ISAAC

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La fin de journée s'approchait et je sentais mon cœur battre plus vite au fur et à mesure que les minutes s'écoulaient. Je devais affronter mes parents aujourd'hui, c'était inévitable.

Quand, finalement, la sonnerie qui annonçait la fin des cours retentit, j'inspirais un grand coup et me tournait vers Matthieu.

-Je serais avec toi, dit-il en sachant très bien ce que je ressentais.

-Je ne veux pas retourner chez eux.

-Je sais. Moi aussi, je préférerais que tu restes chez nous. Mais, tu sais, ils peuvent impliquer la police et...

-Oui, l'ai-je coupé. Je dois y aller.

Il m'a adressé un regard rempli de regret et de tristesse.

-Je me déteste de t'obliger à retourner chez eux, chez ton frère.

-C'est ma famille que je le veuille ou non. Ça va aller, ne t'en fais pas.

En sortant, je fus surpris de voir qu'aucun de mes parents ne m'attendaient. Ils ne tenaient même pas à ce que je rentre.

-Est-ce que ça veut dire que tu peux rester chez moi ? a fait Matthieu avec une pointe d'espoir.

-Je dois m'expliquer avec eux. S'ils s'en foutent à ce point, je reviendrais peut-être. Mais je ne veux pas m'imposer, ton père est seul avec vous deux...

-Tu peux toujours rester caché dans mon armoire.

-Je ne tiens pas à vivre l'enfance d'Harry Potter, merci.

-N'importe quoi, lui, il était dans un placard !

-Oh, pardon, monsieur le fan.

-Je tiens à dire que Harry Potter est la meilleure œuvre littéraire et cinématographique de tous les temps. Et si tu n'es pas d'accord avec ça, il vaut mieux qu'on rompe tout de suite.

-Je ne me risquerais pas à te contredire alors.

-Bien.

-Tu m'accompagnes jusqu'à chez moi ? ai-je demandé.

-Evidemment.

Heureusement que le village n'était pas grand, tout était à proximité. L'appartement de Matthieu se trouvait dans la zone opposée à chez moi et pourtant, on pouvait y être à pied en vingt minutes grand maximum. La maison de mes parents se situait dans le quartier « huppé » du village, si l'on pouvait dire ça comme ça. Matthieu ne tarda pas à faire une réflexion à ce sujet :

-Ouah, t'es un gosse de riche en fait !

-T'avais jamais remarqué ?

-Il font quoi tes parents, déjà ? Je cherche des idées pour mon avenir.

-Mère avocate et père directeur de son entreprise cotée en bourse. Mais je ne te conseille pas de finir comme eux.

Matthieu se tut pendant quelques secondes.

-Si un jour je devais avoir un gosse, je ferais tout pour l'aimer du mieux possible et pour qu'il se sente bien chez lui, a-t-il repris.

-T'es bien romantique toi.

-C'est pas romantique, ça. Si j'avais dit que j'aimerais avoir un enfant avec toi, là, ce serait romantique.

-Non, ce serait juste bizarre et biologiquement impossible.

-Oh, toi alors.

Nous étions finalement arrivés devant chez moi. J'avais tellement envie de m'enfuir, là maintenant et de ne plus jamais revenir.

-Ça va bien se passer, m'a affirmé Matthieu comme s'il avait deviné mes pensées.

-Si tu le dis...

-Tu veux que je vienne avec toi ?

-Non, ce sera pire si tu es là.

-Tu m'appelles quand t'es rentré, d'accord ?

-Ils sont capables de me priver de téléphone et de m'enfermer dans la cave.

-Arrête, tu me fais peur. Si je n'ai pas de coup de fil avant 20h, je reviens toquer à ta porte et je ne repartirais que quand tu m'auras assuré que tu vas bien.

-T'es mignon. Ne t'inquiète pas trop, ils ne vont pas me tuer non plus.

-Si c'est le cas, je te vengerais en les tuant moi-même.

Je lui ai souri et je me suis avancé pour rentrer chez moi.

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