Lost Boys

ISAAC

Matthieu et moi avions rejoint l'arrêt de bus le plus proche. Il se faisait tard et nous avions décidé de dormir dans le bus pour être au chaud. Notre trajet devait nous mener à Paris, il allait durer six heures ce qui nous laisserait le temps de nous reposer pour arriver le lendemain matin.

-T'es déjà allé à Paris ? ai-je demandé, une fois installés dans le bus.

-Oui, quand j'étais plus petit. Avant, j'habitais à Metz, pas trop loin d'Ornes. Mon père a pensé que nous installer dans un coin paumé me calmerait un peu.

-Apparemment, ça a pas trop marché...

-Je trouve que j'ai été plutôt sage jusqu'à maintenant. C'est la faute à toi et ta mauvaise influence que j'en suis arrivé là.

-Tu vas rater les cours, t'en es conscient ? On a le bac de français, tu sais, lui ai-je rappelé.

-L'année du vrai bac, j'aurais peut-être réfléchi plus longtemps mais tu crois qu'une épreuve de quatre heures va me faire peur ?

-Deux épreuves, techniquement. T'oublies l'oral.

Il me jeta un regard assassin.

-Je viens avec toi, c'est tout. Ne cherche pas à m'en dissuader.

Je lui souris et l'embrassai.

-Je ne m'en lasserais jamais, a-t-il murmuré.

-Dors, maintenant. La journée de demain va être longue.

Il s'assoupit environ dix minutes après. Il était mignon quand il dormait. Pendant ce temps, je réfléchissais, j'avais toujours eu du mal à dormir dans les transports. Je me sentais mal d'embarquer Matthieu là-dedans mais en même temps, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans lui. Je n'arrivais pas à m'imaginer faire tout ce trajet seul. On était devenus tellement proches en si peu de temps, c'était fou. Je savais que notre relation était encore fragile, on ne se connaissait pratiquement pas et pourtant... pourtant j'avais l'impression de la connaître depuis toujours.

Je continuais à laisser mes pensées m'envahir jusqu'à ce que la fatigue prenne finalement le dessus.

Je me fis réveiller quelques heures après par Matthieu qui me secouait.

-Eh ben, toi quand tu dors, t'es une vraie marmotte ! s'est exclamé celui-ci.

-J'avais du sommeil à rattraper.

-Ouais, ben c'est plus le moment, là. On arrive.

Je regardais par la vitre et vis, qu'effectivement, nous étions à l'arrêt.

-C'est maintenant que l'aventure commence ! s'est-il exclamé.

Je le regardais, l'air un peu endormi.

-T'as l'air beaucoup trop enthousiaste pour quelqu'un qui vient de fuguer, lui ai-je rappelé.

-Vois plutôt ça comme des vacances ! Des vacances en compagnie de ma nouvelle personne préférée.

-Ta nouvelle personne préférée ? Rien que ça ?

-C'est comme ça que j'appelais ma mère. Avant.

-Oh. Est-ce que tu viens juste de remplacer ta mère par moi ?

-Dis comme ça, c'est un peu glauque. Oublie.

J'acquiesçai de la tête en souriant.

-Bon, qu'est-ce qu'on fait, maintenant ? a demandé Matthieu, quelques instants après.

-Viens, je voudrais t'emmener quelque part.