Matthieu avait eu tellement de courage d'avouer ça comme ça. Je sais que jamais je ne pourrais faire pareil. Pas avec ma famille. Impossible.
Ça s'était bien passé, j'étais heureux. Je savais que son père et sa soeur étaient des gens biens mais là, c'était au-delà de nos espérances, à tous les deux.
Son père m'avait permis de rester ici. Après avoir écouté toute mon histoire, il en avait conclu que je ne pouvais pas retourner chez mes parents. Je n'aurais pas pu être plus heureux. Je ne savais pas exactement ce que le futur me réserverait mais Monsieur Boisseau m'avait assuré qu'il parlerait à la police, à des gens en qui on pouvait avoir confiance. En attendant mes dix-huit ans, je pourrais vivre avec eux à condition que je retourne au lycée. Ils m'avaient vraiment sauvé la vie.
Aujourd'hui, j'avais décidé de parler à Axel. Je prenais le risque de revenir chez mes parents mais j'avais vraiment besoin de conclure ce chapitre de ma vie. Matthieu avait tenu à m'accompagner. Je savais pertinemment que mes parents n'étaient jamais à la maison l'après-midi, je ne risquais pas de tomber sur eux.
-T'es sûr que tu veux faire ça ? M'a demandé encore une fois Matt.
-Absolument. J'en ai besoin.
Il a hoché la tête et on s'est précipité à l'intérieur. Je savais qu'Axel ne fermait jamais la porte à clef, souvenir de sa claustrophobie d'enfance.
-Axel ? Ai-je appelé, dans l'entrée.
Mon frère est apparu. Il parut sincèrement surpris que je revienne ici.
-Isaac ? Qu'est-ce que tu fais là ?
-Je dois te parler.
-Et si les parents rentrent ?
-Tu sais très bien que ce ne sera pas le cas. En seize ans, je ne les ai jamais vu à la maison à cette heure-ci.
-Tu vas bien ? Où est-ce que tu dors ?
-Je vais bien mais je ne peux pas te le dire.
Il a baissé les yeux.
-Je comprends. Je suis désolé...
-Je ne t'en veux pas. Je ne dis pas que je te fais confiance et que j'oublie tout ce que tu as fait. Mais je pense que tu n'étais pas entièrement coupable. Je voulais juste te dire... tu devrais partir. Va-t'en d'ici. Tu n'as qu'à leur piquer de l'argent, tu sais bien faire ça... Quitte cette vie.
-Pourquoi tu t'inquiètes encore pour moi après tout ça ?
-T'es mon frère. J'ai grandi avec toi, tu me protégeais à l'époque. Je ne veux pas qu'il te tue.
-Je le ferais. On ne se reverra peut-être pas, tu sais.
-Donne-moi des nouvelles au téléphone quand même. Tant que tu vas bien, ça ira pour moi.
-Merci, Isaac. Tu as toujours été bien meilleur que moi.
J'ai souri.
-Au-revoir Axel.
-Prends soin de toi.
Et j'ai enfin quitté cette maison. Sûrement pour toujours cette fois. Je reverrais mon frère, je n'en doutais pas trop. J'espérais secrètement que tout redeviendrait comme quand on était petits, entre nous. Et sans mes parents, je pense que cela serait possible.
-Matthieu ?
-Oui ?
-Merci pour tout ce que tu as fait pour moi. Tu sais, tu m'as sauvé la vie.
-Je pense que tu as aussi sauvé la mienne. Je n'aurais pas pu espérer mieux en arrivant ici. Et dire qu'au début, tu me détestais.
-Je faisais semblant. Tu m'agaçais parce que je t'appréciais.
On a rigolé tous les deux.
-Ça va aller, maintenant, hein ? A-t-il demandé.
-Oui. Tant qu'on est ensemble, rien ne peut nous arrêter, non ? Et un jour, je t'emmènerais à Paris. Mais cette fois, dans un hôtel de luxe !
-Tant qu'il n'est pas miteux, je me contenterais de peu.
Je l'ai embrassé.
-Je t'aime, Matt.
-Je t'aime aussi.
Et on est rentré chez lui. Je repensais à toutes les personnes qui m'entouraient.
Le père et la soeur de Matt. Sa famille qui m'accueillerait comme si j'en faisais réellement parti.
Mes amis qui accepteraient notre relation, à Matthieu et moi.
Mon frère, qui changerait finalement de vie et qui se détacherait de nos parents. Qui serait enfin libre d'être quelqu'un de meilleur.
Et Matthieu. Parce que c'était toujours à propos de lui, finalement.
Faut croire qu'en fin de compte, cette histoire se termine bien.
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Lost Boys
Teen FictionC'était une histoire d'amour compliquée. Une histoire d'amour incomprise. Une histoire d'amour critiquée. Une histoire d'amour impulsive. C'était pourtant une belle histoire. Mais pour certains c'était contradictoire. Ils ne savaient pas que nous n...