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[Vos commentaires m'ont fait marrer, continuez comme ça :D ]

Il y eut un silence presque effrayant dans la pièce, mais dans la tête de chacune des trois femmes, un vacarme sans nom retentissait.

L'esprit de Julie avait éclaté en un millier d'exclamations affolées. Leila mordait sa lèvre inférieure avec force, comme pour s'empêcher d'ajouter quelque chose qui ne ferait qu'empirer la situation. Les yeux de Nathalie Rose-Becker étaient écarquillés, sa bouche entrouverte, son regard ne cessait d'aller de Leila à Julie. La ressemblance avec sa fille était impressionnante en cet instant.

- V-vous êtes ensemble ? demanda-t-elle enfin.

Leila hocha la tête et les pires craintes de sa mère semblèrent confirmées.

- Mais ça fait combien de temps que tu me caches tout ça ? Non, inutile de me répondre, je peux me faire une bonne idée. Et vous ! s'exclama-t-elle en pivotant vers Julie. Je comprends mieux pourquoi vous étiez prête à venir chez moi un vendredi soir !

Julie recula instinctivement d'un pas. Leila reconnut immédiatement les prémices d'une colère dont sa mère avait le secret et sentit son sang se mettre à bouillir dans ses veines. Il était hors de question qu'elle reste sans réagir. Cette fois elle ne se laisserait pas faire, elle ne laisserait pas sa mère agresser Julie comme celle de Julie l'avait fait.

Elle s'avança et s'interposa entre sa mère et sa petite amie.

- Maman, dit-elle fermement, laisse-moi t'expliquer...

- M'expliquer quoi ? répliqua sa mère. Que c'est encore pire que ce que je croyais ? J'ai passé des semaines à te voir dans des états pas possibles, Leila ! Des semaines à me demander ce qui n'allait pas chez toi ! Et maintenant j'apprends que tu... tu...

- Oui maman, coupa Leila d'un ton catégorique. Je sors avec Julie. Et avant que tu paniques, oui je suis consentante et non elle ne m'a pas forcée. C'est même moi qui suis à l'origine de tout ça.

Julie, qui n'avait rien dit, pas bougé jusqu'à présent, regarda Leila avec stupéfaction et admiration. Elle ne s'était pas attendue à ce genre de réaction de la part de la lycéenne. Au lycée, c'était toujours Raphaëlle qui rentrait dans le lard des autres, Leila restait systématiquement en retrait. Alors face à sa mère, sa mère en colère ? Elle a définitivement beaucoup plus de courage que moi...

Les trois femmes sursautèrent en entendant le bruit de la porte d'entrée.

- BONJOUR TOUT LE MONDE ! lança une voix joyeuse au rez-de-chaussée.

- On est en haut, cria Nathalie à son mari, en passant la tête à travers la porte laissée ouverte.

Julie se tendit encore un peu. Le père de Leila. Il ne manquait plus que ça.

Etienne Rose-Becker monta les escaliers. Sa journée avait dû être agréable, car il avait l'air d'être de bonne humeur et était plein d'entrain. Il arriva devant la chambre de Leila et s'interrompit en voyant Julie. Il resta un instant surpris de trouver une tierce personne à cet endroit, puis il s'avança et posa une main sur l'épaule de sa femme, qu'il salua d'un baiser sur la joue.

- Bonjour, dit-il à Julie avec un sourire qui ressemblait à celui de Leila. Qui êtes... commença-t-il, mais sa femme le coupa immédiatement.

- Voici la copine de Leila.

Ça, ça a au moins le mérite d'être clair, pensa Julie. Elle n'arrivait même plus à avoir peur. Elle n'arrivait plus à ressentir quoi que ce soit. Elle avait l'impression que tout son être était piégé en apesanteur.

Sa façon d'aimer les mathsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant