Allongée sur mon lit, je songe à la réunion de ce matin. La possible existence d'hybrides me retourne le cerveau. Pourquoi tout le monde est si obsédé par ces êtres ?
Persuadée, que la clef de notre réussite face aux elfes est ailleurs, je préfère penser à cette lutte contre nos ennemis introuvables qui se multiplient. Ils laissent simplement derrière eux des traînées d'orphelins, des parents sans enfants, des filles et garçons désespérés qui pleurent dans les bras d'inconnus. Je repense alors à cette femme qui est morte dans un soupir contre moi. Je ne connais pas son nom, mais elle a pourtant un point commun avec toutes les autres victimes : une innocente, morte dans une révolution qu'elle ne cautionnait même pas.
Coupée dans mes pensées chaotiques par des toquements soudain, je m'avance vers la porte. Sans même l'avoir ouverte, je sais qui se cache derrière. Son aura est tellement forte et troublante que j'en perds la raison. Mon corps souhaite fuir cette présence perturbante, mais je ne pourrais de toute façon pas fuir éternellement mon hôte. À demie-sûre, ma main vient baisser cette poignée pour me laisse voir la figure délicate, mais dure de l'Alpha Suprême. Nous nous jaugeons, un moment, absorbés par cette étrange sensation nous liant. Le regarder un instant, me semble obligatoire. Impatient, il entame toutefois :
« Je crois que nous devons avoir une discussion.
- Il paraîtrait que, oui. Entrez, je vous en prie. »
Sans attendre, il se précipite dans ma chambre, sûrement par peur d'être vu en train d'y entrer. Il semble contrarié et concentré dans une intense réflexion, mais son visage impassible m'empêche d'être certaine de mon analyse. Voulant, contre mon instinct, m'être un terme à cette situation, je commence :
« Je vous écoute. Que désirez-vous me dire ?
- C'est à propos... du problème.
- Du problème, demande-je pour plus de précision.
- De ce lien problématique, si vous préférez. À vrai dire, je ne souhaite absolument pas de ce dernier et de toute façon mon loup vous a refusé. »
Cette phrase me prend un peu de court. Je suis surprise d'être autant atteinte par ces mots. Même si je reste bien contente de ne pas me coltiner un âme-sœur transi, je me rends bien compte que sa décision me fait plus de mal que prévu. Ma louve pleure, crie et hurle à l'abandon pendant que je continue de cacher mes émotions mitigées. De ma voix la plus neutre et automate possible, je prononce :
« Très bien. Ma partie lycanthrope était, elle aussi, dans le même état d'esprit. C'est tout bonnement parfait !
- Merveilleux.
- Vous aimeriez peut-être rajouter quelque chose, avant de repartir ?
- Oui. Un dernier élément. Il en va de soi, mais j'aimerais que vous fassiez comme si le problème n'avait jamais existé et en d'autres termes, que vous ne le disiez à personne.
- Ne vous inquiétez pas, je ne comptais pas me venter d'un tel cadeau, ironise-je.
- Très bien. Au revoir dans ce cas.
- Au plaisir, dis-je hypocritement. »
Nous nous échangeons un dernier regard rempli d'une émotion indescriptible, puis Arden part.
À peine est-il dehors, que je décide de quitter cette pièce qui me parait irrespirable. Un poids sur mon cœur vient de se former et je me sens fébrile. Même si le lien n'est là que depuis quelque temps, je sens que son rejet me fait mal. Ce sera plus facile pour lui de passer à autre chose, mais je sais que cette douleur partira tôt ou tard. Je saute alors par la fenêtre pour m'enfoncer dans les bois sombres.
VOUS LISEZ
Le chant de la Lune (Terminée)
Loup-garouTénébris. C'est le surnom qu'ils m'ont donné. Ils ont entendu parler d'une femme qui avait pour habitude de tuer dans la nuit et tel un super-héros ou plutôt un super-vilain, une personne est née. Enfin, j'ai plutôt ressuscité à vrai dire. La vengea...