MATTHIEU

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J'avais passé une super journée. En fait, j'aimais beaucoup trop la compagnie d'Isaac, ça en devenait inquiétant. Si ça continuait, j'allais finir accro à lui.

Je croisais ma petite sœur en allant dans ma chambre.

-Alors, tu l'aimes bien ?

-Ouais, plutôt, ouais.

-C'est cool. Contente pour toi.

-Ouah, t'es malade, Cha ?

Elle a roulé des yeux.

-Je déconne, je te souhaite tout le malheur du monde.

-Je préfère ça. Et c'est réciproque.

Le lendemain fut une journée plutôt banale. J'en passais l'intégralité en compagnie d'Isaac et de ses potes. Ils étaient tous très sympas, je devais avouer. Ce ne fut que le soir, alors que mon père venait de rentrer, que cette journée devint enfin plus intéressante. Je reçus un appel de mon ami :

-Allo ?

-Matt ? a fait Isaac, d'une petite voix.

Je sus immédiatement qu'il s'était passé quelque chose.

-T'es où ? J'arrive.

-Je peux pas rester chez moi, je sais pas quoi faire. Je suis désolé d'appeler comme ça, je devrais régler mes problèmes tout seul, c'est pas à toi de m'aider.

-Hé, stop. Dis-moi où t'es.

-Pas loin du lycée. On se rejoint sur notre banc ?

-Je suis déjà en route.

Isaac était déjà là quand je suis arrivé. Il me lança un regard... bouleversant. Il avait l'air si désespéré, c'était horrible à voir.

-Alors, qu'est-ce qui se passe ?

-J'ai pas très envie d'en parler.

-Ok, c'est pas grave. Tu te confies pas souvent, t'es un petit gars secret, je commence à te connaître.

Il me fusilla du regard.

-Avec toi, ça semble facile. Tu sais, je fais pas confiance facilement. J'ai appris à me méfier des gens, à cause de mon frère. Mais toi... j'ai l'impression que je pourrais tout te dire. Ça fait peur, un peu.

-T'as pas à craindre quoi que ce soit avec moi. Je trahis jamais les personnes auxquelles je tiens. C'est une promesse.

-Mon frère me pourrit la vie. Tu sais, il met des idées dans la tête de mes parents et comme ça a toujours été leur préféré, il arrive à leur faire croire n'importe quoi. J'ai essayé. J'ai essayé de leur dire la vérité. Je les ai suppliés de pas m'envoyer dans ce pensionnat. Mais ils me croient pas, ils croient rien de ce que je leur dis. J'en peux plus, tu comprends. J'en ai marre d'essayer de leur prouver que je vaux la peine, que je mérite d'être leur fils. Ils changeront pas d'avis. Et mon frère aura ce qu'il a toujours voulu, que je dégage.

-Je ne comprends pas qu'ils ne t'accordent pas le bénéfice du doute, au moins.

-Je n'ai jamais su pourquoi. Pourquoi ont-ils toujours aimé Axel plus que moi, c'est pas faute d'avoir essayé. Je me suis toujours battu pour qu'ils voient en moi la même chose que lui. Mais sans succès.

-Il y a forcément un moyen pour qu'ils voient la vérité en face. Tu ne peux pas partir comme ça alors que je viens d'arriver, ai-je fait en souriant.

-Je crois pas. Y a rien à faire. J'ai peur, Matt. Je veux pas tout quitter. Pas comme ça.

-Je t'aiderais, je ferais tout ce qui faut. Si tu veux, j'irais parler à tes parents, je suis cap.

-Tu les connais pas, ils sont horribles. Je ne veux pas qu'ils te voient, ni mon frère. Il pourrait t'utiliser contre moi, il pourrait te faire du mal pour m'atteindre.

-C'est vraiment à ce point ? Tu devrais en parler à quelqu'un, tu sais.

-Mes parents sont trop influents pour ça, ils connaissent du monde. Ça se retournerait contre moi à coup sûr. Personne ne me croirait.

-En tout cas, moi je te crois. Je ferais tout mon possible pour t'aider à rester ici. Maintenant, il est tard, on devrait rentrer.

-Je peux pas rentrer. Je veux pas.

Je le sentais au bord des larmes. C'était si rare de le voir dans cet état, il paraissait si vulnérable.

-Mais pas chez toi, idiot, me suis-je exclamé. Tu dors chez moi, cette nuit. Pas question de te laisser retourner là-bas.

-Mais... et ton père ? Je ne vais pas m'incruster comme ça, tu lui en a même pas parlé.

-Je m'en fous qu'il soit d'accord ou pas. Sinon je dors dehors avec toi.

-Je sais pas ce que je ferais sans toi, Matthieu, a-t-il avoué en un sourire. T'es apparu dans ma vie si vite et j'ai déjà l'impression que tu m'es indispensable.

-Tiens, je me faisais la même réflexion ce matin. Allez, on y va. 

Lost BoysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant