Une fumée noire brouille ma vue. Je suis allongée dans l'herbe, car je sens simplement cette plante sous mes doigts fins. J'entends au loin un rire d'enfant, mais la scène m'est toujours inaccessible, à cause du brouillard noir. Je hume l'air et reconnais l'odeur de la forêt avec ses touches boisées et la fraîche odeur de la pluie. Tout ce qui m'est accessible pour l'instant. Ce sont les seuls souvenirs que j'ai de mon enfance avant que je ne gâche tout : des rires dans une forêt. Je ne sais pourquoi, mais je m'accroche à ce souvenir comme si mon avenir en dépendait. C'est insensé, mais mon esprit revient toujours à cette partie de mon histoire. À ce rire. À cette forêt.
Je me lève alors prête à affronter mon passé et mes souvenirs. J'essaye de traverser la brume, mais je comprends qu'elle épuise toutes mes forces en me faisant mal et en m'affaiblissant. Mais, je continue. Je sens qu'il faut que je le fasse. Je tente de traverser la fumée une première fois, mais je me stoppe, car la douleur est trop grande. Elle est insupportable. C'est un combat aussi bien psychologique que physique. Je tombe au sol, épuisée par l'effort que cela demande. Cependant, je me relève instantanément, prenant ma force et mon courage à deux mains. Je prends une grande respiration en me disant qu'il faut se battre pour avoir ce que l'on veut et que rien n'est facile dans la vie.
J'inspire. J'expire. Je prends une grande respiration et je mets toute ma force pour traverser ce champ magnétique. Et je me lance.
Instantanément, j'ai l'impression que ma peau s'arrache. Je cris de douleur. Mais j'avance.
J'avance, car une partie de mon histoire se trouve au-delà de cette fumée noire.
Je continue. Je sers les dents. Je souffre, mais j'avance.
Je vois enfin une lumière. Je prends mon courage et donne tout ce qu'il me reste. C'est dur, mais je ne lâche pas.
J'arrive enfin au bout. Dès que je suis entièrement sortie du brouillard, je me sens totalement libérée. J'ai l'impression que l'on m'a rendue mon souffle. Morte de fatigue, je tombe au sol dans un fracas. Je me suis battus pour après tant d'années pouvoir enfin revivre un moment de mon enfance. Je me suis battue contre le brouillard qui était en moi. J'ai bataillé pour mon passé. Et j'en suis fière. Je n'ai pas abandonné et je peux enfin voir ce qui m'entoure.
Revigorée, je me lève prestement. Je pose enfin mes yeux sur l'endroit. Le lieu où j'ai passé toute mon enfance m'est enfin visible. Je reconnais immédiatement cette forêt non loin de mon ancienne maison. Mais je ne la connais que de mes yeux d'adultes.
Un souvenir me revient. Je me rappelle que je devais emprunter pleins de passages secrets, pour pouvoir m'échapper de ma chambre.Je prends un coup dans le cœur quand je me vois courir en rigolant. Évidemment, le "moi" jeune, ne me perçoit pas. Cette image de moi enfant, m'arrache une unique larme. Cela faisait longtemps que mes yeux n'avaient pas été mouillés. Mais me voir : heureuse, jeune, insouciante, naïve ; loin de tout ce que je suis aujourd'hui, ne peux que me faire lâcher une larme. Et ce décalage me laisse sans voix. Même dans l'apparence, je ne suis plus la même fille. J'avais autrefois les cheveux très clairs, d'une couleur si particulière ; à l'opposé totalement de mes cheveux noirs tirant sur le bleu nuit.
Je vois dans mes yeux d'enfant que de la joie. Mes anciens yeux bleu-clair brillent d'un bonheur intense. Si intense que la lumière que renvoie mon regard pourrait guider un aveugle.
Je continue à regarder ce que j'étais, submergée par l'émotion, je n'ai d'yeux que pour mon "moi" du passé. Mais j'attends une fois encore le rire de l'enfant que j'étais. Mais étonnamment, ce rire est suivi par un gloussement tout aussi enfantin. Mais malgré la voix aigue de l'enfant, je reconnais l'hilarité d'un petit garçon. Je me retourne et l'enfant passe juste à côté de moi sans se rendre compte évidemment de ma présence. Je n'ai plus aucun souvenir de ce garçon. J'essaye de l'analyser pour le reconnaître, mais je suis coupée par le cri du petit :
-"Je t'ai trouvé !!
-Naaan, c'est pas juste !
-Pourquoaww ?" Dit le garçon en insistant sur la dernière syllabe.
Après quelques secondes d'hésitation, mon passé répond :
-"J'sais pas."
Je rigole d'un rire spontané devant le manque de répartie de mon "moi" et le petit garçon fait pareil. La petite fille boude alors. Le garçon s'arrête instantanément de rigoler. Il s'approche lentement, aillant peur d'avoir vexé son amie, mais dès qu'il est près de la petite fille, elle le prend dans ces bras et lui fait un gros câlin. Je suis totalement attendri devant cette petite scène mignonne. Les deux enfants, déséquilibrés, tombent dans un bruit de plume. Ils se regardent un instant, rougissent, et explosent de rire. Après avoir rigolé, ce que j'étais, dit :
-"Et si on faisait autre chose qu'un cache-cache ?"
-Comme quoi ?
-Hmmmm et si on jouait au chevalier et à la princesse ?
-D'accord !"
Les deux enfants se relevèrent dans un rire et partirent gaîment, prêts à jouer. Je commence à les suivre, curieuse, mais j'entends un cri grave :
-"Attention !"
Un cri.
Un cri.
-"Ténébris ! Réveille-toi !
J'ouvre les yeux et juste après Ezequiel me dit :
-"Erad est mort."
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C'est la fin de ce chapitre :)
Avez-vous des idées sur qui est le petit garçon ? Est-ce un enfant lambda ? Le rêve, se serait-il transformé en cauchemar ?
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Le chant de la Lune (Terminée)
Kurt AdamTénébris. C'est le surnom qu'ils m'ont donné. Ils ont entendu parler d'une femme qui avait pour habitude de tuer dans la nuit et tel un super-héros ou plutôt un super-vilain, une personne est née. Enfin, j'ai plutôt ressuscité à vrai dire. La vengea...