Sa façon d'aimer les maths

49

[J'ai l'impression étrange que la majorité des gens qui lisent, ou du moins qui commentent, sont maintenant des personnes qui découvrent l'histoire et n'ont jamais lu la V1. Dans ce cas, comment l'avez-vous trouvée ? Par les mots-clés ? Parce qu'on vous l'a conseillée ? Ça m'intéresse de savoir :) ]



Le téléphone de Leila sonna tandis qu'elle montait les escaliers vers sa chambre, les bras chargés de ses nouvelles acquisitions. Elle avait hâte que Julie la voie dans cette robe, qu'elle n'avait certainement pas acheté que pour le bal. Elle accéléra le pas et lâcha ses sacs sur son lit avant d'extirper son téléphone de sa poche.

- Julie ! s'exclama l'adolescente, heureuse d'entendre enfin sa voix alors qu'elle avait pensé à elle tout l'après-midi.

- J'ai eu des nouvelles de M. Smørsson, dit Julie sans préambule.

Le cœur de Leila s'accéléra subitement.

- A-alors ?

- Alors ton « bon » pour un week-end dans une capitale Européenne vient de se transformer en une année entière, j'espère que ça te va.

Leila fronça les sourcils puis les éleva si haut sous l'effet de la surprise qu'ils disparurent presque sous ses cheveux.

- Attends, ça veut dire que je suis prise ? Mais... comment ?

- Apparemment, M. Smørsson connaît bien le directeur du département de maths et sciences. Il a été vraiment, vraiment très impressionné par tes résultats en mathématiques de ces trois dernières années.

La réalisation engloutit Leila. Je suis prise à Oslo ! Je vais faire mes études en Norvège !

- Il a mis une condition cependant, poursuivit Julie.

Leila se tendit. Mais Julie n'avait pas l'air inquiète, alors ça ne pouvait pas être grave, si ?

- Quoi comme condition ?

- Tu dois suivre un stage intensif d'anglais au mois d'août.

- Oh !

Le soulagement la fit presque éclater de rire. C'était tout ? Mais elle assisterait à tous les cours d'anglais du monde si cela pouvait lui permettre de partir avec sa prof ! En plus c'était exactement ce qu'il lui fallait si elle voulait plus tard faire de la recherche scientifique.

Elle était surexcitée, cramponnée à son téléphone. Elle alluma son ordinateur et ouvrit la page de l'université d'Oslo, qui se trouvait depuis plusieurs jours dans sa barre de favoris, commenta les différentes sections qu'elle parcourait, faisant part de ses pensées à Julie qui répondait avec enthousiasme. Leila pouvait presque visualiser le sourire charmant qui devait étirer ses lèvres.

- Leila... demanda sa prof au bout de quelques instants.

Sa voix était redevenue tendue, anxieuse.

- M. Smørsson m'a dit que... comme j'ai été prévenue tardivement, il a réussi à débloquer un appartement de fonction pour moi et... je sais que c'est un peu tôt, mais... Leila, est-ce que tu veux... habiter avec moi ?

L'adolescente resta sans voix. Elle s'était refusée de se projeter, de faire des plans, tant que tout était encore incertain. Elle n'avait que vaguement pensé à son lieu de résidence, imaginant une de ces toutes petites chambres étudiantes sur un immense campus, comme dans les séries américaines.

À toutes ses excitations relatives à ses études à venir s'ajoutait une nouvelle réjouissance : elle allait vivre avec Julie.

- Bon, dit-elle finalement, le plus dur est à venir.