Chapitre 64

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Lorsque je commence à reprendre conscience, je n'ai absolument pas mal à la tête. Totalement apaisée, je papillonne légèrement des yeux pour m'adapter à mon environnement. Mais lorsqu'ils sont totalement ouverts, je reste sans voix. Il n'y a rien. Pas un bruit. Pas un brin de lumière. Je suis seule. 

Je me rends compte que j'étais allongée directement au sol. Je me trouve dans un endroit où je ne perçois même pas les bords de la salle. Suis-je dans une prison ? Dans l'esprit d'une personne ? Ou est-ce le mélange des deux et je suis enfermée dans mon propre esprit ?

A côté de moi se trouve une petite torche sur un portoir au sol à quelques mètres. C'est l'unique lumière. Sur mes gardes, je commence à avancer en voulant comprendre ce que je fais là. 

Je suis submergée de question. Mais comment me suis-je retrouvée ici déjà ? Je n'ai plus aucun souvenir. Que s'est-il passé ? Quel est mon nom ? Qui suis-je ? 

Comment ai-je perdu la mémoire ? 

Je regarde ma tenue et constate que je porte seulement un habit assez dénudé et léger. Je sens au passage le long de mon bras des griffures. Me serais-je battue ? J'aime me battre ? Pourtant j'ai cette impression que je déteste la violence. Lorsque je me penche et que je vois une énorme blessure à la jambe, je dis :

-« Elle n'a pas eu le temps de cicatriser, elle est à peine soignée. Elle doit dater d'il y a quelques heures maximum. »

Je ne comprends même pas ce que je raconte. Pourquoi je parle toute seule ? Comment se fait-il que je sache ça ? Même si cela me parait assez logique, je ne suis pas capable de dater concrètement une blessure. Je pousse un énorme soufflement d'épuisement devant toutes ses questions, qui sont pour l'instant, sans réponse.

Je continue mon avancée, mais je ne vois pas la fin de cet endroit. Je suis partie à ma droite et ne pouvant marquer mon chemin, j'avance à l'aveugle. Simplement une torche en main, j'ai l'impression que je ne sortirais jamais de là.

Devant ce noir sans fin, j'en conclue que ce n'est surement pas le monde réel. Je rêve ? 

Le temps s'éternise sans que j'arrive à voir quelque chose. Et le moment fatidique arriva sans surprise : ma torche s'est entièrement consumée. Je n'ai plus de lumière. La source s'est éteinte, laissant derrière elle seulement les parfums braisés de son antique présence.

Mais étonnement, je me sens beaucoup plus en sécurité. J'ai l'impression de pouvoir enfin avancé. Maintenant que je suis dans le noir complet. A l'instant où je pense cela, une voix cristalline s'élève :

« Il faut parfois tout recommencer, tout effacer, chaque souvenir, chaque lumière, chaque personne, pour pouvoir avancer, afin d'enfin, arriver à l'objectif absolu. »

Je ne comprends pas le sens de ses paroles qui sonne comme celles d'un ange disparu. Mais mon temps de réflexion atteint son terme au moment même où je vois d'innombrables bulles tomber du ciel. Chaque bulle émet une étincelante lumière. On dirait des bulles de cristal, totalement aériennes et féériques. Ne pouvant les éviter, une première se pose sur ma peau. A l'instant où cette dernière caresse ma main, dans un son empli de douceur, j'entends des voix heureuses s'élever :

-"Et si on faisait autre chose qu'un cache-cache ?

-Comme quoi ?

-Hmmm et si on jouait au chevalier et à la princesse ?

-D'accord !"


Ces mots me semblent familiers empreints d'une certaine nostalgie. Cette voix féminine je ressens intimement que c'est la mienne enfant et celle masculine j'ai un sentiment inexplicable. Comme une sensation fraternelle. La sensation d'un frère qui ne m'a pas quitté. Qui est toujours là. 

Le chant de la Lune (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant