur la peau du reptile qui hurle une nouvelle fois, alors qu'il allait me dévorer. La muraille s'écarte, me laissant le champ libre. Je me remets alors à courir, tout en évitant les jets de pierres ou les bâtisses en effondrement. Je remarque une maison encore en état, et décide d'y entrer.

Avant de pénétrer dans ma nouvelle cachette, je me retourne vers Hélios, qui continue de se plaindre de sa douleur. Ne me voyant pas, il ne me retrouvera pas tout de suite. Je m'engouffre dans la maison, et me repose un instant. Le temps qu'Hélios se remette de sa blessure, je ferme les yeux, et me met à réfléchir à une tactique. Je ne peux rivaliser contre la force du dieu du soleil. En revanche, je peux le vaincre grâce à mon intelligence. N'est-ce pas ce qu'on fait de nombreux Héros ? Thésée et Ariane ont bien vaincu Le Minotaure grâce à leur stratégie, tout comme l'a fait Ulysse avec Polyphème. Il suffit de trouver la bonne solution.

Soudain, je n'entends plus un seul bruit. Les plaintes d'Hélios ont cessé, ce qui signifie que soit il mort, soit il est encore assez fort pour continuer sa traque. Je jette un coup d'œil vers l'extérieur, et ne vois plus le monstre. Il a disparu... Je prépare une nouvelle flèche, au cas où Hélios se manifesterait.

C'est alors que le toit de la maison se lèvebrusquement, et la tête du serpent apparaît. Je tire alors, mais dans maprécipitation je rate ma cible... Le serpent me regarde tout en riant, alors queje prépare une nouvelle flèche. Mais d'un coup de queue, le reptile balaie toutsur son passage, et je lâche la fiole qui vient s'écraser au sol. Le sang del'Hydre bouillonne, et des fleurs poussent à l'endroit où le liquide s'est répandu.À ce moment-là, je me considère déjà comme morte. Car sans le sang de l'Hydrede Lerne, je ne peux vaincre Hélios.

Akenna-TOME 2- Le retour du serpentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant