Chapitre 12

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– Je te croyais mort, lâchai-je sans quitter Ectellion des yeux.

– Tant de fois j'ai crié en espérant que tu m'entendes, même si je savais que c'était impossible. Mais maintenant que je te retrouve enfin, mon bonheur est indescriptible.

– Tu m'as tellement manquée.

– Toi aussi mon amour, plus que tout.

– Ah oui ? Plus que tes pièges ?

– Hum...laisse-moi réfléchir.

Je lui donne une tape sur le bras, tandis qu'il rit et me serre encore plus contre lui.

– Braconnier.

– Fille de riches.

Je m'esclaffe de nouveau, tandis qu'Ectellion m'embrasse plusieurs fois sur la joue. Au bout de quelques minutes, nous finissons par nous calmer.

– Que t'est-il arrivé ? demandai-je finalement.

– Le jour de notre séparation, tu étais partie. J'étais donc resté à la maison à t'attendre. Lorsque la porte s'est ouverte, j'ai cru que c'était toi. Mais c'est Hélios qui s'est présenté à moi, les joues rouges de colère et les yeux transperçant. Il m'a insulté et frappé de nombreuses fois, tandis que ses gardes me retenaient.

– Ectellion...

– Ensuite, Apollon est arrivé. Hélios l'a chargé de m'emmener et de me tuer. Les gardes m'ont fait sortir, tandis que le dieu du soleil allait s'asseoir, pour t'attendre. J'ai eu plus peur pour toi que pour moi. Il t'a fait du mal ?

– Non, ne t'inquiète pas. Je te raconterai tout après. Termine d'abord tes explications, nous avons tout notre temps désormais.

– D'accord... Apollon ne voulait pas passer pour un assassin à tes yeux. Alors il m'a emmené sur une île, isolée du monde et inhabitée. Je suis resté enfermé durant ces trois dernières années. C'est là que les marins sont arrivés et m'ont sauvé.

– Ça a dû être terrible...

– Abominable. Un cauchemar beaucoup trop réel qui me poursuivait jour et nuit. Mais le plus dur pour moi, ce n'était pas d'être enfermé.

– De quoi as-tu le plus souffert alors ?

– De ton absence.

Je souris légèrement, tout en caressant les cheveux d'Ectellion. Il a traversé tellement d'épreuves, toutes pires que la mort. Son si beau visage se tourne vers moi, et me contemple, tout en enroulant une mèche de mes cheveux entre ses doigts.

– J'ai pensé à toi sans cesse, poursuivit Ectellion. Durant tout ce temps je ne t'ai jamais oubliée. C'est grâce à toi que je suis encore en vie. Car si tu étais partie, je t'aurais rejoint dans la mort. Je ne veux plus jamais qu'on se sépare, c'est beaucoup trop dur à supporter.

– Mon amour. Maintenant ton calvaire est terminé. On est là, dans cette chambre, en sécurité, toi et moi.

– Et toi ? N'as-tu pas essayé de refaire ta vie avec un autre homme ?

– Jamais. Pas une seule seconde. J'ai voulu te rester fidèle jusqu'à ma mort. J'avais peur de revivre les mêmes malheurs encore une fois...

– Raconte-moi ce qu'il t'est arrivée depuis ces trois dernières années.

Je prends un instant pour réfléchir. J'ai tant de choses à dire, que je ne sais par où commencer. Ces quelques secondes de silence me permettent de tout ordonner dans mon esprit. Ectellion attend patiemment, que je lui raconte mon récit. Je prends alors la parole, avec un pincement au cœur.

– Le jour de ton enlèvement, lorsque je suis rentrée, j'ai vu du sang sur le sol. J'ai compris alors ce qu'il s'était passé. Hélios a essayé de me convaincre de revenir avec lui, mais j'ai refusé à de nombreuses reprises. Il...

J'allais lui parler d'Emeïdes, mais ce n'est pas encore le moment. Il vaudrait mieux poursuivre la suite de l'histoire, et parler de notre fils plus tard.

– Il m'a menacée, mais j'ai réussi à m'enfuir. Athéna est venue m'aider et m'a conseillée d'aller vivre dans sa cité. La reine Khione m'avait vue en rêve, et attendait mon arrivée. J'ai été tellement bien accueillie, que j'ai décidé d'y rester pour me cacher. Je sortais tous les matins pour aller prier au temple d'Athéna. Nous avions besoin de la protection des dieux.

– Nous ?

C'est là que je me rends compte, qu'il est temps de dire la vérité à Ectellion. Je ne sais pas comment il va réagir, mais j'ose espérer que cette nouvelle l'enchantera.

– Ectellion, je dois t'avouer quelque chose.

– Dis-moi, même si cela m'inquiète un peu.

– Et bien voilà, le jour de ton enlèvement, Hélios a ressenti quelque chose grâce à ses pouvoirs.

Je m'arrête un instant, pour me préparer à lui avouer la chose qui va le rendre, soit le plus heureux des hommes, ou bien lui ajouter un poids sur les épaules.

– Tu as un fils de trois ans. Il s'appelle Emeïdes.

Ectellion reste figé face à cette révélation. Ce n'est pas vraiment la réaction à laquelle je m'attendais. Mais cela doit lui faire un choc d'apprendre cette nouvelle, alors que je le laisse se remettre.

– C'est...c'est vrai ? demanda-t-il.

– Oui.

– J'ai un fils ?

– Tu...tu es heureux ?

– Si je suis content ? Évidemment que je le suis !

Ectellion m'embrasse avec fougue, puis crie de joie. C'est alors que la porte de la chambre s'ouvre, et qu'une petite tête apparaît.

– Emeïdes. Approche mon trésor, viens, lui dis-je en lui tendant la main.

Mon fils a l'air apeuré par la présence d'Ectellion. C'est normal, il ne le connait pas encore. Après un moment d'hésitation, il finit par venir me rejoindre, et s'asseoir sagement sur mes genoux. Ectellion lui, reste figé, le regard braqué sur son fils, un grand sourire aux lèvres.

– C'est qui maman ? demanda Emeïdes.

– Chéri, commençai-je. Comment te dire ça... Tu te souviens de ce que je t'ai dit sur ton père ?

– Il est mort.

– Et bien, je le croyais aussi mon trésor. Mais...aujourd'hui, il est revenu.

Emeïdes observe attentivement Ectellion, qui ne cesse de lui sourire, ne sachant que faire d'autre. Malgré tous les gestes attendrissants que lui montrent son père, Emeïdes reste néanmoins toujours aussi méfiant. C'est de ma faute aussi, je lui ai appris à avoir peur de tout. Ils auront tout le temps d'apprendre à se connaître. Le temps est devant nous, et le malheur loin derrière. 

Akenna-TOME 2- Le retour du serpentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant