Sa façon d'aimer les maths

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Julie ralentit sa course en arrivant devant sa voiture. Le plafonnier était allumé. Leila, assise sur le siège passager, avait la tête penchée sur le côté, les yeux fermés et l'air parfaitement endormie. Son cœur se mit à battre à toute vitesse quand elle la vit - mais avait-il battu à vitesse normale ne serait-ce qu'une seule fois cette année ?

Son portable vibra. Elle avait deux appels en absence de Florian, plus un sms qui venait juste d'arriver.

« Pas trouvée. Et toi ? ». Elle lui écrivit un rapide message, et sa réponse fut immédiate. « Génial ! Rassuré ! Rentre avec elle et ne m'attend pas. Je vais rester en profiter un peu ;-) »

Elle leva les yeux au ciel, amusée. C'était bien du genre de Florian, ça.

Elle n'eut pas le temps de s'approcher de la portière que sa main vibrait à nouveau. « PS : Ne pense MÊME PAS à la ramener chez ses parents ! »

Elle hésita. C'était exactement ce qu'elle avait prévu de faire. Elle secoua la tête. Florian avait raison, elle ne pouvait pas débarquer dans un bar, provoquer une fille qu'elle ne connaissait pas, clamer que Leila et elle étaient ensemble puis refuser de l'approcher.

Entre son cerveau qui affirmait que c'était une erreur d'avoir initié cette relation et son cœur qui pensait que l'erreur, c'était de l'avoir quittée, elle se sentait drôlement paumée.

Leila ne broncha pas quand Julie ouvrit la portière. Elle ne broncha pas non plus quand elle s'assit et mit le contact. Julie conduisit pendant un quart d'heure, espérant ne croiser sur son chemin aucune personne qui s'étonnerait de voir une fille mineure endormie sur son siège passager.

Finalement, ce fut le silence, quand Julie coupa le moteur une fois arrivée devant chez elle, qui tira l'adolescente de son sommeil. Elle murmura doucement, les yeux toujours fermés.

- Réveille-toi ma douce, chuchota Julie d'une voix douce.

Les yeux de Leila s'ouvrirent en grand d'un seul coup au son de sa voix. Elle se redressa immédiatement sur son siège, comme si elle elle était surprise de se trouver là.

- Mais... on est où ?

- Devant chez moi, répondit l'enseignante. Est-ce que...

Son cœur s'arrêta, loupa un battement, repartit tout doucement. Elle devait lui poser la question.

- Est-ce tu veux que je te ramène chez toi ?

- Quoi ?

Julie serra ses paupières un instant et se racla la gorge. Sa question était beaucoup trop fermée, si Leila disait oui en pensant que c'était soit ça, soit rentrer à pieds, Florian la tuerait... Sans parler des reproches qu'elle passerait la nuit à se faire.

- Est-ce que... tu veux rentrer chez toi, ou veux-tu... rester avec moi ?

Elle chuchota presque ces trois derniers mots, le visage baissé vers ses mains crispées sur le volant, avant de risquer un regard vers Leila qui n'avait pas répondu. La petite rousse avait les yeux écarquillés. Disparues, la peur et l'inquiétude qui s'y trouvaient tout à l'heure, il n'y avait plus que de la joie dans son regard. C'était la même étincelle qui avait brillé dans ses yeux verts le jour où Julie lui avait demandé son numéro de téléphone, dans la salle au sous-sol du lycée, après l'avoir embrassée pour la toute première fois.

- Oui, répondit Leila en un murmure.

BANG - une deuxième marche loupée par son cœur. Elle allait avoir Leila pour elle, rien que pour elle, une deuxième nuit.