𝐋𝐞 𝐩𝐫𝐢𝐧𝐜𝐞 𝐝𝐞𝐬 é𝐭𝐨𝐢𝐥𝐞𝐬 - 𝐒𝐋𝐆

36 - Funny Face

Take me to Church - Hozier

Tournage.

Le chanteur peine à tenir en place, nerveux à l'idée de passer à la caméra. Toute la matinée, il a relu son texte, encore et encore, jusqu'à ce que sa vision se brouille. Pourtant, les mots ne parviennent pas à se fixer dans sa mémoire. Il n'y a rien que les paroles de l'Ombre qui repassent en boucle dans son crâne en une douleur assassine.

Il a pris soin de s'échauffer la voix, de faire des exercices vocaux, mais sa gorge reste nouée. Sa jambe tressaute, il essuie ses mains moites contre son kigurumi. Il est bien plus nerveux que son créateur qui a pourtant ingurgité de nombreuses tasses de café.

Ses pairs, eux, s'en sortent avec brio.

Le gameur paraît plus en forme que la semaine dernière, et se fait une joie de prendre des intonations geignardes devant l'objectif. Lorsqu'il croise les yeux du chanteur, il se contente de lui jeter un regard méprisant.

Comme s'il n'avait plus besoin de lui. Comme si ses plaies avaient déjà cicatrisé.

L'Ombre s'amuse à déblatérer ses remarques outrageuses, adressant de temps à autre un sourire enjôleur au prince des étoiles. Leur manège agace leur créateur, dont la mâchoire crispée finit par être douloureuse. Les souverains des ombres restent l'un à côté de l'autre, plus proches encore que la veille.

Quelque chose semble avoir changé entre eux, même si la rose ne parvient pas à l'identifier. Peut-être s'agit-il de la nuit qu'ils ont passée ensemble... Le cœur lourd, elle observe le rêveur s'installer devant la caméra, et rayonner en lançant ses répliques loufoques.

Lorsqu'il regagne les bras de l'homme en noir, il n'a pas un seul regard pour elle.

Elle n'existe plus.

"Panda, c'est à toi !"

Le mélomane cligne des yeux, le cœur battant.

"M-Maintenant..?

-Bah ouais, maintenant. Y a plus que toi, mec."

Les souverains des ombres gloussent doucement, tandis que le gameur esquisse un sourire narquois. Sueurs froides. Il déglutit, laissant à contrecœur les feuilles sur sa chaise. Il manque de trébucher en prenant place devant la caméra. Ses mains tremblent contre son corps. Il les couvre de ses manches, nerveux.

"Quand tu veux."

Le chanteur inspire péniblement, nerveux. Il prend la parole, mais se met à bégayer au bout de quelques mots. Angoisse qui le paralyse. Son créateur hausse un sourcil, et lui fait signe de recommencer. Il replace sa capuche sur sa tête, tentant d'ignorer le poids qui oppresse sa poitrine.

Il tente de réciter ses répliques, mais les mots se mêlent, ensemble confus qui empire à mesure qu'il parle. Des plaques rouges se forment sur son cou, honteux de perdre ainsi ses moyens devant ses pairs.

"Mec, détends-toi. Ça va le faire, mais faut que tu respires, d'accord..?"