Sa façon d'aimer les maths

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[TW : Homophobie, lesbophobie (insultes)]

En arrivant au lycée le lendemain matin, Leila se sentit comme Harry Potter descendant dans la salle commune après avoir fait perdre à Gryffondor plusieurs centaines de points dans la nuit.

Où qu'elle soit - sous le préau, dans le hall ou près des casiers - elle avait l'impression de voir des têtes se tourner sur son passage et les murmures des conversations lui semblaient plus intimidants que d'ordinaire. Elle regarda tout autour d'elle à la recherche d'un visage amical parmi les élèves de Terminale qui attendaient leur premier cours. Elle était certaine qu'ils parlaient d'elle - ou bien virait-elle déjà parano ? Soudain, on la tira par l'épaule. Elle se retourna brusquement, prête à réagir.

Ses muscles se détendirent en voyant Raphaëlle. Sans un mot, l'archère l'attrapa par le bras et lui fit signe de la suivre. Une fois arrivée dans un lieu désert – en l'occurrence un recoin sur une des passerelles du premier étage – Raphaëlle jeta son sac au sol et s'assit contre le mur.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-elle de but en blanc.

- Quoi ? demanda Leila d'un ton interrogateur, redoutant par avance ce qu'elle allait découvrir.

- La rumeur court depuis ce matin que tu es devenue lesbienne. J'ai vu des messages sur Facebook qui parlaient de toi sur le mur de Sabrina. J'ai pas pu commenter, je ne l'ai pas en amie cette conne, mais j'ai tout lu.

Évidemment, tout allait partir d'Internet. C'était un moyen tellement efficace pour diffuser une rumeur et harceler quelqu'un. Elle s'étonna de ne pas avoir vu le message puisque Sabrina était dans sa liste de contacts. Mais évidemment, soupira-t-elle, les paramètres avaient dû être réglés de sorte que tout le monde sauf elle puisse le voir.

- Purée, souffla-t-elle avec exaspération en s'asseyant à côté de son amie. Il n'aura pas attendu longtemps...

- Qui ça ?

- Cédric, évidemment !

- Quel sac à merde ! pesta Raphaëlle. Et il a balancé ça comme ça, sans savoir qu'il allait faire mouche ?

- Pas vraiment, non. Il... il m'a vue en train de l'embrasser, expliqua-t-elle, les joues roses d'embarras. Dans un café. Il nous a vues par la fenêtre.

- Rhah, merde. Hé, il ne t'a pas emmerdée, j'espère !

Leila hésita avant de répondre. Elle savait que la réponse risquait faire fumer les oreilles de son amie.

- Bin... il a essayé de me piquer mon portable pour lire mes messages. Mais la meuf du café m'a défendue.

Comme attendu, les poings de Raphie se serrèrent. Si elle lui avait tout raconté en détails, si elle lui avait dit comment le garçon l'avait plaquée contre un mur et lui avait tordu le bras, elle serait sûrement déjà partie en courant pour aller le fracasser.

- Je te jure qu'il va finir par s'en prendre une ! s'écria-t-elle. Comment il a su que tu avais un rencard ? Il te suit ou quoi ?

Julie avait déjà fait cette réflexion, et l'idée que son ex puisse la suivre ne la mettait pas du tout à l'aise. Elle y avait réfléchi, elle était à peu près persuadée que Cédric s'était bien trouvé là par hasard, mais qu'il devait avoir reconnu son scooter et décidé au mieux de l'attendre, au pire de l'espionner.

- Tu vas faire quoi ? demanda Raphaëlle.  Prétendre qu'il raconte n'importe quoi ?

- Non, répondit fermement Leila en secouant la tête.