Après cet incident, je m'allonge sur mon lit et contemple mon plafond. Je dois me concentrer sur ces deux attaques. Celles de Dibagne et de Sayronne impliquent sans aucun doute les elfes, mais avec cette dernière, je sais qu'une personne était la cible de l'attaque. Sayronne m'est énormément familière, j'ai déjà entendu ce nom. J'essaye de plonger dans mes souvenirs et sans aucun doute, qu'une seule personne aurait pu me parler de cette ville.
Pour confirmer, je fouille mes affaires dans l'espoir de retrouver la lettre où elle en parle, mais sans surprise, je ne l'ai pas amenée. J'essaye de me peindre son écriture dans mon esprit et après plusieurs minutes de concentration, sur le plafond, je vois les mots de Thais. Mon unique amie qui en plus d'être une elfe sylvaine est la personne qui est la plus puissante et respectée de son peuple. Je me rappelle certains de ces mots "cacher", "expérience", "Sayronne".
Sans une seconde de doute, je sais que cette nuit, je dois me rendre dans cette ville. En courant, j'y serai dans plus de deux heures. Cependant, pour ne pas devoir me coltiner un garde du corps de la meute pour surveiller chacun de mes mouvements, je décide de m'y rendre la nuit. Je ne vais pas attirer l'attention et je pourrai enfin être un peu seule. Ça ne fait que quelques heures que je suis là, mais ma solitude me manque déjà beaucoup trop.
J'attends que la nuit soit déjà entamée pour bondir par la fenêtre. Le saut n'est pas énorme et je dois me faire discrète.
Heureusement pour moi, la demeure suprême est entourée par une forêt, ce qui me rapproche un peu plus du statut de fantôme. Je commence à courir, mais parmi les différents sons qui me bercent un me perturbe tout particulièrement. J'entends le cœur d'un cerf et le hululement d'une chouette. Cependant, dans tout cet orchestre auditif, je perçois un battement de cœur trop fort, trop rapide. Trop humain.
Quelqu'un me suit. Ça ne fait aucun doute. La question est : qui parmi la meute me suit ? Ezequiel ? Brett ? Idys ?
Voulant savoir, je m'arrête dans une clairière et dis :
« J'entends ton cœur...
- Tu as décidément de très bonnes oreilles, beaucoup plus que la normale, répond-il après un court silence.
- Que fais-tu ici Ezequiel ?
-Figure-toi que j'aime me balader en forêt la nuit et imagine ma surprise quand je te vis slalomer entre les arbres. Où vas-tu, me questionne-t-il en sortant de l'ombre.
- Je vais à Sayronne.
-Tu penses savoir qui est la personne disparue ?
Je ne réponds rien, mais c'est un silence éloquent. Il comprend donc que j'ai une piste. Il n'insiste pas. Parfait. Je décide de courir pour reprendre mon chemin en le laissant là. Cependant, ce dernier se met à ma vitesse et cours à côté de moi. Je ne le regarde pas et continue ma course, car je sais pertinemment qu'il ne voudra pas me laisser toute seule. Quel boulet.
Après une très longue course, nous arrivons devant la demeure de la personne disparue. Il ne sait pas plein une seconde pendant le trajet.
Je pénètre dans la maison, suivi de près par Ezequiel. Grâce à notre condition de loup-garou, l'obscurité de la maison n'est pas un problème. Moi qui ai du mal avec ma nature, je dois admettre que c'est plutôt pratique.
Tout en évitant les morceaux de meubles par terre, je vois dans le supposé salon une petite bibliothèque. Je m'y rends avec agilité. Ce meuble sculpté se trouve à la gauche d'un tableau représentant une forêt. Je m'approche et me penche pour ramasser les livres qui y sont tombés. Directement, plusieurs grimoires appuient ma théorie. Il y a des bouquins de toutes sortes, mais les plus récurrents sont ceux sur les elfes, la magie, les sorcières et les potions.
Je décide alors de me diriger vers une autre pièce de la maison : la chambre. Cet endroit, contrairement au reste de la maison, n'est pas saccagé. J'ouvre l'armoire et vois que ce meuble est rempli de grandes capes noires. Je ne saurais pas dire si ces vêtements appartiennent à une femme ou à un homme.
Je me remémore alors que les maisons des elfes Sylvains comportent toujours un ou plusieurs passages secrets. En effet, ces derniers vivent en marge des autres espèces, reclus dans une forêt magique impénétrable. Ce peuple est le plus mystérieux et celui dont les autres races ne connaissent presque rien. C'est pourquoi, dès que l'un de ses elfes verts sort de sa forêt (ce qui est extrêmement rare). Ils veulent rester cachés en se camouflant eux et leurs secrets à l'aide de passages, de cachettes, de souterrains... Je ne serais pas étonnée que Thais ait fait la même chose.
J'analyse scrupuleusement les différentes pièces qui constituent la maison. Je m'attarde sur le tableau à côté de la bibliothèque. Je ne sais pas pourquoi, mais je trouve ce tableau puissant. Ma main s'approche de la peinture qui tient seulement avec un crochet, et la décroche. Rien ne se trouve derrière, mais mon instinct me pousse à continuer dans cette direction. Je regarde alors derrière le tableau. Le dos est simplement en bois. Cependant, je remarque que deux anneaux y sont fixés. Un en bas et un haut. Ce détail me semble plutôt bizarre puisqu'il n'y a qu'un seul crochet sur le mur. Je décide d'enlever l'arrière du cadre pour pouvoir avoir accès à la peinture. Au dos de la toile, se trouve une phrase :
"La vision est l'art de voir les choses invisibles."
Ezequiel s'approche de moi et lit la phrase à son tour. Avant même qu'il ouvre la bouche, je comprends ce que cette citation veut dire.
Je mets la toile dans le cadre et l'accroche à l'envers.
Je me tourne vers Ezequiel et vois qu'il a les yeux qui brillent. Il semble possédé, hypnotisé. Je regarde alors dans la direction de son émerveillement : le tableau a pris vie.
C'est la fin du chapitre 10 ! Votez et commentez si l'histoire vous plait
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ME
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Le chant de la Lune (Terminée)
Người sóiTénébris. C'est le surnom qu'ils m'ont donné. Ils ont entendu parler d'une femme qui avait pour habitude de tuer dans la nuit et tel un super-héros ou plutôt un super-vilain, une personne est née. Enfin, j'ai plutôt ressuscité à vrai dire. La vengea...