𝐋𝐞 𝐩𝐫𝐢𝐧𝐜𝐞 𝐝𝐞𝐬 é𝐭𝐨𝐢𝐥𝐞𝐬 - 𝐒𝐋𝐆

34 - Cupcake

I Found - Amber Run

L'Ombre s'étire en grognant. Son crâne semble chauffé à blanc, et sa gorge est terriblement sèche. Vague impression qu'un train lui a roulé dessus, durant son sommeil. Gueule de bois.

Elle cligne des yeux, et remarque qu'il fait encore jour. Soulagée, elle constate que ses verres noirs couvrent toujours son regard océan. Son créateur n'a pas eu le mauvais goût de les lui enlever. En repensant à leur arrivée fracassante, l'homme en noir ricane doucement.

Malgré ses doutes sur le déroulé de l'opération, leur petite blague semble bien fonctionner. Du moins, juste assez pour agacer leurs pairs. Mais cela n'est pas encore suffisant. Pour s'assurer de les faire souffrir autant qu'eux, ils doivent mentir encore quelques temps, sans se faire démasquer.

Une chance pour eux : il leur sera plus aisé de faire semblant en étant sobres.

L'homme en noir bâille et s'étire. Il se relève, maudissant son corps de ne pas mieux tenir l'ivresse, et rejoint le couloir. Personne. Un rictus se dessine sur ses lèvres. À pas de loup, il avance vers la chambre du rêveur, et ouvre doucement la porte.

Le prince des étoiles dort encore, un verre d'eau entamé à côté de lui. Probablement le chanteur. Ses yeux pétillent de malice, tandis qu'il avance vers son lit. Le rêveur sursaute en sentant un poids s'installer sur le matelas. Il se retourne vivement vers la silhouette, désorienté.

"Salut gamin..."

Le rêveur cligne des yeux, puis sourit en reconnaissant l'Ombre.

Les silhouettes gloussent doucement, complices. Le prince des étoiles l'aide à se glisser sous la couette jaune et s'installe contre elle. Il enfouit son visage dans le creux de son cou, tandis que l'homme en noir lui caresse les cheveux, son autre main reposant dans son dos.

Leurs respirations se synchronisent, bercés par leurs doux battements de cœur. Les souverains des ombres s'endorment à nouveau, apaisés par la présence de l'autre.

En passant dans le couloir, leur créateur remarque que l'Ombre n'est plus dans sa chambre. Pourtant, il ne l'a pas entendue se lever. En continuant son chemin, il voit que la porte du rêveur est entrouverte. Il fronce les sourcils, et pousse doucement le panneau de bois.

Son souffle se coupe.

Ses yeux s'écarquillent en voyant les fugitifs étroitement enlacés sous la couette jaune. Ni l'un ni l'autre ne semble éveillé. La main de l'Ombre repose dans la nuque du rêveur, dont les lèvres rosées effleurent le cou de l'homme en noir.

Mathieu serre sa mâchoire, et se racle froidement la gorge.

Les silhouettes ne réagissent pas. Le créateur souffle, frustré d'être ignoré. Le rêveur soupire doucement dans son sommeil. L'Ombre le serre un peu plus fort contre elle, assoupie. Somnolence. Agacé, Mathieu s'avance vers le matelas, et enlève brusquement la couette des corps endormis.

Les souverains des ombres clignent des yeux, vaguement surpris en reconnaissant leur créateur.

"Ah, salut gros..."

L'Ombre ricane doucement, sans se détacher du corps de son ami.