ISAAC

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Nous étions assis, Matthieu et moi, à la table de la cuisine pour prendre notre petit-déjeuner. Je vis Matt bailler longuement.

-Je t'avais dit de te recoucher, lui ai-je rappelé.

-Oh, ça va, t'étais bien content que je sois là, hein.

J'ai souri.

-C'est vrai. Je suis content quand t'es là.

Il m'a regardé pendant une longue minute.

-T'as fini de me mâter, me suis-je exclamé en éclatant de rire.

-Excuse-moi d'être ébloui par ta beauté, a-t-il répondu.

-Oula, ça commence dès le matin, les amoureux, est intervenue Charlie en arrivant dans la cuisine.

-Il n'y a pas d'heure pour aimer, a proclamé Matthieu.

Je n'ai pas pu m'empêcher de m'esclaffer une nouvelle fois.

-Tu vas me faire mourir de rire un jour, lui ai-je dit.

-Ecoute, pour ma part, je trouve que c'est une belle mort.

-Tout à fait d'accord, a rétorqué la jeune fille.

-Hello, les jeunes ! s'est écrié Luc, le dernier levé. Qu'est-ce qu'on mange ? J'ai une faim de loup !

Nous n'avions pas cours ce jour-ci, Matthieu m'avait donc proposé de traîner avec lui. Nous étions partis dès le matin pour aller en ville. Quand je dis en ville, c'est la ville la plus proche de notre village qui n'était pas complètement paumée. En l'occurrence, c'était Verdun, à une trentaine de minutes environ. Matthieu n'y avait jamais été, j'allais donc lui faire la visite. La dernière fois que j'y étais, c'était avec mes potes. Quand j'étais gosse, on y allait avec Axel. Les choses avaient bien changé, depuis.

-Je te présente Verdun ! me suis-je exclamé, quand nous arrivions. Magnifique ville, connue pour la guerre, évidemment. C'est un peu comme Ornes, tu enlèves juste l'atmosphère glauque, la non-célébrité et tu rajoutes des centres commerciaux, des restaurants et des touristes.

-En gros, c'est assez différent, quoi.

-Exactement.

Nous nous sommes promenés dans le centre-ville toute la matinée. Je lui ai montré mes coins préférés, où nous avions l'habitude de traîner avec la bande. Il était très enthousiasme, ce qui me faisait sourire. A midi, nous nous sommes arrêtés dans un petit restaurant.

-C'est vraiment cher, ici, a commenté mon ami.

-C'est sûr que comparé à Ornes, y a pas photo. Mais c'est super bon, je te le garantis. Et puis, je t'invite.

-T'as pas besoin de faire ça, a-t-il fait en souriant.

-Mais si, j'insiste. Que serait une visite guidée de ce nom sans le bon restaurant qui va avec ?

-Ah, j'ai compris. Faut que je paye le guide à la fin, c'est ça ?

-Bien vu. Je te ferais un tarif d'ami.

Après avoir bien mangé et avoir vu tout ce qu'il fallait voir, je lui proposais d'aller au cinéma. Nous avions choisi un film au hasard, qui commençait à l'heure où nous étions arrivés. Pendant la séance, nous n'arrêtions pas de commenter le film, ce qui devait agacer certaines personnes.

-C'était génial ! a crié Matthieu, en sortant de la salle.

-N'exagère pas, ce film était carrément moyen.

-Tu sais bien que je parle pas de ça.

Il s'est tourné vers moi, les yeux brillants de joie.

-Je n'avais pas passé une aussi bonne journée depuis bien longtemps. Merci pour ça, Isaac.

-Eh, il nous reste encore du temps avant notre bus. Ça te dit qu'on aille trainer au parc ?

Il acquiesça en silence.

Lost BoysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant