Chapitre 10

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Il fait terriblement chaud dans ma cellule. J'ai l'impression que le soleil m'a retrouvé et qu'il cherche à me brûler vif avec ses rayons de lumière. Je cherche le meilleur coin d'ombre (qui n'est pas difficile à trouver), puis m'adosse contre le mur. Si je m'assois, je sais parfaitement que je ne pourrai plus me relever.

Les bruits sont toujours les mêmes. Les pas des gardes faisant leurs rondes, les couinements des rats, les gouttes d'eau tombant sur les carreaux sales et fissurés. Mes yeux se portent sur le mur délabré en face de moi. Après tout, c'est la seule chose que je puisse voir de l'endroit où je suis.

Ma vision et mon ouïe sont peut-être concentrés sur mon entourage, mais mon esprit est ailleurs. Sans cesse, je me remémore la façon dont j'ai été traîné ici, le visage de celui qui voulait ma mort, ainsi que de l'homme qui m'a enfermé et isolé sur cette île. Je pense à elle, qui doit me croire mort...

Soudain, des pas se font entendre à l'extérieur. On dirait qu'ils sont plusieurs. Cette situation n'est pas habituelle, puisque les gardes ne sortent jamais, et que mon seul visiteur est mon « sauveur ». Je me redresse alors d'un bon, en poussant contre le mur, puis m'accroche aux barreaux de ma fenêtre. Tout en collant ma tête contre le métal froid, dégageant une forte odeur de fer, j'observe ce qu'il se passe dehors.

Trois hommes se baladent, observant les environs, suffisamment près pour que je puisse les appeler.

– Eh oh ! Je suis là ! Approchez !

L'un d'eux me cherche au son de ma voix, jusqu'à ce que son regard se pose sur moi. L'homme plisse alors les yeux en ma direction, avant de venir me rejoindre. Il s'agenouille alors devant ma cellule sous-terraine, puis me fixe avec méfiance.

– Que fais-tu ici ?

– J'ai été fait prisonnier ici par injustice.

– Quel était ton crime ?

– D'avoir aimé une femme... Son mari a voulu se venger de moi. S'il vous plaît, aidez-moi à sortir d'ici.

L'homme m'observe attentivement, comme si j'étais un animal sauvage dont il fallait se méfier.

– Je ne suis pas armé, alors en quoi puis-je vous faire du mal ? demandai-je pour tenter de le rassurer.

– Mais qui nous dit que tu ne nous tueras pas plus tard ?

– Je veux seulement quitter cette île et sortir d'ici. Pourquoi tuer ceux qui m'auraient sauvé ?

Mon interlocuteur hoche la tête, d'un air entendu. Il se retourne vers ses hommes, et leur dit de retourner au bateau chercher les autres.

– Tu as intérêt de dire vrai, car je ne fais pas partie des personnes qui donnent une seconde chance.

– Oh merci ! Mille mercis monsieur.

– On attaquera cette nuit, ça sera plus sûr. Je vais rassembler mes hommes pour cacher le bateau, et nous réfléchirons à un plan.

Le marin s'enfuie alors, avec ses compagnons. Le sourire aux lèvres, je retourne à ma position, c'est-à-dire adossé contre le mur. Ce soir je serai libre, enfin. 

Akenna-TOME 2- Le retour du serpentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant