Akenna-TOME 2- Le retour du serpent

Chapitre 13

Quelques jours plus tard, Agamédès a demandé à rencontrer Ectellion. J'ai avoué son identité la veille, et ils ont tout de suite compris de qui il s'agissait. Après tout, ils connaissent tous les deux mon histoire.

Nous traversons les nombreux couloirs pour rejoindre la salle du trône. Ectellion paraît nerveux, car son regard est vide et ses mains tremblantes. Je me rapproche alors davantage de lui, et lui prends la main, pour le rassurer.

– Que me veulent-ils à ton avis ? demanda-t-il.

– Aucun mal, ne te fais aucun souci. Le roi et la reine sont des personnes d'honneur et bienveillantes. Ils veulent simplement te rencontrer, et rien de plus. Je dois avouer, que j'ai beaucoup parlé de toi à la reine.

– Et bien, je sens qu'on va y passer l'après-midi.

Je ris, tandis qu'Ectellion m'attire contre lui. En me voyant, les gardes s'écartent des portes menant vers la salle du trône. La réaction de ces derniers étonne beaucoup Ectellion qui fronce les sourcils.

– J'ai de quoi m'inquiéter.

– Pourquoi dis-tu cela ?

– Si les gardes te respectent autant, c'est qu'ils ont peur de toi. Tu t'es beaucoup entraînée à te battre, depuis mon départ ?

– Tous les jours. Mais en ce qui concerne les gardes, ils n'ont aucune crainte face à moi. C'est juste qu'ils me connaissent, et qu'ils ont été informés de ma venue, rien de plus.

– Hum, je persiste à me méfier de toi.

Je secoue la tête, tout en levant les yeux au ciel. Certes, j'ai énormément pratiqué le combat dans la salle d'entraînement, mais ce n'est pas pour cela que les autres ont peur de moi. Le seul que je veux voir trembler de terreur en me voyant, n'est autre que le fruit de mes cauchemars.

Les portes de la salle du trône s'ouvrent en grand, pour laisser place aux deux souverains, installés sur leurs sièges de cérémonie, leur regard braqué sur Ectellion, dont la pression sur ma main augmente à chacun de nos pas.

– Ça va aller, d'accord ? murmurai-je.

– On verra bien.

Je lâche Ectellion, et me dirige vers Khione, pour me placer à ses côtés. Tout en marchant, je croise le regard froid d'Hypérion qui me toise avec une multitude de reproches. Sa jalousie doit être plus dévastatrice que le Kraken lui-même. Je détourne les yeux pour éviter son regard de tueur, puis me poste aux côtés de Khione.

Agamédès reste silencieux, observant minutieusement les moindres faits et gestes d'Ectellion. Il se penche en avant, et appuie ses coudes sur ses genoux, les mains jointes contre ses lèvres.

– Tu es bien Ectellion n'est-ce pas ? demanda-t-il enfin.

– Oui, mon seigneur.

– Akenna nous a raconté ce qu'il t'est arrivé. Comment te sens-tu ?

– Mieux, depuis que je suis arrivé ici.

– Bien. Et tu voudrais rester je suppose.

– Si sa majesté y consent.

– Que cherches-tu exactement ?

– Pas grand-chose mon roi. J'ai vécu dans la misère toute mon enfance, et seul. Tout ce que je désire c'est protéger la femme que j'aime et mon enfant.

– Depuis son arrivée, Akenna est la personne la plus dévouée que je connaisse. As-tu cette qualité toi aussi ?

– Je suis prêt à vous servir sir. Puisqu'Akenna a confiance en vous, alors vous obtenez mon dévouement le plus sincère.

– C'est ce que je voulais entendre. Puisque tu as déjà été envoyé vers de rudes batailles, tu dois savoir très bien te battre.

– En effet, sir.

– Parfait. Il me faudrait un second garde du corps. Quelqu'un en qui je peux avoir confiance. Te sens-tu capable de remplir cette tâche, Ectellion ?

– Je ferai de mon mieux pour ne pas vous décevoir.

Agamédès rit aux éclats, et se penche davantage pour me voir.

– Il me plaît ton escroc, dit le roi.

– C'est un homme de parole, sir. Croyez-moi.

– Je n'en doute pas. Et bien, tu es engagé !

– Sir, puis-je émettre une objection ?

Les paroles d'Hypérion ont laissé place au silence dans la salle. Le chef de la garde quitte son poste et se place devant le roi, avec son regard habituel, dur et intimidant.

– Je t'écoute mon ami, déclara Agamédès.

– Je doute fortement du dévouement de cet étranger. On ne le connait même pas, alors pourquoi lui faire confiance seulement parce qu'Akenna...

Il fait une pause, et se tourne vers moi, les joues rouges de colère.

– ...l'apprécie, finit-il.

– Si j'avais réellement une confiance aveugle envers Akenna, je n'aurais pas demandé à rencontrer Ectellion. Ton comportement m'étonne Hypérion. Depuis l'arrivée d'Akenna, tu me conseille d'écouter ses paroles, comme si c'était les dieux qui parlaient pour elle. Pourquoi changer d'avis tout d'un coup ?

– Pour rien, sir. Ma remarque était stupide et déplacée. Je m'en excuse.

Sur ce, Hypérion fait une révérence et se retire aussi vite que le vent. La porte claque dans un résonnement qui fait sursauter tout le monde. Agamédès se frotte le visage, sans doute exaspéré par le comportement excessif d'Hypérion. Khione essaie de lui enlever cette dose de nervosité en lui prenant la main. D'un signe de tête, Agamédès ordonne à tout le monde de sortir.

Je quitte alors mon poste, et fais comprendre à Ectellion, qu'il doit se retirer. Nous quittons alors la salle du trône, et nous dirigeons vers le jardin.

– Alors, tu vas me dire quel est le problème de ce fameux Hypérion ? quémanda Ectellion.

– C'est long et compliqué à expliquer.

– J'ai tout mon temps.

Je soupire, tout en levant les yeux vers la toile attachée sur chaque colonne du palais, nous protégeant du soleil. Autrefois, j'aimais tellement sentir ses rayons sur ma peau. Mais à présent, j'ai peur de ses brûlures.

– Il était mon ami autrefois. Seulement, il y a quelques jours, il m'a avoué ses sentiments.

– C'est bien ce que je pensais.

– Mais je l'ai repoussé, je te le jure, affirmai-je en me postant devant Ectellion.

– Je te crois, ne t'en fais pas. Il ne me fait pas peur, j'ai d'autres soucis en tête que cet Hypérion.

Ses doigts caressent délicatement ma joue, alors que je souris, comblée de bonheur. Je me rapproche de ses lèvres, que j'embrasse avec ardeur. J'ai toujours du mal à réaliser qu'Ectellion est bien là, et qu'il le sera longtemps. Maintenant que mes alliés divins l'ont retrouvé, ils veilleront sur lui, tout comme ils le font avec moi et Emeïdes. Il est en sécurité à présent, j'en suis certaine.