6. Lendemain de fête

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Le soleil était haut dans le ciel quand Derek ouvrit les yeux, réveillé par du bruit, en bas dans la cuisine. Vivant seul, il se demandait bien pourquoi Lydia et la moitié de la meute était là, puis les évènements de la veille lui revinrent en tête, la fête !

C'était encore un peu flou dans son esprit embrumé. Pour commencer, il ne se rappelait pas être monté dans sa chambre et encore moins s'être déshabillé pour se mettre au lit. Il vérifia de l'autre côté du lit et vit, soulagé, qu'il était seul. Il n'avait plus aucun souvenir après l'engueulade avec Stiles.

Merde, il se souvint tout à coup qu'il avait failli lui balancer la bouteille de Tequila en pleine tête !

Il s'en voulait, il l'avait rejeté comme il le faisait avec tout le monde autour de lui ces derniers temps. Et il allait continuer, il ne voulait voir personne, il voulait juste être seul aujourd'hui. Il tenta de se lever mais tomba lourdement sur le sol, son corps encore affaibli par l'aconit qu'il avait ingurgité la veille. Il y resta un moment, le sol froid lui faisait du bien à l'estomac, la Tequila à l'aconit tue-loups n'était pas vraiment son amie mais il en avait besoin pour s'alléger l'esprit et se sentir un peu mieux, même si ça ne durait pas longtemps.

Alertée par le bruit, Lydia monta les escaliers en courant et trouva Derek allongé sur le sol. Elle hésita entre se foutre de sa gueule et pleurer de le voir si pitoyable. Elle opta pour une approche en douceur, ça valait mieux pour tout le monde.

Elle s'approcha de lui et posa sa main sur son épaule.

- Derek ça va ?

- Oui... Non... Sortez de chez moi, laissez-moi tranquille, dit-il sans grande conviction.

Lydia soupira et vint s'asseoir à ses côtés.

- Derek, on est juste venu pour t'aider à ranger. Il y a du bordel partout et je ne pense pas que tu réussisses à tout ranger seul avant que tu n'ailles travailler.

- On est samedi et j'ai congé ! Râla Derek.

- Non on est dimanche et tu es de garde cette nuit, tu commences à 18h00, j'ai vérifié ton planning sur le réfrigérateur.

- Eh merde ! Mélissa va me tuer si je la laisse tomber, soupira le loup.

- C'est pour ça que tu vas aller te doucher pour te remettre les idées en place !

Lydia essaya de soulever Derek du sol, mais impossible de faire bouger un éléphant qui ne veut pas se lever !

- Allez bouge Derek ! Je suis ton amie, je veux bien t'aider mais je n'y arriverai pas, je peux pas te porter jusqu'à la salle de bain toute seule !

- Ok... Au fait depuis quand la meute se soucie à nouveau de moi ? Je pensais avoir été clair, je ne veux pas de votre aide !

Lydia soupira et se demanda pourquoi elle faisait tous ces efforts pour lui, puis se décida à lui avouer.

- Stiles était très contrarié quand je lui ai expliqué la situation, il m'a reproché de t'avoir abandonné et hier soir il a tenu le même discours à Scott et...

Derek lui coupa la parole.

- Et vous avez eu des remords ? Bienvenue au club, maintenant sort de ma chambre et foutez tous le camp de chez moi ! Hurla-t-il sans le vouloir et sans en avoir réellement besoin. Ce n'était effectivement pas nécessaire vu que les membres de la meute devaient de toute manière l'entendre grâce à leur ouïe lupine.

- Arrête de nous repousser Derek, on fait ça pour toi ! Râla Lydia qui avait bien du mal à se contenir aujourd'hui.

Derek en avait marre des reproches, mais entendre que Stiles leur avait remonté les bretelles lui mettait du baume au cœur. Stiles lui avait beaucoup manqué et il ne voulait pas admettre que c'était son départ et non celui de Braeden qui l'avait mis dans cet état. Il s'était senti abandonné, encore, mais ne pouvait pas lui en vouloir.

Il n'avait rien fait, rien dit pour le retenir, bien trop fier et trop effrayé par ses sentiments naissants.

En y repensant son cœur se serra, il n'était même pas capable d'être honnête avec lui-même ! Putain, ses sentiments, il les avait depuis la première fois où son regard s'était posé sur Stiles. L'admettre lui mit un coup à l'estomac et fit remonter toute la Tequila qu'il contenait.

Il se leva d'un bond, bousculant Lydia au passage et couru rendre le contenu de ses tripes dans les toilettes. Lydia se leva elle aussi et le laissa seul, mettant la faute sur la Tequila, ignorant la véritable raison de son mal-être.

Une demi-heure plus tard Derek descendit dans la cuisine, l'air renfrogné, fidèle à lui-même.

- Merci pour votre aide mais maintenant laissez-moi seul s'il vous plaît.

Lydia remarqua son air triste et lui promit de venir ranger quand il serait parti au boulot pour ne pas le déranger. Toute la meute s'en alla sans plus de cérémonie, le laissant seul avec son chagrin.

Avant qu'elle ne quitte le loft pour de bon, Lydia sentit qu'elle devait encore lui avouer quelque chose :

- Au fait Stiles est parti très tôt hier matin pour Boston, pour le boulot.

Puis elle ferma la porte sans un regard derrière elle.

Derek senti son cœur battre fort dans sa poitrine. La douleur, cette douce et violente amie était là pour lui rappeler qu'une fois encore, par sa faute, Stiles était parti sans même lui dire aurevoir. Il se laissa glisser le long du mur et resta assis un moment à regarder dans le vide, les yeux humides et le cœur lourd.

Il se détestait d'être aussi peu courageux, d'avoir autant peur d'exprimer ses sentiments. Il avait l'impression que toute sa vie lui glissait entre les doigts, que toutes les personnes qu'il aimait ne voulait pas de son amour et ça lui brisait le cœur. Il ne voyait pas, ne savait pas comment réparer tout ce qu'il avait brisé autour de lui.

La seule personne qui avait su lui montrer comment aimer c'était sa mère et elle n'était plus là. Il se senti terriblement seul et vulnérable. Il ne savait tout simplement pas comment continuer de vivre avec cette douleur lancinante au creux des reins.

Pourquoi continuer ? Pourquoi se battre quand tous vous ont abandonné ? Il n'en avait plus la force.

Il traîna sa carcasse en miette jusqu'à la machine à café, sa deuxième meilleure amie après la Tequila. Tout en sirotant son café, il prit son téléphone pour vérifier qu'il avait encore du temps avant de partir bosser. Il avait des messages sur le groupe de la meute, des photos par dizaines et des conversations sans queue ni tête auxquelles il n'avait pas participé.

Au bout de la cinquantième photo, une attira en particulier son attention. Un selfie de Scott et Stiles. Là sur son écran, l'homme de sa vie était souriant, voir même rayonnant. Il en avait le souffle coupé. Il n'avait pas eu droit à ce magnifique sourire hier soir. Au lieu de ça, il avait vu le regard triste de Stiles et n'avait fait que lui hurler dessus, l'assommant presque au passage.

Puis ce fut une évidence, il prit conscience de ses propres désirs. Il voulait le voir sourire lui aussi, l'entendre rire, juste le voir heureux, il voulait lui offrir le bonheur d'être aimé. Mais pour ça il allait devoir se battre contre ses peurs et ses angoisses parfois infondées.

Il allait devoir lui montrer ses sentiments ou il finirait seul jusqu'à la fin de sa vie, car il ne voulait la partager avec aucun autre.

Grâce au sourire de Stiles il reprit espoir et vit une petite lueur de bonheur, cachée tout au fond de lui, refaire surface. Comme on dit, après la pluie vient le soleil et il était grand temps pour lui de laisser le soleil entrer dans sa vie, c'était une question de survie !

Mais pour l'heure, il fallait aller bosser, car sa garde d'infirmier n'allait pas se faire toute seule. Il se leva de sa chaise et pour la première fois depuis bien longtemps, il sourit.

Un autre monde (AU Sterek)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant