ISAAC

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J'avais eu du mal à dormir. Et pas seulement à cause du matelas. Je réfléchissais... Je pensais à Matthieu, à notre relation. A quand j'allais pouvoir faire en sorte qu'il rentre chez lui. Au départ, j'avais pensé que nous pouvions rester ensemble longtemps. Mais je n'avais pas réfléchi. Matthieu avait un foyer, une famille, un avenir. Il devait rentrer chez lui pour ne pas gâcher sa vie. J'avais donc prévu de l'obliger à rentrer. Tant que nous serions ensemble, il ne me laisserait pas, j'en étais persuadé. Il fallait donc que je me débrouille pour qu'on rompe. Ça me brisait le coeur mais c'était pour le mieux. J'avais juste besoin de quelques jours. Quelques jours pour profiter de lui.

-Déjà debout ? M'a demandé mon ami, couché à côté de moi.

-Oui. Le matelas, tu sais...

Il se mit à rire doucement.

-Alors, quel est le programme d'aujourd'hui ? M'a-t-il questionné.

-T'as envie de faire quoi ?

-Je sais pas... Me promener main dans la main avec toi dans les rues de Paris ?

-T'es assez romantique pour nous deux, je crois, ai-je dit pour plaisanter. Qui l'aurait cru ?

Il me frappa de la main.

-Je plaisante pas. J'ai envie de profiter de nous deux.

Exactement ce que je pensais. S'il savait que ça ne durerait pas.

-D'accord. Alors, prépare toi, on part dans trente minutes.

Une fois dehors, nous étions prêts à visiter une fois de plus un autre coin de la capitale. J'essayais une nouvelle fois d'expliquer mon dilemme à Matthieu.

-Tu sais... je ne rentrerais probablement pas.

-Tu dis ça maintenant mais après quelques semaines, quand t'auras plus d'argent, tu feras quoi ? Tu peux pas fuguer éternellement.

-Je sais bien... Mais je peux pas rentrer non plus.

-Tu peux toujours rester chez moi. Je suis sûr que mon père t'accueillerait sans problème si on lui expliquait ce qui se passe.

-Mes parents tomberaient forcément sur moi, à un moment. Ton père serait complice. Je ne vais pas vous mettre dans la merde comme ça.

-Ecoute, ne parlons pas de ça maintenant. On aura tout le temps d'y penser.

Je lui lançais un regard triste, qu'il ne parut pas voir.

Les jours défilèrent à toute vitesse. Matthieu et moi, nous ne nous quittions plus. On passait notre journée à traîner dans Paris, à visiter, à manger aussi. A l'hôtel, on faisait l'amour, on dormait ensemble. Une petite routine s'était installée et je redoutais de plus en plus de tout gâcher. Mais après deux semaines passées, je devais me lancer. Matthieu devait rentrer chez lui, il était temps.

-Matt... Faut que je te parle, lui ai-je annoncé, à l'hôtel, avant de partir pour la promenade du matin.

-Ouh, j'aime pas trop ça. T'as l'air assez dramatique.

-Tu dois rentrer.

-Tu vas pas recommencer, a-t-il fait en levant les yeux au ciel.

-Si. Ecoute-moi. Il faut que tu rentres, des gens t'aiment, là-bas.

-Une personne m'aime aussi, ici.

Je fermais les yeux quelques secondes. Il me compliquait tellement la tâche.

-Je ne suis plus sûr...

-Sûr de quoi ?

-Sûr de nous. Notre relation. J'ai des doutes.

Je le vis me fixer, sans comprendre.

-Quoi ?

-Matthieu... Je crois qu'on a fait une erreur.

-Une erreur ? Tu te fous de ma gueule, a-t-il commencé à s'énerver.

-Calme-toi. Je dis juste que...

-Comment tu veux que je me calme ? Ça fait des semaines qu'on est ensemble, je suis parti avec toi, j'ai tout quitté pour toi. Et là, tu veux... Tu veux quoi, en fait ?

-On devrait... Tu devrais rentrer. Chez toi. J'ai besoin d'être seul.

Il me fixa d'un regard noir, un regard rempli de rage mais aussi de tristesse. Une infinie tristesse qui me serra le coeur.

-Ben tu sais quoi ? Reste seul. Reste dans ta merde. Mais ne m'appelle plus jamais, ok ? Si tu crois que je vais revenir après ça... Putain, t'es qu'un connard. T'avais juste besoin de compagnie ou quoi ? Parce que pour moi, c'était réel, ce qu'on a vécu.

Je sentis les larmes me monter aux yeux. Je n'avais pas prévu qu'il réagirait comme ça.

-T'as rien à dire ?

-Je suis désolé...

Il hocha la tête, des larmes roulant sur ses joues.

-Va te faire foutre, a-t-il crié en claquant la porte de l'hôtel.

C'était fait.

Je m'assis sur le lit et me mit à pleurer. 

Lost BoysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant