44

7.9K 459 266
                                    

[Qu'est-ce que le chapitre précédent vous a fait pour que vous laissiez autant de commentaires ?? Je veux ça à chaque fois moi ! Bon, accrochez-vous, celui-là est pire] 

***

Quelques minutes plus tôt...

- Leila ? murmura Julie en s'approchant de la porte de sa propre chambre.

L'adolescente ne répondit pas. Elle était assise sur le lit de Julie, à l'endroit précis où elles avaient fait l'amour quelques semaines auparavant. Le lieu du crime.

- Leila, tu vas bien ? demanda Julie en s'avançant doucement. Je... je suis désolée, c'était une mauvaise idée, j'aurais dû attendre avant de te les présenter, je ne pensais pas que le sujet serait...

- Elle a raison, tu sais.

- Quoi ?

Leila essuya ses larmes du revers de sa manche, étalant sans s'en rendre compte son maquillage sur le tissu blanc. Julie s'avança et s'agenouilla devant elle.

- Ta mère. Elle a raison, répéta Leila en baissant la tête pour ne pas croiser son regard. Si je t'aimais vraiment, jamais je n'aurais insisté pour qu'on se voie malgré tous les risques. C'était... égoïste. Je suis désolée Julie.

Julie secoua la tête ; elle ne pouvait pas laisser sa petite amie prendre sur ses épaules l'entière responsabilité de leurs erreurs.

- Ne sois pas désolée. J'ai pris mes décisions comme une grande. Moi aussi j'ai été égoïste, j'ai voulu me donner une chance d'être heureuse...

- Je ne t'ai pas vraiment laissé le choix, l'interrompit Leila, toujours du même ton coupable.

- Arrête, tu ne m'as jamais forcée à faire quoi que ce soit.

- Non... mais presque. Je t'ai toujours poussée à prendre les décisions que je voulais.

De quoi parlait-elle ? Ça n'avait aucun sens. Julie savait bien que toutes les décisions (les mauvaises décisions, souffla une voix dans son esprit), elles les avait prises toute seule, pesant pendant des heures le pour et le contre jusqu'à ce que son cœur craque. C'était elle qui avait écrit le mot sur la copie, elle qui avait collé le post-it dans les escaliers, elle qui avait rédigé la lettre de rupture et l'avait glissée dans son sac à la fin du cours, elle qui avait pris sa voiture pour la retrouver dans un bar. Personne ne l'avait forcée ni même poussée, elle en était bien certaine.

- Bien sûr que non, dit Julie en essayant de rendre sa voix rassurante.

Leila poussa un soupir. Elle tortillait ses doigts si fort qu'elle allait bientôt finir par s'en fracturer un. Julie avait envie de les immobiliser entre ses mains et de les embrasser un par un, comme pour la rassurer. Comme pour se rassurer.

- Gabi n'a jamais essayé de m'embrasser.

L'enseignante sursauta, prise au dépourvu par cette révélation soudaine et surtout inattendue.

- Quoi ? Attends, de quoi tu parles ?

- Je pensais qu'on ne risquait plus rien toi et moi, puisque... puisque tout le monde était persuadée que je sortais avec elle, expliqua Leila d'une voix hachée. Je ne comprenais pas pourquoi tu ne voulais pas recommencer à... être avec moi. Après qu'on se soit disputées, je ne savais plus quoi faire, j'avais tellement peur, alors... on a fait en sorte que tu apprennes où j'étais, pour que tu sois jalouse, et...

- ... et que je décide de venir, acheva Julie à sa place.

L'adolescente hocha la tête, les yeux baissés.

Sa façon d'aimer les mathsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant