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- M'man, je peux passer la soirée chez Raphaëlle samedi ? On voudrait travailler ensemble un devoir de physique.

- Commence par vider le lave-vaisselle pendant que je range les courses, on en discutera après, répondit sa mère sans décrocher son regard du contenu du réfrigérateur.

Rongeant son frein, Leila s'exécuta avec dynamisme. Quand sa mère se releva, Leila lui lança un regard plein d'espoir.

- Sois rentrée à 23h, comme d'habitude, dit-elle quelques instants plus tard, en plaçant le dernier bocal dans le placard.

- Est-ce que je peux rester dormir ?

Sa mère fit volte-face, les sourcils froncés et les lèvres pincées. Il n'en fallut pas plus à Leila pour comprendre que la réponse serait négative. Ça, ça n'était pas prévu. Elle avait eu une sale journée ou quoi ?

- Encore ?

- Ben... oui, et c'est le premier week-end des vacances, on voulait fêter ça !

Mme Rose-Becker soupira et s'assit, invitant d'un geste de la main sa fille à prendre place en face d'elle autour de la table de la cuisine. Leila sentit les prémices d'une colère l'envahir. Pourquoi ce refus ? C'était juste par principe ou quoi ? Elle avait très bien travaillé depuis les vacances de février, elle avait même eu les félicitations du Conseil de classe malgré tout !

- Je me suis fait beaucoup de soucis pour toi depuis les vacances de février, dit finalement sa mère d'une voix étonnamment douce. Ton... humeur a été une vraie girouette. Je sais que tu as besoin d'intimité et que tu n'as pas forcément envie de partager tes secrets, ou tes sentiments, mais... j'aimerais savoir ce qui ne va pas. Je voudrais comprendre.

Leila se mordit les lèvres. Elle ne s'était pas du tout attendue à ce genre de discussion sérieuse avec sa mère, surtout pas maintenant, alors qu'elle ne pensait qu'au plan concocté par Gabrielle. Mais sa mère avait vraiment l'air inquiète, et en y réfléchissant bien, elle n'avait pas été elle-même ces derniers temps.

- Maman... commença-t-elle d'un ton qu'elle voulut apaisant. C'est juste des histoires de cœur, Ok ? Des histoires d'adolescents.

- Peut-être, mais ça ne les rend pas moins importantes. Ce sont tes histoires à toi. Moins tu m'en parles et plus je me pose de questions, je me demande ce qu'il se passe. Parfois je m'inquiète toute seule, pourtant je suis sûre que la réalité est beaucoup plus simple que ce que je peux imaginer.

Ça j'en doute, ou alors si tu as réussi à imaginer pire que ta fille sortant avec sa prof de maths, c'est que tu es encore plus dérangée que moi.

- Ça me rassurerait vraiment de savoir ce qu'il se passe, même si... même si je ne peux rien faire pour changer ce qui te rend triste.

- C'est vraiment rien, Maman, murmura Leila d'un ton qui n'était absolument pas convaincant.

- Leila, reprit sa mère après quelques instants de silence, tu sors avec Raphaëlle, n'est-ce pas ?

La petite rousse mit quelques instants à assimiler la question, avant que l'indignation ne prenne le dessus sur la surprise.

- Quoi ?!

- Ecoute, je ne suis pas aveugle, et ça expliquerait bien des choses, comme ton récent comportement sans parler du fait que tu ne veuilles rien nous dire, alors qu'on était au courant des moindres détails de tes sorties avec Cédric.

Leila ouvrit la bouche, mais sa mère ne lui laissa pas le temps de parler.

- Tu as dormi chez Raphaëlle il y a plusieurs semaines, deux jours plus tard tu te mets à déprimer et à t'enfermer dans ta chambre. Elle vient le lendemain et ça va mieux. Samedi soir tu es à nouveau allée dormir chez elle et dimanche il a fallu que tu lâches tout pour retourner la voir...

Sa façon d'aimer les mathsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant