Lost Boys

MATTHIEU

Je me laissais guider par Isaac dans les rues de Paris. Il avait l'air de s'y connaître assez, ce qui n'était pas tellement étonnant, ses parents devaient y aller souvent pour leur boulot.

-Bon, c'est cliché hein. Mais on est quand même à Paris, donc voilà, m'annonça mon ami.

-La Tour Eiffel. Ce voyage n'aurait pas pu commencer mieux !

-Alors, on n'est pas là en touristes, je te rappelle.

-Je sais, je sais. Laisse-moi profiter un peu du moment.

Nous nous sommes assis sur des marches, avec une sublime vue sur le monument le plus populaire de la France.

-Ça vaut sa réputation, ai-je admis.

-Ouais... Matthieu ?

-Oui ?

-Merci. Je ne pourrais jamais assez te le dire mais merci.

Je le fixais pendant de longues secondes.

-Je n'ai rien fait, Isaac.

-Tu m'as suivi. Je l'ai déjà dit mais on ne se connaît pas depuis longtemps. Et pourtant, tu m'as suivi.

-J'ai l'impression qu'on se connaît depuis toujours. Je sais que... enfin, je sais pas vraiment si on est ensemble ou quoi mais... ça a tout de suite fonctionné entre nous, non ?

-Oui, a-t-il dit en souriant. Je ne me suis jamais considéré comme... gay. Mais je n'ai jamais été attiré par une fille, pas que je me souvienne. Ça veut peut-être dire quelque chose, en fin de compte.

-Tu as tous les droits de l'être, tu sais. Tu ne devrais pas en avoir honte, jamais. Moi...je ne suis pas gay, Isaac. Je... je ne peux pas l'expliquer. C'est juste toi, c'est comme ça. Ça paraît évident et naturel.

-Mais tu es sorti avec des filles.

-Oui. Oui, bien sûr. Mais c'était différent. Tu es différent.

-Je sais pas ce qu'on est en train de faire.

-Tu devrais arrêter de te poser des questions, lui ai-je murmuré.

-Mais comment tu veux que je fasse autrement ? Tu viens de me dire que t'es pas gay. On a pas d'avenir, Matt. Je sais que tu m'aimes bien, c'est pour ça que tu m'accompagnes. Mais je crois pas pouvoir être juste ton ami.

-Je te demande pas ça. Tu veux quoi ? Que je te fasse une demande en mariage ? Je peux pas te promettre un avenir, ok ? Je suis même pas sûr d'en avoir un moi-même. On est en pleine fugue, là. Alors, non, je te promets rien. Mais je t'aime, Isaac. Je t'aime, d'accord ? Je suis prêt à te suivre n'importe où, là. On s'en fout que je sois gay ou pas, que tu sois un garçon ou pas. Je t'aime et c'est tout.

Il resta là, comme un con, à me regarder avec des yeux ronds.

-Ça, c'était une déclaration, finit-il par déclarer.

-Alors, t'en dis quoi ?

-On s'en fout. Je t'aime aussi. Je peux embrasser le marié ?

-Tu peux, lui dis-je en souriant.

Et il le fit.