ISAAC

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J'étais donc monté incognito dans la chambre de Matthieu. Ce dernier était descendu prendre le dîner avec sa famille. Il avait promis de me ramener un petit quelque chose histoire que je ne meure pas de faim. Ça me faisait assez bizarre d'être dans sa chambre, sans lui.

J'étais sûr qu'il me laisserait rester chez lui encore un peu, il n'aurait jamais résisté à mon regard. Je dois lui sembler assez égoïste et carrément méchant à ne pas prévenir mes parents. Mais je sais qu'ils ne s'inquiètent pas. Du moins, pas tant que ça.

J'entendis alors des pas dans l'escalier. Je me cachais aussitôt dans l'armoire de mon ami. Heureusement qu'elle était grande et que je n'étais pas très gros. La porte de la chambre s'ouvrit et une voix familière se fit entendre.

-Isaac, tu peux sortir, ce n'est que moi.

-Tant mieux, j'étais pas très à l'aise là-dedans. Alors, c'était bien votre petit repas de famille ?

-Oh, comme d'habitude, tu sais. On a un peu parlé de toi.

-Ah, oui ? Ça m'intéresse, ça.

-Mon père t'aime bien. Charlie aussi.

-C'est réciproque. T'as une famille géniale.

-J'aurais aimé pouvoir te retourner le compliment.

J'éclatais de rire.

-Bon, c'est pas tout ça mais moi, je vais me coucher, a soudain annoncé Matthieu.

-Déjà ?

-Il y en a qui ont cours, demain.

-Oh, ça va, j'irais avec toi.

-Et tes parents ?

-S'ils ne se sont pas inquiétés jusque-là, je ne risque plus rien.

-Je n'en serais pas si sûr, à ta place.

Il commença à se déshabiller pour se mettre en caleçon.

-Tu pourrais prévenir quand tu fais ça, me suis-je écrié.

-Oh, c'est bon, t'as pratiquement le même corps que moi, sois pas si prude.

-Un très beau corps, en passant.

Il m'adressa un sourire confus.

-Me dis pas que tu viens de te faire un compliment, là.

-Si, absolument.

-T'es pas croyable.

Il sauta pratiquement sur son lit et s'étala de tout son long. Pendant que moi, je restais debout, un peu perplexe.

-Et... je dors où ?

-Ben, dans le placard.

Je le fixais pendant quelques secondes avant que nous éclations de rire.

-Viens.

-Quoi ?

-Viens, je te dis.

-Dans ton... lit ?

-Oui, pourquoi pas ? Je vois pas le problème. Tu comptes pas me violer pendant mon sommeil ?

-Je serais peut-être tenté.

-Allez, grouille.

Je m'installais donc à côté de lui dans son immense lit deux places. Ça me faisait vraiment bizarre d'être collé à Matthieu, à moitié nu en plus étant donné tout ce qu'il s'était passé.

-On peut dire qu'on brûle un peu les étapes, là, a-t-il pensé tout haut.

-Tu peux le dire.

Et là, sans que je m'y attende, il s'est penché vers moi pour m'embrasser. Evidemment, je lui ai rendu son baiser.

-Ouah, ai-je murmuré.

-Oui. C'est...

-Puissant.

-Ouais.

Nous nous sommes regardés longuement en souriant. J'ai fini par rompre le silence :

-Si j'avais su au début de cette année que ce garçon chiant assis à côté de moi en physique allait devenir une des personnes les plus importantes de ma vie...

-Je pense que tu ne l'aurais pas cru. Et que tu ne m'aurais jamais adressé la parole juste pour prouver que c'était faux.

-Probablement. Tu me connais bien.

-Et pourtant j'ai l'impression qu'il reste encore bien des choses à découvrir sur toi...

-T'as déjà eu une copine, Matthieu ? Je pose pas la question pour les copains.

Il s'est esclaffé et m'a répondu :

-Oui. Deux, mais c'était pas sérieux. Pas toi ?

-Jamais.

-Eh ben, pour une première expérience, c'est plutôt inhabituel.

-C'est sûr... Tu veux m'en parler ?

-Te parler de mes ex ? Euh, non, sans façon.

-Je veux dire... c'est différent avec une fille ? Et... t'as déjà couché avec l'une d'elles ?

-J'ai déjà couché avec plusieurs et pas que mes copines. Mais ça n'a pas d'importance, ok ? Maintenant, je suis avec toi et y a que ça qui compte. Bien sûr que ce sera différent de ce que j'ai vécu avec les filles mais tu sais quoi ? Ben, c'est tant mieux. Vu comment ça s'est fini, si je peux éviter les filles pour un certain temps, je ne dis pas non.

-Pour un certain temps, hein ? Et, comme ça, tu es avec moi ?

-Tu l'as cherché, maintenant tu l'as. Je te préviens, je suis pas un mec facile.

-J'avais déjà remarqué ça.

-Connard. 

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