Akenna-TOME 2- Le retour du serpent

Chapitre 27

Le lendemain matin, après m'être bien reposée, je quitte le palais des Amazones, pour prendre un peu l'air. À peine ai-je mis le nez dehors, que j'entends des cris de guerrières, et des entrechoquements de glaives. Les Amazones sont peut-être des tueuses de sang froid, mais également d'incroyables combattantes. C'est une occasion rare d'assister à un de leurs entraînements.

Je me rapproche de Khlarys, qui assène de violents coups à l'une de ses élèves. Son regard est aussi effrayant et intimidant que la lame de son glaive, parfaitement aiguisée. Ses jambes, tout aussi musclées qu'un taureau, sont stables, et prêtes à charger à tout moment. Ce spectacle est juste magnifique à voir. Je me suis entraînée durant ces trois dernières années pour pouvoir un jour montrer mes compétences. Suis-je assez forte pour battre la redoutable Khlarys ? La combattante finit par remarquer ma présence, et me sourit méchamment. Après avoir frappé une dernière fois sa victime, elle se dirige vers moi, le glaive sur son épaule.

– Impressionnée hein ? se venta-t-elle.

– Je dois avouer que oui.

– Mais je commence à m'ennuyer. Ces débutantes ne sont pas amusantes du tout. Elles tombent trop facilement.

– Une nouvelle adversaire, ça te dirait ?

Un sourire amusé se dresse sur le visage de Khlarys. Je suis certaine qu'elle va accepter mon défi. Mais elle ne sait pas qui elle va affronter, et c'est cela qui m'amuse le plus.

– Je ne dirai jamais non contre un peu plus sang, en particulier lorsqu'il s'agit d'une ancienne déesse.

Je choisis une arme, puis la teste en frappant dans le vide. Après cela, je me place sur le terrain d'entraînement, et attends l'arrivée de la redoutable Khlarys. Toutes les autres Amazones ont cessé leurs activités, pour former un cercle autour de nous, et observer le combat. Vêtue comme elles, je me sens moins différente, dans ce pays que je ne connais pas. Je suis tellement loin de chez moi...

– Prête, fille de Poséidon ?

– Plus que jamais.

– Alors prépares-toi à avoir mal.

Je me mets en position, et fusille mon adversaire du regard. Ce n'est pas Khlarys que je vois à ce moment-là, mais Ectellion. Je me remémore tous ses conseils, et toutes les attitudes qu'il prenait pour me déstabiliser. Ne pas me battre avec la colère. Voilà ses plus précieuses paroles qui me serviront aujourd'hui.

– Aurais-tu peur ? demanda Khlarys en riant.

– Peur ? J'ai vécu trop longtemps dans ce sentiment pour être effrayée par une simple femme.

Les poings de l'Amazone se serrent, tandis que sa mâchoire se crispe. Mon objectif était de l'énerver, et cela a fonctionné. Pour la mettre encore plus hors d'elle, je continue de me moquer.

– Oh, je t'ai offensée ? Mais ce n'était pas mon intension. J'ai simplement rappelé que tu n'es qu'une simple mortelle, qui se croit meilleure que tout le monde. Au fond, c'est toi qui as peur.

Khlarys lève son glaive, et se jette sur moi tout en criant de rage. Elle s'apprêtait à attaquer, mais j'esquive sa ruse d'un simple mouvement sur le côté. La guerrière lance un nouvel acte pour me déstabiliser, en tentant de viser plus bas. Je souris devant son agacement, puis laisse son coup tomber une nouvelle fois dans le vide. Le combat est rude, je dois l'avouer, mais pas assez pour me rendre faible.

– Tu es rapide, Khlarys. Mais visiblement, pas assez.

Cette fois-ci, c'est moi qui porte le coup d'attaque. Mon glaive baissé, pour donner l'illusion de vouloir viser ses jambes, je m'avance vers l'Amazone. Son regard se porte directement sur mon arme abaissée, tandis qu'elle prépare son offensive. Quant à moi, je lève ma jambe, qui se tend, et la frappe au visage. Khlarys tombe au sol, et crache du sang. Mon attention est portée sur la reine des Amazones, qui vient de se joindre au spectacle. Elle observe attentivement chacun de mes mouvements.

Voyant sa reine, Khlarys se relève alors d'un bon, en s'appuyant sur ses mains. En même pas une seconde, elle se retrouve déjà face à moi, plus menaçante que jamais. Voyant qu'elle hésite à attaquer, je prends les devants et commence à courir, tout en effectuant une rondade, ce qui, grâce à la vitesse, me permet d'enchaîner par une rotation arrière, en m'appuyant sur mes mains. Mes pieds viennent percuter encore une fois le visage de Khlarys, qui tombe de nouveau au sol, sans parvenir cette fois-ci à se relever.

Le combat est terminé. Essoufflée, je laisse tomber le glaive au sol, et tends ma main à l'Amazone, pour l'aider à se relever. Elle hésite un instant, puis se tourne vers Nesrín, qui lui fait bien comprendre du regard, que le combat est maintenant terminé. Mon adversaire accepte alors mon aide, et se remet debout.

– Plus coriace que je ne le pensais, dit-elle en s'essayant la bouche, dont du sang s'échappe encore.

– Ne sous-estimes plus jamais personne, c'est un conseil que je te donne.

– Et je le prends à la lettre.

L'Amazone me tend sa main, que je serre immédiatement. D'un coup, elle tire et m'oblige à me rapprocher d'elle.

– Mais crois-moi Akenna, j'aurais ma revanche.

– C'est ce que nous verrons.

Khlarys se met à rire, puis quitte le terrain, suivie par deux autres Amazones. Toutes les guerrières reprennent leurs activités, tandis que Nesrín reste sur place, comme si des racines avaient poussé sous ses pieds, et qu'elle ne pouvait plus bouger. Le vent commence à se lever, et vient rafraîchir l'atmosphère. La reine des Amazones se rapproche de moi, jusqu'à ce qu'elle puisse parler, sans que personne à part moi, ne puisse l'entendre.

– Viens marcher avec moi sur la plage, j'ai à te parler.

Sans m'attendre, Nesrín quitte le terrain d'entraînement, pour se diriger vers la plage. Je la suis, envahie par la curiosité, mais aussi par l'anxiété. Peut-être que le fait d'avoir battu sa meilleure guerrière, la replonge dans son côté hostile. Il se pourrait que je perde l'amitié de la reine des Amazones. Si cela est le cas, je crains fort d'être perdue. Mais ne brusquons pas les évènements, et attendons d'entendre ce qu'elle a à me dire. Après tout, je me suis déjà trompée sur beaucoup de choses en ce qui concerne les Amazones. Car elles ne sont pas aussi inhumaines que le dit leur légende.