Chapitre 24

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Le lendemain matin, lorsque je me réveille, Hélios n'est plus là. Je me redresse et pousse un long soupir. J'ai réussi à m'endormir, mais très tard... La présence du serpent me gênait atrocement. J'aurais pu m'enfuir pendant son sommeil, mais je savais pertinemment qu'Hélios gardait un œil sur moi, doutant encore des effets de l'élixir.

Je décide donc de continuer de jouer le jeu, le temps de trouver un moyen de m'enfuir de cette maison, dont le terrain est placé au sommet d'une montagne, tel de Mont Olympe. Je ne sais pas ce qu'il y a en-dessous, et je dois le découvrir. La seule façon d'obtenir des informations, c'est de dialoguer avec Hélios. Je me balade donc dans la bâtisse, dont je sais que des yeux se cachent derrière les murs. Il m'observe, pour évaluer ma façon d'agir. Le serpent est sournois, et difficilement manipulable.

– Hélios ? l'appelai-je.

À la seconde même où je termine ma phrase, je sens des bras m'encercler et m'attirer contre un torse ferme.

– Je suis là Akenna.

– Tu m'avais promis de ne jamais trop t'éloigner de moi...

– Mais je suis toujours là pour te protéger.

Je souris difficilement, bien trop dégoûtée par les mots doux qu'il prononce. Pour moi, ce sont les sifflements du serpent qui se propagent dans le couloir.

– Tu dois avoir faim mon amour, supposa Hélios.

– Un peu...

– Ne mens pas, je sais parfaitement que tu es affamée.

– C'est vrai...

– Viens.

Le dieu du soleil place sa main autour de ma taille, et me conduit jusqu'à une salle à manger. La proximité que nous avons à ce moment-là, ne plairait pas à Ectellion... Je ferme les yeux pour ne pas penser à lui. Il faut que je reste concentrée sur mon objectif premier. Hélios tire une chaise, et m'invite à m'asseoir. Tout en m'installant, le serpent me dépose un baiser répugnant sur la joue. Je ne peux m'empêcher de grimacer. Heureusement, je suis dos à Hélios. Il ne peut donc pas voir ma réaction. Je suis étonnée de voir du nectar et de l'ambroisie arriver. Puis je me souviens que je suis censée être encore une déesse. L'élixir d'amnésie m'a fait oublier tous les évènements qui se sont déroulés après cette date.

– Tu n'en prendras qu'un peu Akenna.

– De quoi parles-tu ?

– Du nectar et de l'ambroisie. Tu dois t'y habituer.

– Mais ça va faire un an que j'en consomme.

– Peut-être, mais...ton enlèvement t'a fait perdre tes pouvoirs et ton immortalité. Il faut que tu t'habitues de nouveau à ta vie de déesse.

– D'accord.

Les serviteurs apportent alors de la viande et des fruits. Je souris en voyant cela, car il était hors de question que je boive une seule goûte de nectar. Hélios ne me quitte pas des yeux, les lèvres étirées. Je m'efforce de lui montrer un geste affectueux, en dévoilant mon plus beau sourire.

– Pourquoi me dévisages-tu ainsi ? demandai-je.

– N'en ai-je pas le droit ?

– Bien sûr que si, mais on dirait que c'est la première fois que tu me vois.

– Ce n'est pas vraiment l'impression que j'ai. C'est plutôt comme si...je ne t'avais pas vue depuis des années.

– Mais enfin, c'est impossible, dis-je en riant.

– Tu as raison, je suis idiot. Seulement...puis-je te demander quelque chose ?

– Quoi donc ?

– Viens m'embrasser.

Je manque de faire tomber ma fourchette au sol. C'est la parole de trop, l'une des seules choses que je ne puisse faire. Et pourtant, il faudra bien que je le fasse... Je réfléchis hâtivement afin de trouver une échappatoire.

– Chéri, s'il te plaît, je meurs de faim.

– C'est bien la première fois que tu me refuses un baiser.

– Et toi, c'est bien étrange que tu ne sois pas sur ton char à cette heure-ci.

Je m'arrête de parler, car ma voix écorche les mots. Ma haine ressort, et cela ne doit pas arriver. Hélios semble d'ailleurs le remarquer, puisqu'il se met à froncer les sourcils.

– J'ai enseigné cette tâche à Apollon en échange...d'un certain service.

– C'est donc lui qui tire le soleil à cet instant ?

– Oui.

La voix d'Hélios se fait beaucoup trop agressive et méfiante à mon goût. Je dois regagner sa confiance, et très vite. Je me lève alors, tout en lui souriant, et m'approche de lui pour l'embrasser. Mais, tout en me déplaçant jusqu'à la chaise du serpent, des nuages s'écartent, me laissant entrevoir une étendue bleue aux pieds de la montagne. La mer... Hélios se méfit déjà de moi, et je ne pourrai plus tenir longtemps. Il faut que j'agisse maintenant.

Je me penche alors vers le dieu du soleil, qui à présent affiche un sourire satisfait. J'allais déposer mes lèvres sur les siennes, mais de ma main droite, j'attrape son couteau et lui plante dans l'œil. Un cri abominable se fait entendre dans toute la maison, tandis que je prends la fuite. Hélios se lève et arrache le couteau, en me lançant de son œil restant, le regard le plus noir et haineux qu'il puisse donner.

Je cours alors vers le balcon, enjambe le muret, et saute sans aucune hésitation dans le vide. Je bats des jambes et des bras, alors que mes cheveux et le bas de ma robe s'envolent à cause de la force du vent. Ma respiration coupée, je me laisse porter dans le vide, jusqu'à ce que je dépasse les nuages, et observe les pieds de la montagne. La mer, comme je l'avais prévu, domine tout le paysage. J'ai de grandes chances de mourir à cause de cette chute, mais au moins, je n'aurais plus à supporter la vue d'Hélios, mon immortel ennemi, mais également mon pire cauchemar. Je lui échappe encore une fois, mais c'est peut-être bien la dernière fois que je vois la lumière du jour.

Je plonge dans l'eau, et c'est là que je ressens une profonde douleur dans la poitrine, me faisant sortir tout l'air de mes poumons. Je sens alors mes yeux se fermer, et mon esprit s'envoler...

Akenna-TOME 2- Le retour du serpentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant