Chapitre 18 - 🌖

11.2K 734 20
                                    

Ma tête virevolte de gauche à droite pour secouer les brides de mon pénible passé. Je peux la fracasser dans tous les sens, jamais, ils ne disparaîtront. Mon histoire est encrée en moi et chacun de mes pores transpire la douleur pour tenter d'évacuer ces souvenirs sordides. Ma main vient toucher instinctivement la marque de mes bourreaux dans mon dos. Située entre mes deux omoplates, elle est là pour montrer que je ne serai plus jamais maîtresse de moi-même. Ils m'ont attrapé comme du bétail, marquée comme un cochon, tuée comme un porc. Durant plusieurs années, j'ai appartenu à un autre, et malgré la distance, toutes les nuits, je retourne entre ses doigts dégoutants.

La froideur de ses mains entoure mon cou qui s'empêche alors de respirer. Sa claque ou la mienne me ramène violemment sur terre. Je ne dois pas me laisser submerger par tout ça, tout ceci n'est plus. Je dois simplement garder en tête ma colère, ma vengeance. Je m'allonge tranquillement sur mon lit, pour repenser à toutes mes tentatives de paix intérieure. J'ai voulu une fois tuer mes démons, mais ce fut un échec éprouvant.

En effet, il y a un 11 ans, je suis retournée à ce foutu endroit qui m'a vu mourir à petit feu durant 5 interminables années. Non, sans difficulté, j'ai foulé les traces sombres de toute cette histoire, mais c'était en vain.

J'ai pénétré la maigre et étroite forêt qui encerclait cet antre démoniaque et à pas de loup, j'ai avancé. Tremblant, mon regard guettait dans tous les sens à la recherche d'un ennemi qui m'empêcherait de me libérer. C'était le jour, j'étais prête. J'étais devenue une machine à vengeance, une machine à tuer. Personne ne m'a découvert durant cette traversée, et pour cause... j'ai découvert un océan de ruines squelettiques jonchaient par des centaines d'ossements. J'ai contemplé durant des heures ce terrible spectacle merveilleux. Puis, j'ai examiné les restes du chaos qu'il avait régné.

La terre était fissurée. Les bâtiments retournés. Les cendres peignaient le sol d'une couleur au reflet sombre du ciel nuageux. La nature avait repris ses droits et je n'avais pas pu reprendre les miens.

Je n'ai jamais su ce qu'il s'était passé. Thaïs m'a expliqué quelque temps plus tard que les principaux dirigeants ont réussi à fuir malgré le carnage qu'il y avait eu. J'ai aussi compris que personne ne savait ce qu'il s'était réellement passé. Les principaux concernés étaient pour la plupart morts ou introuvable en raison de leurs activités discutables. La presse avait fait l'aveugle et moi la sourde.

Durant les années qui ont suivi mon frustrant passage sur les traces de mon passé, c'est déversé qu'à l'instant où ma lame transperçait mes anciens bourreaux. J'en ai tué plusieurs à travers les royaumes. Certains dans des endroits sublimes, d'autres au fin fond de caves, mais leur point commun furent qu'ils ont tous souffert le martyre avant de mourir. J'ai bien pris garde aussi que leur dernière image qu'ils aient de la vie, ce soit bien moi. Plus précisément, mes yeux noirs aspirant leurs âmes pour me satisfaire.

Toutefois, malgré tous ces carnages plaisants, je ne suis pas entièrement comblée. Il m'en reste deux à tuer. Les deux hommes qui hantent le plus mon passé : le chef et son second.

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Le chant de la Lune (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant