La deuxième semaine de juillet fila. Dans la chambre de Leila, les étagères se vidaient et dans le garage les cartons s'empilaient. La lycéenne fit à son tour ses adieux, à sa famille d'abord, puis à ses amis. Ses oncles et tantes lui offrirent une paire de raquette avec les bâtons assortis, et ses grands-parents assez de gants pour tous les temps et toutes les activités possibles. Ses cousines plus âgées lui souhaitèrent bonne chance, mais surtout de profiter autant qu'elle pouvait. Leila en avait bien la ferme intention.
La version donnée à son entourage fut celle que sa mère avait inventée face à Roussel l'autre soir : le baby-sitting, le rapprochement, l'opportunité impromptue d'une année d'études à l'étranger. La seule chose qui fut gardée secrète était leur emménagement ensemble : ses parents auraient eu bien du mal à expliquer à leur famille que Leila allait habiter avec sa prof de maths. La révélation de leur relation viendrait plus tard, elles auraient tout le temps d'y penser.
Quatre jours avant le départ, lors d'une journée particulièrement chaude et ensoleillée, eut lieu sa fête d'adieu. Elle n'aurait su dire quel avait été le meilleur moment - lorsqu'ils étaient arrivés tous ensemble et lui avaient sauté à tour de rôle dans les bras, lorsque Romain lui offrit un album photo renfermant tout ce que les filles avaient pu prendre comme photos avec leurs smartphones au cours de ces deux années, lorsque Chloé s'était mise à filmer tout le monde pour lui laisser un ultime souvenir, lorsqu'ils s'étaient tous retrouvés dans le jardin en maillot de bain à s'amuser dans la piscine gonflable montée pour l'occasion, ou quand ils s'étaient endormis tous ensemble dans l'herbe sur des matelas gonflables et sous des couvertures, tandis que les étoiles brillaient et que la lune, claire comme les cheveux de son amoureuse, éclairait leurs visages presque encore adolescents.
Mais lorsqu'ils étaient tous partis le lendemain, qu'elle s'était retrouvée avec ses cadeaux dans sa chambre vide, les traces pâles des anciens posters sur ses murs nus et les traces sur ses étagères des emplacements de ses ses figurines, elle avait réalisé ce que tout cela signifiait. Elle partait, quittait la maison, quittait ses amis, laissait son adolescence derrière elle pour toujours.
***
- La vache, t'as besoin de tout ça ?
- C'est la Scandinavie, Romain, répliqua Leila en lui fourrant un autre carton de vêtements dans les mains. Je ne vais pas mettre que des jeans, en hiver.
- Moi, ce qui me surprends, c'est que tu n'aies pas empaqueté ta PlayStation, se moqua Raphaëlle.
Les joues de Leila se couvrirent de rose. Elle me connaît vraiment trop bien. Mince, elle n'était pas encore partie, et Raphaëlle lui manquait déjà !
- C'est parce que Julie a déjà pris la sienne, se justifia-t-elle. Attention à ça par contre, c'est super fragile ! s'exclama-t-elle en voyant son amie se pencher pour attraper un carton dont le contenu oscilla dangereusement.
Elle attrapa le sac de sport qui contenait tous ses trésors - son Vivi en peluche, les breloques qui jusqu'à peu ornaient le bord de ses étagères, ses photos, son ordinateur et ses jeux vidéo Final Fantasy soigneusement emballés dans du papier bulle. Elle hissa le sac sur son épaule et prit dans ses bras le carton qui restait. Avant de sortir, elle jeta un dernier coup d'oeil à sa chambre. Elle était vidée, asséchée comme un fruit dont on aurait pressé la dernière goutte de jus. L'armoire était fermée sur les vêtements qu'elle n'emportait pas, ses livres restants étaient soigneusement rangés sur les étagères, il n'y avait sur son bureau plus aucune trace de l'année écoulée. Sur la porte, sa grande check-list était désormais entièrement rayée.
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Sa façon d'aimer les maths
General Fiction[COMPLÈTE] Romance lesbienne. Craquer sur une prof, ça nous est tous déjà arrivé. C'est en tout cas ce qu'affirment les amis de Leila. Quand on est matheuse et que la nouvelle prof de maths des Terminale est passionnante, jeune et si jolie, l'équat...