Sa façon d'aimer les maths

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Oh mon dieu, je vais voir ses parents...

Un conflit avait éclaté dans sa tête entre la partie qui voulait crier de joie - car ça signifiait quelque chose d'énorme, concernant leur relation et les sentiments de Julie - et celle qui voulait s'enfuir en hurlant. Elle n'arrivait pas à se comporter comme une adulte devant les parents de Raphaëlle ou de Romain, comment allait-elle réussir à faire bonne impression devant ceux de Julie ?

Et s'ils me trouvent gamine ou ridicule ? Et s'ils ne m'aiment pas ? Oh mince, je ne suis du tout pas prête pour ça.

L'idée trotta dans sa tête pendant tout le trajet jusqu'à sa maison, puis toute l'après-midi et toute la soirée. Elle en rêva même pendant la nuit.

Ce qui amena, au réveil, la question de son propre coming-out à ses parents.

Elle y avait pensé plus d'une fois ces dernières semaines. Il arriverait bien un moment où elle allait devoir leur dire, d'une qu'elle sortait avec une fille, et de deux, que cette fille était - avait été - l'une de ses profs du lycée.

Et si Julie pouvait, elle, s'abstenir de dire à ses parents que sa petite amie était une de ses anciennes élèves, Leila n'aurait pas le choix, pour la simple raison qu'ils avaient déjà vu Julie en tant que Mme Pellarin pendant la rencontre parents-profs, sans parler de sa présence sur la photo de classe encadrée dans la chambre de Leila. Il allait lui être impossible d'éluder ce détail.

Et alors, quelle serait leur réaction ?

Elle resta près d'une heure assise sur son lit, à tortiller ses doigts dans tous les sens. Si elle avait les mêmes habitudes qu'Amira, elle n'aurait plus un seul ongle entier en cet instant.

Comment pouvait-elle empêcher ses parents de complètement paniquer ? Parce qu'ils allaient paniquer, c'était sûr! Elle imaginait déjà sa mère hurler sur Julie et son père s'inquiéter pour sa protection. Si seulement elle avait eu une grande sœur ou un grand frère, qui aurait pu être de son côté et les préparer psychologiquement ! Mais non, elle allait forcément se retrouver seule contre eux deux, ils allaient forcément flipper et faire leurs parents autoritaires et surprotecteurs, ça allait forcément finir en catastrophe.

Elle en était sûre, ils allaient la détester.

Son téléphone portable vibra et Leila se rua dessus. Avec un peu de chance, Julie allait lui dire que c'était annulé, qu'ils étaient déjà repartis, qu'ils étaient malades, que...

« Bonjour ma belle. Ça tient toujours ? Je leur ai parlé de toi, ils ont hâte de te rencontrer. Je t'attends à midi ! »

M...midi ? Oh. PANIC MODE : ENGAGED ! hurla une voix dans sa tête.

Il était dix heures passées, elle était en pyjama avec sa tête de chat après la pluie dans le désert, et elle allait les voir à midi.

Elle retourna la moitié de son armoire pour chercher comment s'habiller et rejeta chacun de ses vêtements préférés sur son lit. Ils lui donnaient soit l'air d'une ado complètement geek, soit l'air d'avoir 15 ans. Après avoir examiné la totalité de ses robes et de ses jupes, elle décida d'opter pour un pantalon. Ensuite, elle retourna l'autre moitié de son armoire à la recherche d'un haut qui ferait sérieux, mature, adulte. Est-ce que j'ai ça au moins ?

Il fallait qu'elle demande l'aide d'une spécialiste. Ça tombait bien, elle en avait justement une sous la main.

« Chloé, pour rencontrer les parents d'Elyas, tu t'es habillée comment ? »