Leila avait l'impression que tout vacillait dans son corps, comme si un séisme d'une magnitude surréaliste venait d'avoir lieu, faisant tomber toutes ses émotions de leurs étagères. Le soulagement qu'elle avait ressenti une minute plus tôt se fissurait. Tous ses organes étaient en train de se fracasser en mille morceaux.
- Mettez le haut-parleur.
Elle s'exécuta.
Jesuisdésoléejesuisdésoléejesuisdésoléejesuisdésolée...
Quel était ce grondement qu'elle entendait ? Etait-ce son cerveau qui hurlait au secours ? Etait-ce les battements de son cœur, ou bien ceux de Julie ?
Pendant quelques secondes, elle fut incapable de respirer.
- Tut. tut. tut. tut. tut. tut. Bonjour. Je ne suis malheureusement pas disponible pour le moment. Merci de laisser un message et je vous rappellerai dès que possible.
La chute effrénée des bibelots s'arrêta net dans le corps de Leila. Ce n'était pas la voix de Julie, pas du tout la voix de Julie.
Et l'écran, sur le téléphone posé à côté du sien, était resté noir.
Cinq minutes plus tard, elle quittait les couloirs oppressants de l'administration et descendait les escaliers vers le sous-sol, les clés de son scooter déjà à la main. Elle ne pouvait pas rester un instant de plus, elle ne pouvait pas retourner en classe. Elle allait rentrer à la maison.
***
La porte du bureau refermée derrière elle, Julie relâcha le souffle qu'elle retenait depuis près d'une heure. Décroisant enfin ses bras de sa poitrine, elle réalisa que ses mains tremblaient. Elle se sentait faible, fébrile, comme si elle n'avait pas mangé depuis plusieurs jours. Comme si elle sortait de prison.
Arrivée en salle des professeurs, elle fut accueillie par le brouhaha des conversations. Mais ce bruit familier, tantôt exaspérant tantôt réconfortant, ne sonnait pas comme d'habitude.
- Julie ! s'exclama Mme Guérin en la voyant revenir. Alors, comment ça s'est terminé ?
La mathématicienne se lassa tomber dans un des fauteuils et soupira.
- Apparemment, Cédric fait une réelle fixation sur Leila. Il est toujours avec les chefs en ce moment. Je me demande ce qu'ils vont lui donner comme sanction. Vous saviez qu'il avait suivi et agressée Leila dans la rue ?
Sa colère envers le garçon était la seule chose qui l'avait maintenue en un morceau. Si elle ne l'avait pas vu frapper Leila, elle n'aurais sans doute jamais trouvé la force de maintenir son masque et se serait effondrée.
- Mais, et pour toi ?
Il y avait de l'inquiétude, dans la voix de sa collègue. Julie, si elle ne laissa rien transparaître, en fut tout de même profondément touchée.
- Moi ? Rien de spécial, réussit-elle à répondre, d'une voix qu'elle parvint à rendre à peu près blasée. Leila a réussi à prouver à Leroy que Cédric avait inventé toute une histoire pour qu'elle se fasse virer, mais ça a été dur de le lui faire comprendre. Il a même forcé Leila à appeler sa copine, pour vérifier que ce n'était pas mon téléphone qui sonnait.
- Quoi ?! s'indigna une de ses collègues, l'air particulièrement choquée. Il a vraiment cru ce que disait ce garçon ?
- Apparemment.
- Il ne t'a quand même pas fait sortir ton téléphone ?
- Si, soupira Julie. J'avais tellement hâte que ça se termine que j'ai accepté. Je ne voulais pas créer plus d'ennuis à Leila.
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Sa façon d'aimer les maths
General Fiction[COMPLÈTE] Romance lesbienne. Craquer sur une prof, ça nous est tous déjà arrivé. C'est en tout cas ce qu'affirment les amis de Leila. Quand on est matheuse et que la nouvelle prof de maths des Terminale est passionnante, jeune et si jolie, l'équat...