Chapitre 7:

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Une boussole. Une stupide boussole, voilà pourquoi ils avaient risqué leur vie et la raison pour laquelle Ashlyn est actuellement en train de subir la crise de nerfs de sa mère depuis qu'elle a franchi le seuil de la demeure Thornton.

-Bon sang, Ashlyn ! Où est-ce que tu avais la tête ?!

-C'est bon maman... C'était qu'une simple escapade, tente Ash en n'osant pas se retourner pour regarder sa mère dans les yeux.

La jeune fille se concentre sur l'eau qui s'échappe de son robinet. Elle place ses mains dessous, toujours sous les cris de sa mère, et les passe sur son visage.

-Un simple escapade ?! Tu as pris la fuite et tout ça pour quoi ? Pour retrouver ces petits délinquants !

Ash lâche un discret grognement et place sa main sur le bandage qui recouvre son bras en espérant le cacher mais sa mère l'a remarqué bien avant.

-Regarde en plus ce qu'ils t'ont fait !

-Il n'y sont pour rien, dit Ashlyn en haussant le ton. Si tu arrêtais d'être sans cesse sur mon dos peut-être que rien de tout ça ne serait arrivé !

-Baisse d'un ton jeune fille ! Tu sais très bien tous les sacrifices que j'ai dû faire pour tenter de redorer l'image de notre famille par ta faute !

Les muscles de Ash se contractent et ses poings se serrent. Ses yeux s'imbibent de larmes mais Ashlyn refuse de pleurer et se contente alors de tourner le dos à sa mère qui continue de lui crier dessus.

-Cesse de reporter la faute sur les autres, tu es l'unique responsable de ce qu'il s'est passé !

Malgré tous ses efforts, l'adolescente sent une larme s'échapper et couler le long de sa joue jusqu'à s'échouer sur ses lèvres, leur donnant un goût salé. Ashlyn secoue tristement sa tête de droite à gauche et la redresse seulement lorsqu'elle entend des pas provenant de l'escalier.

-Qu'est-ce que vous foutez à crier à cinq heures du mat' sérieusement ? demande Topper en frottant ses yeux éblouis par la lumière artificielle du salon.

-Demande à ta sœur, c'est elle qui est parti traîner avec ces... adolescents irresponsables !

Aussitôt le regard de Topper se dirige vers celui de sa sœur tandis que sa mère quitte la pièce rageusement, épuisée par le comportement de sa propre fille.

-Tu étais avec les Pogues ?

Ashlyn détourne le regard et se mord la lèvre inférieure. Elle a de plus en plus de mal à encaisser tous ces reproches injustifiés. Les yeux de Topper se pose alors sur le bras blessé de la jeune femme et son visage se ferme brusquement.

-C'est eux qui t'ont fait ça ?

-Non, répond fermement Ash. Non, ils n'ont rien fait du tout.

-Je vais éclater leurs sales gueules de Pogues contre un mur, affirme Topper en se dirigeant précipitamment vers la porte d'entrée.

Ashlyn, comprenant ses intentions, se précipite pour lui barrer la route.

-Arrête ! Topper, fais pas ça !

Mais l'aîné semble hors de lui, et tente d'écarter la cadette de son chemin.

-Tu peux pas faire ça ! Arrête-toi, je t'en prie !

Le Kook se stoppe soudainement, lançant une œillade glaçante et remplie d'avertissements à sa sœur qui déglutit.

-Ces gens sont dangereux ! Est-ce que je dois te rappeler que l'un d'entre eux m'a pointé un pistolet sur le crâne ? S'ils s'approchent encore une fois de toi, je les ferai payer. C'est compris ?

Ashlyn se retient de répliquer que ses fréquentations à lui ne sont pas non plus exemplaires mais en vue du regard qu'il lui jette, elle se contente d'acquiescer.

D'un pas rapide, le jeune homme contourne la Kook et sort de la maison en ne manquant pas de faire claquer la porte derrière lui.

L'adolescente fait un pas en arrière et souffle longuement en laissant s'échapper un sanglot furtif tout en se laissant glisser le long de la porte, mains contre ses tempes.

Elle reste plusieurs minutes contre cette dernière, ressassant en boucle les paroles de sa mère.

Redorer l'image de leur famille. Comme si c'était plus important que sa famille en elle-même. Mettre des pansements pour camoufler les plaies passées n'a aucune utilité si les blessures ne cicatrisent pas et, au contraire, restent ouvertes, s'infectent, la pourrissant de l'intérieur. Ashlyn souffre mais personne n'est là pour elle. Elle aurait beau hurler, personne ne serait là pour l'entendre. Et ça, ça la tue de l'intérieur.

On l'a puni pour quelque chose qu'elle n'a même pas commis... Pire que ça. Elle était la victime de ce qu'il s'était produit il y a quelques mois et elle en était devenue la coupable.

Sa famille était là oui... Mais seulement pour étouffer l'affaire. Ils étaient les pansements qui cachaient les blessures, pas le remède.

Ashlyn finit par se relever lorsqu'elle entend les pas de sa mère venir dans sa direction. Elle se retourne, saisit un sweat qu'elle enfile en un temps record et ouvre précipitamment la porte. La Kook fait ce qu'elle sait faire le mieux face à une situation sur laquelle elle n'a aucun contrôle: Prendre la fuite.

La jeune femme avance d'un pas pressé et se met à courir lorsqu'elle entend sa génitrice élever sa voix au loin.

-Ashlyn, reviens ici tout de suite !

Il fait tout juste jour et le ciel est uniquement composé de couleurs chaudes.

La Kook s'arrête à l'instant même où elle fait face à une petite maison de la Zone.

Elle ne sait pas depuis combien de temps elle court, en fait, elle s'est contentée d'avancer sans réfléchir, seulement guidée par ses rapides foulées. C'est pourquoi la surprise se lit clairement sur son visage quand elle se retrouve dans le territoire des Pogues.

Pourtant, malgré les avertissements de son frère, la jeune femme ne se décourage pas, elle sèche ses larmes d'un revers de manche et se dirige vers la porte de l'habitation qu'elle reconnaît comme étant celle de John B.

Son poing frappe à trois brèves reprises la porte et alors qu'il s'apprêtait à s'abattre une nouvelle fois, elle s'ouvre sur le Pogue qui semble légèrement endormi.

Ses yeux s'écarquillent soudainement lorsqu'ils rencontrent ceux de la Kook. Il est d'autant plus étonné quand il se remémore le départ de la jeune femme quand elle a compris que leur trouvaille ne se résumait qu'à une simple boussole.

-Je... peux entrer ? S'il te plaît...

La voix de l'adolescente est brisée et John B le remarque immédiatement. Quoi qu'il se soit passé, le Pogue devine à son visage qu'elle ne veut pas en parler alors il s'écarte de l'entrée pour la laisser passer.

La Kook entre en baissant honteusement sa tête vers le sol. Elle déteste se montrer vulnérable.

En fait, depuis quelques mois elle déteste montrer ses émotions, tout simplement. Mais en vue de ce qui s'apprête à tourmenter sa vie, la jeune Kook va devoir se forger une carapace bien solide pour dissimuler ses sentiments...

Outer Banks IIJJIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant