MATTHIEU

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-Isaac !

Il s'est réveillé en sursaut.

-Tu faisais un cauchemar, lui ai-je appris.

Il a repris ses esprits pendant de longues secondes.

-C'est pas grave, ne t'inquiète pas, a-t-il essayé de me rassurer.

-Ça t'arrive souvent ?

Il n'a pas répondu.

-Oh, Isaac !

-C'est rien. Rendors-toi.

-Pourquoi tu fais des cauchemars ?

-J'ai pas envie d'en parler.

-Ouais, ben, pas de chance, j'ai vu ça maintenant je te laisserais pas t'en tirer comme ça. Tu vas me dire ce qui se passe. Tout de suite.

-Ça fait longtemps que j'en fait. Ça remonte à l'époque où j'étais encore gosse. J'étais terrifié par mon frère et voilà...

-Est-ce que... est-ce qu'il t'a déjà fait... du mal ?

Il est encore resté silencieux.

-Réponds-moi.

-Plus maintenant.

-Il t'en a fait ? Avant ?

-Quand j'étais plus petit, que je savais pas me défendre. Mais c'est fini maintenant.

-Isaac... C'est super grave. Tu devrais en parler à quelqu'un.

-Je t'ai déjà expliqué... Et puis... c'est mon frère.

-Si tu crois que ça excuse quelque chose...

-De toute façon, y a plus rien à dire. Je te le répète, c'est fini.

-Ouais, ben y a plutôt intérêt... Tu me le dirais si... si ça recommençait ?

Il m'a regardé un long moment.

-Ça recommencera pas.

-Isaac ! Promets-le-moi.

-Ok, ok. Je te le dirais, c'est promis.

-Merci.

-Pourquoi tu te fais du souci comme ça pour moi ?

-C'est quoi cette question ? T'es mon ami, c'est normal.

-Je sais pas. J'ai pas l'habitude, sûrement.

-Ben tu vas la prendre, l'habitude, avec moi.

Il a rigolé.

-Tu devrais te rendormir, a-t-il murmuré.

-Non, je suis plus fatigué. On peut parler.

-T'es sérieux, là ? Tu sais l'heure qu'il est ?

-Non, il est quelle heure ?

-J'en sais rien ! Mais sûrement tard.

-Tôt, tu veux dire.

-Ouais, t'as compris.

On a éclaté de rire en chœur.

-D'accord, alors parlons. De quoi veux-tu parler, cher ami ? m'a demandé Isaac.

-Aucune idée. Euh... parle-moi de tes passions.

-Mes passions ? Les escargots.

-C'est une blague ? ai-je fait après être parti en fou rire.

-Non, je te jure. Quand j'étais gosse, je faisais des élevages. Je les appelais par des noms de fruits et tout.

-Ah ouais, et ça donnait quoi ?

-Y avait des framboises, abricots, pêches, tout ça...

-Oh putain, je t'adore toi.

Je ne pouvais plus m'arrêter de rire.

-Non, plus sérieusement, je dirais la musique, a-t-il ajouté.

-Ah parce que tu leur chantais des chansons à tes escargots ? ai-je fait en m'esclaffant toujours.

-Ben ouais, quelle question. La musique, c'est ce qui permet de m'évader, ça a toujours été le cas.

-Je comprends totalement. Moi, c'est la lecture.

Ça a été son tour de se foutre de ma gueule.

-Genre toi, tu lis ?

-Mais oui ! Arrête de prendre cet air choqué. Comme on dit, l'habit ne fait pas le moine.

On s'est regardé pendant dix secondes avant d'éclater une nouvelle fois de rire.

Et on a continué comme ça pendant très, très longtemps.

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