Chapitre 12 - 🌘

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Ça fait déjà plus de deux heures que l'on marche dans un calme reposant. Il m'aura fallu tout ce temps pour mettre derrière moi ce qui vient de se passer. J'efface la dernière blessure d'une lame dans un frisson douloureux.

Je sens ma main toucher obstinément une partie bien précise de mon dos. Un soupir s'échappe de ma bouche, attirant le regard d'Ezequiel. Je ne plonge pas dans ses yeux, ne voulant voir certaines émotions effrayantes.

Je me répète en boucle comme une mauvaise bobine qui a sauté "pense à autre chose". Alors avec l'entrain d'un automate rouillé, je repense au mot que Thaïs a murmuré telle une sauveuse.

Loren

Ce nom fait directement écho à l'un de mes souvenirs. Je prends une grande respiration, me replongeant dans une carte mentale où une forêt décorée du nom "Loren" est représentée.

Je ne me trompe pas. C'est bien le nom de l'endroit où se cachent les elfes verts. Une sorte de protection magique les préserve de la vue de parasites. Cette bulle leur permet d'avoir un avantage indéniable : l'effet de surprise. Dès qu'un intrus passe la frontière invisible, des gardes sont déjà en train de décocher des flèches mortelles.

Les elfes Sylvains sont beaucoup plus agiles et forts en maniements d'armes que les autres types de race, leur conférant encore un avantage. Ils détestent tellement la violence qu'ils ont développés une phobie des inconnus et ont dorénavant comme unique réflexe de tuer chaque étranger. Il faudra à jour leur expliquer que leur raisonnement est complètement con. De toute façon, je sais qu'ils ne peuvent rien faire contre moi, puisque je suis...

« Tu ne veux vraiment pas qu'on en parle, me coupe le loup dans mes pensées.

- Non, vraiment pas, Ezequiel.

- Mais tu as quand même été...

- Il me semble que j'ai répondu "non" à ta dernière question, Ezequiel.

- Arrête de m'appeler par mon nom.

- Merci de m'apprendre que tu es un adepte de surnom. Alors que veut le louveteau comme autre nom ?

- Tu sais très bien ce que je voulais dire... Mais si tu insistes quand j'étais petit, je voulais être un chevalier, donc tu peux m'appel...

- Un chevalier, le questionne-je en le coupant.

- Oui. Ne me dis pas que la grande Ténébris n'a jamais joué à la princesse et au preux chevalier ?

- Je pense que j'ai toujours été très loin de la princesse avec sa grande robe rose, rigole-je.

- Je ne suis étonnamment qu'à moitié surpris... Tu es décidément plus proche du grand méchant loup que de la délicate princesse.

- Si j'étais une princesse, j'aurais dû pleurer à ce moment-là, non ?

- Oui, mais on va te pardonner, tu n'as même pas la bonne tenue pour le personnage...

- C'est hors de question que je mette une robe rose ! Donc on va changer de sujet.

- Pourquoi pas, c'est joli une robe.

- Qu'est-ce que tu n'as pas compris d'en "changer de sujet" ?

- J'insiste, je paierai cher pour que l'unique Ténébris fasse la Une habillée de froufrous.

- Zut, moi qui ai toujours rêvé de porter une robe rose, je n'ai pas besoin d'argent !

- Dans ce cas, je te propose autre chose, rigole-t-il.

Le chant de la Lune (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant