Sa façon d'aimer les maths

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Le trimestre s'approchait de sa fin en cette mi-novembre. Leila avait finalement réussi à trouver un bon rythme de travail. Elles formaient avec Amira et Raphaëlle une équipe qui arrivait à être efficace, en tout cas dans les matières où elles s'en sortaient bien (ce qui excluait l'allemand et la philo). Elle était bien contente au final de ne plus sortir avec Cédric, car entre le lycée, son job chez Mme Colas et ses devoirs, elle ne savait pas quels moments elle aurait pu lui consacrer.

- Ma chérie, demanda Nathalie, tu peux me montrer comment on regarde tes notes là-dessus ?

- C'est le même site que l'année dernière, Maman, répondit l'adolescente en levant les yeux au ciel en une parfaite imitation de sa mère.

- Parce que tu n'oublies rien d'une année sur l'autre toi peut-être ? répliqua Nathalie.

Leila s'arrêta de vider le lave-vaisselle pour prendre la tablette que lui tendait sa mère. Elle était ouverte sur l'application utilisée par son lycée. Leila pianota sur l'écran et ouvrit l'onglet représentant son relevé de notes du premier trimestre.

- Tiens, dit-elle en lui rendant l'appareil.

Mme Rose-Becker fit défiler le relevé et regarda les différentes moyennes.

- 12,5 en anglais et 11,4 en allemand, commenta-t-elle. Tu pourrais faire mieux que ça quand même !

Leila haussa les épaules et continua à ranger les tasses dans le placard.

- Mouais. J'arrive pas à retenir la grammaire, je me plante tout le temps. Le vocabulaire, ça va, mais j'arrive jamais à conjuguer comme il faut. La prof d'anglais enlève un point par faute, alors je ne suis pas prête d'avoir des bonnes notes, même quand j'ai compris. Et l'allemand c'est trop compliqué, je ne comprend jamais l'oral. J'aurais dû faire espagnol, comme Romain, ajouta-t-elle en grimaçant.

- Ça viendra avec la pratique, intervint son père qui s'approcha et se pencha derrière l'épaule de sa femme pour regarder l'écran. J'étais nul en langues au lycée, j'ai tout appris ensuite en voyageant et en travaillant avec des étrangers. Hé, 13 en EPS ! s'exclama-t-il. C'est pas mal pour une geek dans ton genre !

- Faut bien que Raphaëlle serve à quelque chose, marmonna Leila.

Son père éclata de rire.

- Ah ça, je me doute que tu préférerais avoir deux heures de maths à la place du ping-pong !

Les blagues de son père ne suffirent pas à ôter l'air bougon de son visage tandis que ses parents observaient chacune des notes qu'elle avait eues au cours du trimestre. Avec son lot de commentaires et de questions. Et pourquoi elle ne s'intéressait pas à la philo ? Et qu'est-ce qui était si compliqué avec la géographie ? Et bien sûr, seulement trois secondes passées sur le 18,74 en maths et la moyenne presque équivalente en spécialité. Aucune réflexion sur le fait que son résultat était à chaque fois le même que dans la case intitulée « moyenne max ». Elle lâcha sans ménagement les petites cuillères dans le tiroir et le referma violemment.

- Il y a une chose que je ne comprends pas, dit Nathalie. Pourquoi ta moyenne générale est de 15,3 alors que tu as trois moyennes entre 9 et 13 ?

Leila réexpliqua le système des coefficients, ce qui n'eut que pour effet de faire dire à sa mère qu'il ne fallait pas « négliger » les matières littéraires. Est-ce qu'on dit aux L de ne pas négliger les maths, d'abord ?

- Du coup... demanda-t-elle d'une voix hésitante, vous avez l'intention d'y aller, à la réunion parents-profs de jeudi ?

- Oui, répondit sa mère. J'aimerais discuter un peu avec Mme Guérin au sujet de l'orientation.